Le Journal Officiel publiait au début du mois l’ordonnance remplaçant l’ENA par l’INSP (Institut national de service public). Emmanuel Macron a choisi de suivre les recommandations du rapport de Frédéric Thiriez, écrit début 2020. Ce rapport ne remet pas en cause l’existence de l’ENA, mais plutôt son mode de fonctionnement. L’IREF souhaite la disparition de l’ENA.
Le 1er janvier 2022, l’Institut national de service public deviendra la nouvelle ENA et formera tous les cadres de l’Etat. Le gouvernement marque ainsi sa volonté de couler tous ses fonctionnaires dans le même moule plutôt que de que de diversifier leur recrutement.
Réformer l’ENA tout en conservant le statut de la fonction publique ?
L’ordonnance de création de l’INSP reprend les conclusions du rapport de Frédéric Thiriez, lequel tenait compte des reproches que le candidat Macron faisait à l’ENA. L’école accueillerait trop peu d’étudiants issus de la diversité et la fonction publique était trop cloisonnée. Il y a, en France, surtout des esprits de corps, hospitalier, policier, etc. Frédéric Thiriez regrettait que, depuis la création de l’ENA, les grandes écoles de service public se multiplient et que leur nombre nuise « à l’émergence d’une culture commune chez les grands serviteurs de l’Etat », d’où « un corporatisme funeste et une ignorance, voire un mépris les uns pour les autres ». La solution était-elle… d’en créer une nouvelle ? Cette fusion des écoles pourrait se faire au détriment des spécificités des métiers. Plutôt que de créer l’INSP, Emmanuel Macron aurait pu supprimer l’ENA, sans que rien n’y soit substitué. Mais il aurait pu favoriser l‘accès de la fonction publique à des personnes venant du secteur privé. Ainsi, la fonction publique aurait bénéficié de compétences plus larges, plus ouvertes sur la société civile et les besoins de l’économie. De la même façon qu’un journal s’enrichit en ne recrutant pas exclusivement à la sortie d’écoles spécifiques, un Etat ne peut que s’enrichir de fonctionnaires issus de plusieurs écoles et secteurs.
Emmanuel Macron, par cette réforme, souhaite attirer des profils venant des universités. Si l’idée est bonne, le moyen utilisé ne l’est pas. Mieux vaudrait ouvrir les concours de la fonction publique à tous, et supprimer le statut de la fonction publique. Ces métiers deviendraient des contrats semblables à ceux du secteur privé, ouverts à tous et plus flexibles.
Diversifiée ou pas, l’ENA n’a plus sa place
Au lieu de promouvoir la diversité de profils et de parcours en recrutant les fonctionnaires dans le privé, Emmanuel Macron préfère instituer des concours spéciaux pour les personnes issues de milieux plus défavorisés, à l’instar de ce que préconisait Frédéric Thiriez. La nouvelle ordonnance explique ainsi que « 74 classes préparatoires doivent permettre chaque année à 1 700 élèves boursiers parmi les plus méritants de l’enseignement supérieur de préparer les concours donnant accès aux postes d’encadrement de la fonction publique ». Jusqu’à 15 % des places de l’INSP seront réservées à ces élèves. Il s’agit là d’une discrimination positive, avec un concours adapté, donc plus facile, pour certains. En clair, il s’agit de discriminer des élèves qui ont les notes et les qualités requises pour accéder à certains emplois publics au profit d’élèves ayant moins da qualités et de moins bonnes notes dans le but d’éviter que l’ENA, ou bientôt l’INSP, ne soit fréquentée que par des hommes blancs issus des classes aisées, comme Frédéric Thiriez le déplorait. C’est la plus injuste des solutions, et notamment pour ceux qui ne seront admis que sur leur couleur de peau. C’est aussi la reconnaissance officielle de la faillite de l’Education nationale. La solution est plutôt de retrouver la rigueur et l’exigence dans l’éduction depuis l’école primaire jusqu’au lycée. Evidemment, c’est plus difficile que d’abaisser le niveau des accès aux concours pour de nouveaux privilégiés.
La réforme de l’ENA contient cependant quelques embryons de bonnes mesures. Les diplômés de l’INSP, par exemple, devront passer par un « nouveau corps d’administrateurs d’Etat » et devront effectuer deux mobilités en début ou en milieu de carrière. Ainsi, les diplômés de l’INSP devront travailler dans l’administration décentralisée pendant plusieurs années avant d’être affectés à un corps unique des administrateurs de l’Etat plutôt que de rejoindre à la sortie de l’école un grand corps comme le Conseil d’Etat, la Cour des comptes ou l’Inspection générale des finances. Par ailleurs ils devront faire au moins deux « mobilités » dans le privé. Pourquoi pas. Mais il serait plus profitable à ces cadres de l’Etat de pouvoir naviguer durant leur carrière de la fonction publique au secteur privé et vice versa pour enrichir chaque fonction de l’expérience acquise ailleurs. On en est loin.
Macron s’est trompé de combat : il a voulu une « nouvelle ENA » plus diversifiée, et un nouvel esprit de corps dans la fonction publique. Or, l’Etat n’a pas besoin d’une nouvelle ENA, il n’a plus besoin d’ENA ! Dommage que le gouvernement ait suivi le rapport de Thiriez plutôt que les propositions de l’IREF.
4 commentaires
L’ENA doit disparaître ainsi que le CESE
faire d’une pierre 2 coups !
L’ENA ne doit pas renaître, elle doit disparaître
Oui je pense depuis de nombreuses années que l’ENA doit disparaître.
Cette consanguinité est néfaste pour le pays, ils ont tous la même formation donc les mêmes solutions. D’autre part ils n’ont aucune idées concernant la gestion des différentes choses qu’ils devraient gérer.
Imaginez une entreprise avec tous les dirigeants sortant de la même école, il n’y aurait aucune créativité, aucune gestion saine et donc la faillite.
Grâce à l’ENA notre pays n’est pas très loin de la faillite.
L’ENA ne doit pas renaître, elle doit disparaître
encore un joujou pour se donner l’illusion du pouvoir (pas lu en diagonale)
changer de nom mais il est évident qu’il faut connaître ce marécage de lois nos voisins Italiens font la toilette de temps à autre
le fondateur de cette école restera toujours mon préfet de la liberté !!!!
Vous qui avez du pouvoir vous devriez avoir honte de ne pas rester dans sa pensée à savoir que le monde bouge et qu’il faut remettre sans cesse son ouvrage sur le métier
L’ENA ne doit pas renaître, elle doit disparaître
Personne ne devrait pouvoir être aujourd’hui haut fonctionnaire sans avoir au préalable exercé au moins 5 ans dans une entreprise 100 % privée. Dans les hauts fonctionnaires il devrait également y avoir un certain nombre d’anciens entrepreneurs ayant tenu leur boîte pendant minimum 10 ans et la quitter en état de fonctionnement avec des bilans sains. Devront être exclus de la fonction publique les entrepreneurs ayant déposés le bilan pour quelque raison que ce soit. Ainsi, on pourrait échapper au formatage uniforme et n’accepter qu’une quantité très limitée d’élèves à l’ENA tout en relevant très fortement le niveau de formation. Autre décision à prendre : interdire toute possibilité d’être élu pour un énarque, sauf à démissionner DEFINITIVEMENT de la fonction publique. Il pourrait en aller de même pour les autres fonctionnaires. Ce sont des idées brutes qu’il faut bien sûr élaborer plus précisément tout en restant dans la simplicité et la compréhension rapide (contrairement à toutes les nébuleuses actuelles).