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L’innovation peut-elle rendre l’éolien attractif à court terme ?

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Le mardi 19 mai, l’IREF invitait dans ses locaux Jean-Louis Butré, président de la Fédération environnement durable (FED). A cette occasion M. Butré nous a présenté son point de vue sur le développement de l’énergie éolienne en France ; coûteuse pour les consommateurs mais très rentable pour les investisseurs, l’énergie éolienne produit toujours aussi peu d’électricité, enfin, son raccordement au réseau est toujours aussi problématique. Nous nous sommes penchés sur les derniers développements technologiques dans ce secteur afin de mieux mesurer le potentiel des récentes innovations et leur impact sur la rentabilité réelle (hors subventions) d’une telle énergie.

Eolien : un secteur très rentable grâce au prix subventionné

En France, la grande promesse de l’éolien est de fournir une énergie à la fois propre et favorable à la croissance. Elle permettrait de limiter les émissions de gaz à effet de serre tout en créant de l’emploi. M. Butré nous rappelle que la France compte à ce jour 5 500 éoliennes sur son territoire. Pourtant, après dix ans de développement, le secteur ne produit que 4 % de l’électricité consommée. L’effet positif sur l’environnement se fait encore attendre. Quant à la création d’emplois, celle-ci est très réduite, dans la mesure où toutes les éoliennes sont importées. De même, la valeur ajoutée est créée à l’étranger, ce qui n’est pas sans effet négatif pour la balance des transactions courantes française.

En outre, c’est bien le consommateur qui subventionne le développement de l’éolien en France par l’intermédiaire de la Contribution au service public de l’électricité (CSPE). Selon la FED, une multiplication par 5 du nombre d’éoliennes en France conduirait à doubler le poids de cet impôt, qui représente déjà 13 % de la facture. Rappelons simplement que la loi sur la transition énergétique prévoit d’accroitre le nombre d’éolienne entre 50 et 80 000 unités sur le territoire…

De leur côté, les investisseurs se portent plutôt bien, grâce à un tarif de rachat très avantageux. Le Ministère de l’écologie rappelle sur son site la raison de cette mesure : « Afin de développer la filière éolienne, l’Etat a mis en place depuis 2000 un dispositif incitatif : l’obligation d’achat. EDF et, si les installations de production sont raccordées aux réseaux publics de distribution dans leur zone de desserte, les entreprises locales de distribution, doivent acheter l’électricité produite à partir de l’énergie éolienne aux exploitants qui en font la demande, à un tarif d’achat fixé par arrêté. Le surcoût occasionné pour ces acheteurs obligés leur est compensé et est répercuté sur les clients finaux par une contribution proportionnelle à l’électricité qu’ils consomment (CSPE). »

Un rapport de la Commission de régulation de l’énergie (CRE, avril 2014) signale que le niveau du tarif est inchangé depuis 2006, malgré la baisse régulière des coûts de production et d’exploitation. Sur les 39 parcs éoliens analysés dans l’étude de la CRE Les taux de rendements sont importants, pouvant atteindre plus de 12 %.

Taux de rendement interne des projets éoliens à terre en fonction de leurs capacités de production

Taux de rendement interne des projets éoliens à terre en fonction de leurs capacités de production

A ces niveaux de rendement ces investissements hautement subventionnés relèvent plus d’un hold-up de l’argent public que d’un réel soutien à une énergie émergente. De l’aveu même de la CRE, c’est le tarif garanti qui permettrait d’atteindre ces sommets.

L’innovation n’est pas encore au rendez-vous

Face à ce constat, seule une technologie de rupture (en dehors de l’arrêt pur et simple de l’obligation de rachat, qui ne semble pas être la direction prise par les pouvoirs publics) pourrait être mesure d’améliorer à la fois le rendement d’une éolienne et en réduire le coût pour le contribuable.

Or, rien ne nous garantit qu’une telle technologie puisse émerger, du moins à court terme. Car le scandale n’est pas le développement de l’éolien, mais bien le coût de son développement pour la collectivité en comparaison d’effets positifs difficiles à identifier.

Un élan d’optimisme pourrait venir d’Espagne, où des éoliennes sans pales sont actuellement à l’étude. La société Vortex Bladeless lancera au premier juin une campagne de financement participatif pour financer un tel projet. Les gains potentiels sont importants ; sa structure allégée lui confère des avantages. Selon les concepteurs de ces éoliennes, les coûts de fabrication seraient réduits de 53 % et de 40 % pour les coûts de production d’énergie. Le problème, c’est que la capacité maximale d’une éolienne sans pales atteint 1MW, deux fois moins que les éoliennes traditionnelles. Pour compenser ce défaut, les concepteurs soulignent qu’il est possible d’implanter deux fois plus d’éoliennes sur la même surface.

L’autre point noir de l’éolien est lié au problème bien connu de l’intermittence de la production. Les réseaux intégrés et l’amélioration des capacités de stockage de cette énergie lorsque la demande d’électricité est inférieure à l’offre. Jusqu’à présent, tout surplus de production est simplement perdu. D’une part, le raccordement au réseau est très cher, 40 Md€ selon la FED. D’autre part, les technologies de stockage sont encore balbutiantes et peu compétitives faces à d’autres sources d’acheminement moins coûteuses[[L’Agence internationale de l’énergie fait état de cette technologie dans son rapport Technology Roadmap 2014. Disponible sur : https://www.iea.org/publications/freepublications/publication/TechnologyRoadmapEnergystorage.pdf.]].

En réalité, l’innovation est moins dynamique dans l’éolien que dans d’autres énergies renouvelables. Pour se rendre compte de ce dynamisme, regardons le nombre de brevets déposés. Les données aux Etats-Unis montrent que c’est l’un des secteurs des énergies renouvelables le moins dynamique. L’investissement privé se trouve d’abord dans le photovoltaïque et les biofuels[[Voir Nanda R., Younge K., Fleming L., Innovation and Entrepreneurship in Renewable Energy, Chapter 3, NBER, October 2013.]]. Si l’innovation ne dépend pas exclusivement de dépôts de brevets, cela reste néanmoins un bon indicateur de tendance, au moins à court terme. Le fait que l’éolien se retrouve loin derrière l’énergie solaire ou les biofuels indique que les leviers d’innovation sur cette technologie sont pour le moment limités. Même s’il est difficile de savoir ce qui sera la prochaine technologie, si certains secteurs reçoivent plus d’investissements que d’autres, c’est en grande partie parce qu’ils ont plus de potentiel.

A la lumière de cette analyse, l’acharnement des gouvernements à faire le pari de l’éolien est d’autant plus irrationnel et paraît fondé plus sur des intérêts particuliers, financiers ou idéologiques, que sur de réels bénéfices économiques ou environnementaux.

Taux de rendement interne des projets éoliens à terre en fonction de leurs capacités de production
Taux de rendement interne des projets éoliens à terre en fonction de leurs capacités de production

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7 commentaires

Sgl Sgl 26 mai 2015 - 7:10

Des médecins allemands alertent sur l'impact négatif des éoliennes
http://www.renewanews.com/german-doctors-push-to-halt-building-of-wind-turbines-deu/

L’assemblée des médecins allemands, réunis en congrès à Frankfort du 12 au 15 mai 2015 vient de lancer une alerte (Beschlussprotokoll des 118. Deutschen Ärztetages in Frankfurt am Main vom 12. bis 15.05.2015 [PDF] p353) concernant l’impact néfaste sur la santé de l’implantation d’éoliennes à proximité des habitations.

Elle attire l’attention sur les graves carences des critères de danger retenus et tout particulièrement sur les risques liés aux basses fréquences et infrasons. Ce rapport souligne les effets sanitaires néfastes des fréquences éoliennes inférieures à 1 Hz et mentionne leurs effets potentiels même en l’absence de toute rotation des pales, sous la seule action des vibrations solidiennes générées par le mat.

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Jacques Corbin 26 mai 2015 - 8:44

Eolienne sans pales, réalité ou intox ?
Le projet Espagnol d'éoliennes sans pales va-t-il se fracasser contre le mur de la réalité technologique ?
Ici, un élément de réponse : http://bit.ly/1HHoo1s

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Gildas CHERBONNIER 26 mai 2015 - 12:33

Pourquoi intérroger la FED et pas le SEE?
Bonjour,
Article intéressant, mais je trouve surprenant réinterroger uniquement la FED, Fédération d’associations anti-éoliennes (et financée par des acteurs nunucléaire) pour parler du marché de l'éolien. Il m'aurait semblé intéressant d’interroger aussi le syndicat professionnel du secteur : le SEE (Syndicat des Énergies Renouvelables).

Désolé, mais je ne comprends vraiment pas la position de l'IREF qui très souvent publie des articles négatifs sur les énergies renouvelables.

Votre impartialité serait-elle engagée????

Cordialement

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Lexxis 26 mai 2015 - 6:49

PARALLÈLES…
Voici deux siècles quelqu'un (qui ne les aimait pas) avait écrit que les républicains avaient bien fait de choisir le chêne comme arbre de la liberté, car il nourrira sans peine tous les cochons qui l'on planté.

Aujourd'hui, il ne faudrait guère se forcer pour écrire que les écologistes ont bien fait de choisir le vent comme vecteur de l'énergie, car celui qui souffle dans leur esprit fera tourner sans peine toutes les éoliennes dont ils gâchent sans vergogne nos plus beaux paysages.

Or cette énergie présentée comme alternative est avec tous ses excès, tous ses abus et sa haute rentabilité réservée est en réalité obligatoire pour beaucoup de Français qui financent sans guère de contrôle, ni de mesure, une filière qui a les dents encore plus longues que les pales.

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VERDEBON 28 mai 2015 - 10:51

LE TOUT EOLIEN OU LE SACRIFICE DES ENERGIES RENOUVELABLES
Une chose est certaine : l'installation d'éoliennes, qui est une forme de malversation organisée à grande échelle, a pour conséquence de détourner les investisseurs des "bonnes ENR". Parmi elles, la méthanisation et le biogaz, pourtant stockables et non polluants, ou quelques investissements de petit hydraulique. La profitabilité artificielle du secteur par des privilèges obtenus par un lobbying mensonger, voire corrupteur, est telle que les autres ENR sont à peine balbutiantes. Sans compter le sacrifice des investissements dans les économies d'énergies, qui devraient pourtant être prioritaires.

La France commet ainsi la faute, sous couvert de "discours vert", de promouvoir une filière dont l'objectif est de capter des fonds publics au profit de quelques centaines de personnes seulement, par un système de subventions massives sans fondement ni écologique ni social.

Energie intermittente et polluante (le fameux couplage avec les centrales à fossile), les éoliennes créent aussi de la nuisance sociale (santé menacée, insécurité, mal-être) en ne créant qu'à peine quelques emplois marginaux du fait que les machines sont massivement importées et installées par des entreprises étrangères. Nos "responsables" politiques sont non seulement laxistes, mais gravement coupables.

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Arnaud CASALIS 28 mai 2015 - 11:30

POURQUOI INTERROGER LA FED
Pourquoi interroger la Fédération Environnement Durable et pas le SER, syndicat patronal des énergies renouvelables ?

La réponse pourrait être assez simple : le SER, et son syndicat acolyte le FEE, ne sont pas indépendants : ils défendent des intérêts financiers importants, et seulement ceux-là. Le discours du SER et de FEE est déjà omniprésent car il a été "vendu" aux politiques et aux médias, les moyens de ces syndicats leur permettant des publications nombreuses, l'achat de pages de publicité onéreuses, dans les quotidiens nationaux, locaux, télévisés ou sur internet, l'organisation de congrès, de colloques, de voyages offerts, de commercialisation outrancière et souvent mensongère, un lobbying parlementaire et gouvernemental structuré avec des permanents rémunérés, et, même, pour vaincre des réticences sur le terrain, des "pratiques que la morale réprouve".

Ne sont jamais présents dans leurs manifestations que les défenseurs de leurs propres intérêts, y compris sous couvert de moyens déloyaux comme des associations dites vertes créées à l'origine sous leur égide. Ceci exclut toute contradiction et toute notion d'intérêt général. Seule compte la promotion des intérêts financiers. Les lois iniques et "dérogatoires" en faveur de cette filière sont là pour le démontrer comme le font aussi les alertes du Sirasco (service interministériel de recherche et d'analyse sur les criminalité organisée) et le SCPC (service central de prévention de la corruption) tant les abus sont grands. Le fait d'avoir fait croire que la filière est non polluante alors qu'en réalité elle pollue, et celui d'omettre qu'elle s'enrichit non seulement par des moyens artificiels, mais par le commerce de certificats verts rachetés par ailleurs par les centrales thermiques qui pallie les carences de l' intermittence de la production éolienne, montrent l'hypocrisie du système.

Dans ce concert organisé sous l'emprise de cette pieuvre, des citoyens tentent de protester et de faire valoir la vérité. Ils n'ont comme seuls moyens que le bénévolat et leur indignation. Ils se sont regroupés, en associations d'abord, en fédération d'associations ensuite. La Fédération Environnement durable, totalement libre et ne disposant que d'un budget étroit constitué des cotisations de ses membres, tente donc de ré-informer le public dans ces conditions adverses… et n'y réussit pas trop mal, même si ce travail est toujours à la peine et en retard par rapport à l'extraordinaire puissance des promoteurs. C'est son indépendance qui fait sa force et lui permet de prétendre représenter l'intérêt général.

Merci donc à l'IREF de contribuer à faire connaître une information contradictoire à celle véhiculée quotidiennement par un puissant lobby financier.

Arnaud Casalis, administrateur de la FED.

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Belamix64 6 août 2015 - 2:51

Un peu d'optimisme sur l'éolien est-il permis ?
J'ai écouté une émission traitant de ce sujet sur Fr Inter en début de sne.
Les points cités ici sont en grande partie repris à l'exception d'un : un "nouveau" type d'éolienne de type turbine et non tri-pale, issu d'un Brevet français, serait bien plus performant, moins cher et entrain d'être développé outre atlantique alors qu'on s'obstine sur du tri-pale de fabrication nord-européenne.

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