L’économie allemande a enregistré l’an dernier un deuxième exercice de récession d’affilé lié à la crise persistante de son modèle industriel et exportateur, dont le dynamisme était largement fondé sur l’approvisionnement énergétique en gaz russe bon marché, au prix de dangereuses vulnérabilités géopolitiques, voire d’une complaisance envers le Kremlin. Une source que les énergies renouvelables, solaire et éolien, ne sont pas du tout parvenues à remplacer…
La première économie européenne a enregistré une chute de 0,2% de son PIB en 2024, selon une première estimation de l’institut Destatis. En 2023, le PIB s’était déjà contracté de 0,3%, plombé par la hausse des coûts de l’énergie consécutive à la guerre russe en Ukraine. Au dernier trimestre 2024, le PIB a baissé de 0,1% par rapport au trimestre précédent, selon une estimation préliminaire de l’institut.
Le repli de 2024 est conforme aux estimations du gouvernement et de la banque centrale allemande, alors que le Fonds monétaire international (FMI) tablait, plus optimiste, sur une stagnation. Pilier de la réussite économique du pays, “les exportations allemandes ont baissé malgré l’augmentation globale du commerce mondial en 2024”, a constaté Ruth Brand, la présidente de l’institut Destatis, lors d’une conférence de presse.
La compétitivité internationale de l’industrie est “mise sous pression”, reconnaît-elle, notamment dans l’automobile, les grands groupes du pays perdent du terrain face à leurs concurrents chinois. Par ailleurs, “les ménages se sont abstenus d’acheter malgré la hausse de leurs revenus à cause de l’incertitude sur l’évolution de la situation économique”. Les économistes ne tablent pas sur un rebond rapide : “Tout porte à croire que 2025 sera la troisième année consécutive de récession”, a commenté mercredi Jens-Oliver Niklasch, de la banque LBBW, accentuant la pression sur le gouvernement qui sera formé à l’issue des élections législatives du 23 février.