Dans un article publié sur le site anglais d’IREF Europe, Mohamed Moutii alerte sur les risques économiques associés à la réélection de Donald Trump. L’auteur dénonce les politiques protectionnistes envisagées par l’ancien président, comme des droits de douane universels de 10 à 20 % sur toutes les importations et jusqu’à 100 % sur certaines catégories spécifiques. Parmi ses propositions figurent également un tarif douanier de 25 % sur les produits en provenance du Mexique et du Canada et un tarif de 60 % sur les importations chinoises. Ces mesures, justifiées par Trump sous prétexte des préoccupations liées à l’immigration, au trafic de drogue et à sa stratégie « America First », pourraient exacerber les tensions commerciales mondiales et déclencher une guerre économique.
Moutii souligne que cette approche serait facilitée par des pouvoirs présidentiels élargis, issus de lois anciennes, notamment l’International Emergency Economic Powers Act de 1977 qui permet de contourner l’opposition du Congrès. Une telle concentration de pouvoir fragiliserait l’équilibre institutionnel américain et intensifierait les perturbations du commerce international.
L’auteur insiste sur les effets néfastes de ces politiques sur les ménages et les entreprises. Contrairement à ce qu’affirme Trump, les droits de douane sont des taxes payées par les consommateurs. En l’occurrence, leurs dépenses annuelles augmenteraient de 2 600 à 3 900 dollars et les prix à la consommation grimperaient de 1 à 2,8 %. Sur le plan industriel, les secteurs qui dépendent des chaînes d’approvisionnement internationales, à l’instar de l’automobile, subiraient des pertes conséquentes. Un tarif douanier de 25 % sur les importations mexicaines et canadiennes impliquerait, par exemple, une augmentation du prix des véhicules de 3 000 dollars en moyenne, et réduirait les bénéfices par action des grands constructeurs automobiles (jusqu’à 50 % pour General Motors et Stellantis ; près de 25 % pour Ford).
À l’échelle internationale, une guerre commerciale prolongée risque d’entraîner une contraction de la croissance du commerce mondial de 2,4 points de pourcentage et de mettre en péril 510 milliards de dollars d’exportations. La croissance du PIB mondial pourrait également reculer de 0,8 à 2,3 points, selon les scénarios envisagés.
Pour conclure, Mohamed Moutii plaide en faveur d’un retour au libre-échange en tant que levier d’innovation, de compétitivité et de stabilité économique. Il critique les promesses illusoires du protectionnisme et rappelle, à juste titre, que la véritable force des États-Unis réside dans leur ouverture commerciale, et non dans des restrictions tarifaires qui fragmentent le commerce mondial.
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Bien sûr, et quand on voit que “Les exportations chinoises représentent environ 13 % du commerce international”, on est tout à fait rassuré sur l’avenir de celui-ci : il n’y a pas de risque en matière de “libre-échange en tant que levier d’innovation, de compétitivité et de stabilité économique”.
Ce dumping permanent de la Chine, tout en reconnaissant sa puissance commerciale, basé sur le faible coût de son marché du travail, n’est certes pas un facteur de déséquilibre, n’est-ce pas ?