Les deux principales organisations patronales, l’Afep (Association française des entreprises privées) et le Medef (Mouvement des entreprises de France), ont présenté hier leur nouveau code de gouvernance, sans portée normative et donc caractéristique du « droit mou » qui fait florès en ce début de siècle. Dès sa première version éditée en 2003, le code avait pour but de répondre à la pression médiatique sur la question de la rémunération des dirigeants d’entreprises, notamment en ce qui concerne la part représentée par le salaire variable.
Le cru 2022 invite notamment les administrateurs de sociétés à définir des objectifs pluriannuels en termes de RSE (responsabilité sociale des entreprises) et à inclure ces objectifs dans le calcul de la rémunération des dirigeants. Cette fameuse RSE, sorte de fourre-tout mêlant objectifs climatiques, représentation des femmes et autres éléments n’influant pas directement sur le résultat de l’entreprise, participe d’une démarche de promotion de l’image de marque dictée non par les attentes du public mais par celles des médias et de l’intelligentsia.
C’est essentiellement par le bais de la RSE que la culture woke pénètre, à des degrés différents, dans les entreprises : l’Oréal a, par exemple, banni les termes « blanc » et « blanchissant » de ses produits pour la peau.
Certains événements nous rappellent que toutes les entreprises ne vivent pas, ou ne peuvent vivre longtemps, dans le monde parallèle woke. Emmanuel Faber, ancien PDG de Danone, avait ainsi été débarqué pour son incapacité à rentabiliser l’entreprise, tout occupé qu’il était à faire de sa société « une entreprise à mission » en incluant la RSE dans ses statuts. En outre, des entreprises comme Exxon Mobile n’ont clairement pas manqué de faire savoir leur opposition à la culture woke.
Ainsi, pendant que Chinois et Américains continuent à faire des affaires, les Européens ne font ni plus ni moins que de la politique au sein de l’entreprise.