Le classement des 500 premières Fortunes de France (2015) vient d’être rendu public, ainsi que le classement Forbes 2015 (les 400 Américains les plus riches). En France, parmi les 10 les plus riches, on remarque l’entrée d’un nouvel entrepreneur, Patrick Drahi, ce qui porte à 6, sur les 10 premiers, le nombre de ceux qui ont créé leur propre entreprise. Aux Etats-Unis, ils sont aussi 6 sur 10.
Mais cela ne veut pas dire que les autres sont des héritiers. En réalité, la quasi-totalité des plus riches sont des entrepreneurs de première ou de seconde génération qui ont contribué au développement de l’entreprise familiale. Prenons ceux classés dans les 10 premiers en France : Liliane Bettencourt, Nicolas Puech (petit-fils du fondateur d’Hermès) ou Alain et Gérard Wertheimer (Chanel) sont bien des héritiers mais chacun a largement contribué à l’essor de l’entreprise. Mme Bettencourt a hérité de la société l’Oréal en 1957, la transforme en SA et fait entrer le groupe en Bourse en accélérant son développement à l’international. Aujourd’hui, l’Oréal est le premier groupe mondial de cosmétiques avec 22,53 Mds d’euros de CA (2014) et plus de 78 000 employés.
En tant qu’ « héritiers », les Wertheimer ont fait de l’entrepreneuriat et des investissements leurs principales activités : des couverts Guy Degrenne aux montres Bell & Ross, des fusils de chasse Holland & Holland aux maillots de bains Eres. En 1997, les frères ont aidé Hervé de La Martinière à acheter les éditions Abrams, leader du livre d’art en Amérique. Aujourd’hui, La Martinière est devenu le n° 1 mondial du livre illustré. Avec plus de 40% des titres, la famille Wertheimer est de loin le plus gros actionnaire de ce groupe, qui s’est emparé aussi des éditions du Seuil en janvier 2004.
Contrairement à ce que soutient Thomas Piketty pour lequel environ 70 % des riches sont des héritiers, sur les 500 du classement, 56 % ont fondé leur entreprise et seulement 30 % sont des héritiers.
Aux Etats-Unis, 70 % des riches dans le classement Forbes sont des entrepreneurs (80 % au Royaume-Uni contre 20 % il y a 25 ans !). Si l’on compare le classement Forbes 2015 à celui de 1990, on remarque d’ailleurs seulement 2 noms (Warren Buffett et Cox), sur les 10 premiers, encore présents 25 ans après. Les nouveaux sont pratiquement tous des nouveaux entrepreneurs : Bill Gates, Larry Ellison, Jeff Bezos…
Dans les deux classements des plus riches – français et américain – on note clairement la multiplication des richesses entrepreneuriale de première ou seconde génération. Nous sommes donc très, très loin des fantasmes idéologiques de M. Piketty.
FRANCE | Etats-Unis | Royaume-Uni | |
Entrepreneurs | 56 % | 70 % | 80 % |
Entrepreneurs parmi les 10 les plus riches | 6 | 6 | 8 |
Classement Challenges, 2015 et Forbes, 2015 |
5 commentaires
L'incompétence !
T. Piketty est un parfait crétin; il nous explique comment faire sauter la planète finance. Ce personnage devrait être emprisonné pour tentative de destruction des économies mondiales.
Il n'y a rien d'autre à ajouter..!
Fils à papa
MDR "la quasi-totalité des plus riches sont des entrepreneurs de première ou de seconde génération qui ont contribué au développement de l’entreprise familiale. "
CQFD : ce sont BIEN des héritiers des fils à papa mais qui ont travaillé bien sûr (pas de souci là dessus).
Merci de votre analyse.
CQFD
MDR : "la quasi-totalité des plus riches sont des entrepreneurs de première ou de seconde génération qui ont contribué au développement de l’entreprise familiale."
CQFD : ce sont BIEN des héritiers, fils-filles à papa, mais qui ont su faire prospérer leur héritage.
Merci pour votre analyse digne d'un étudiant de 1ère année (en droit…).
SCIENCE SANS CONSCIENCE…
Il y a chez les admirateurs de Piketty une sorte de fascination statistique du type celle qu'exerceraient certains serpents sur leurs victimes, comme si la quantité des références chiffrées attestait à elle seule de leur qualité ou de leur pertinence .
Pourtant les professionnels du chiffre savent bien à la fois que
– tous les chiffres n'ont pas la même valeur, que l'on doit porter une attention particulière à ceux que l'on sélectionne et que l'on doit toujours se pencher sur la manière dont ils ont été obtenus pour en cerner la signification véritable;
– tout spécialiste peut quasiment faire dire à n'importe quel chiffre n'importe quoi et même le créer en tant que de besoin;
– certains économistes n'hésitent pas à plier les faits à leur démonstration, écartant ou délaissant systématiquement tout ce qui peut lui être contraire
– même parfaitement argumentés et documentés le démenti et la critique n'ont jamais tout à fait le même impact que l'écrit originel.
Il est clair qu'en dépit du réel succès de son ouvrage qu'il serait vain de nier, Piketty a créé les séries qui lui manquaient et qu'il ne s'est guère attardé sur le retard inexplicable du trou noir qu'auraient déjà dû ou que devraient très prochainement provoquer les exigences pressantes et croissantes de la rémunération du capital, vis-à-vis desquelles la livre de chair du dramaturge n'est qu'une aimable plaisanterie. Quant à la source entrepreneuriale de la richesse, elle le gêne, qu'à cela ne tienne: il la minimise, la gomme, l'efface presque!
Certes "science sans conscience n'est que ruine de l'âme". Mais en ce siècle ancien, notre philosophe ne songeait qu'à l'âme et pas au portefeuille!
@lexxis
Lexxis a totalement raison. On peut seulement ajouter que l'illusion de savoir créée par le chiffre est à l'origine de la volonté de tout organiser (à moins que ce ne soit l'inverse).