L’article « Nicolas Hollande » écrit pas Nicolas Lecaussin, Directeur du développement de l’IREF, a été publié par le quotidien The Wall Street Journal dans son édition de mardi, 31 janvier 2012. Lire l’article en ligne ou plus loin (en français).
Les deux principaux candidats aux élections présidentielles françaises, François Hollande et Nicolas Sarkozy, viennent d’annoncer leurs programmes. A voir leurs propositions, on peut même se demander s’il existe encore des différences entre la droite et la gauche dans le domaine économique.
C’est le candidat socialiste qui a dégainé le premier. On aurait espéré de la part du Parti socialiste un Tony Blair pour réformer – enfin – la France. On aura droit à un candidat des années 1980 et non du XXIe siècle. En économie, François Hollande propose tout ce qui n’a pas marché dans le passé. Dans la pure tradition socialiste, Hollande annonce de nouveaux emplois subventionnés (les 500 000 « contrats de génération » et les 150 000 « emplois d’avenir »), propose la création d’une « Banque publique d’investissement » et renforce le rôle de l’Etat dans le secteur éducatif. Pour le secteur de la santé, dont la faillite est très proche, il n’a rien trouvé de mieux que « l’encadrement des honoraires des médecins ». Pour « sauver les retraites », on cotisera encore plus. Bien entendu, la priorité ce sont les « logements sociaux » et « l’encadrement des loyers ». C’est à l’Etat et aux collectivités locales de s’en occuper.
Question fiscalité, il créera une nouvelle tranche d’imposition à 45 % pour les revenus supérieurs à 150 000 euros (il est vrai, on est loin de 4 000 euros par mois évoqués en 2007). Son ennemi est désigné : la finance. M. Hollande ne sait probablement pas que l’Etat emprunte sur les marchés financiers… Les riches contre les pauvres, la finance contre l’économie réelle, le marché contre l’Etat, tous les ingrédients de l’économie marxisante sont présents dans les propositions de François Hollande.
Dimanche soir, c’est autour du président sortant, Nicolas Sarkozy, d’annoncer ses mesures économiques (comme il n’est pas encore un candidat déclaré, on ne peut pas appeler cela un « programme »). Pareillement au candidat socialiste, Nicolas Sarkozy désigne les ennemis de l’économie, les riches et la finance, et se déclare un fervent partisan du « made in France » afin de sauver l’industrie française. Pour cela, il annonce la hausse de la TVA qui passera à 21.2 %. En échange, il espère une baisse du coût du travail, l’un des plus élevé d’Europe. Comme François Hollande, il augmente les impôts en taxant plus durement les revenus du patrimoine et s’engage pour la mise en place d’une taxe sur les transactions financières même si la France était le seul pays européen à l’adopter ! Pour encourager la croissance des entreprises, Sarkozy suggère – exactement comme le candidat socialiste – la création d’une Banque publique d’investissement dans l’industrie sous le contrôle de l’Etat. Enfin, les deux politiques imposent aux entreprises des quotas pour embaucher plus de jeunes et tenter de faire baisser le taux de chômage.
Une chose est sûre : le candidat socialiste ne sera pas un nouveau Tony Blair et Nicolas Sarkozy n’est pas (et ne sera pas) Margaret Thatcher. Aucun d’entre eux n’annonce de vraies réformes structurelles et la baisse des dépenses publiques. Pourtant, la France vient d’être dégradé par l’agence Standard & Poor’s et des mesures d’austérité auraient dû être annoncées. Devant cette situation, les électeurs français ont raison d’être indécis. A défaut d’une vraie opposition entre la droite et la gauche, ils choisiront peut-être l’abstention ou les extrêmes. Dans les deux cas, ce n’est pas une avancée pour la France.