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La Taxe sur les transactions financières : « une absurdité » (Nicolas Sarkozy, 1999)

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Pas de consensus européen ni mondial, échec de la taxe appliquée par les Suédois, diminution des facultés d’emprunt pour les Etats : trois raisons au moins pour ne pas appliquer cette taxe, dont Nicolas Lecaussin rappelle qu’elle avait été critiquée par Nicolas Sarkozy… en 1999.

Il y a environ 13 ans, Nicolas Sarkozy qualifiait la taxe sur les transactions financières proposée par Chirac d’ « absurdité ». «Si nous le faisons en France, on va encore le payer de dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires», explique-t-il alors. Nicolas Sarkozy craint les effets négatifs d’une directive appliquée par la seule France au sein d’une économie mondialisée, dans laquelle les initiatives isolées peuvent paraître risquées. Il avait raison. Malheureusement, aujourd’hui, pour des raisons électorales, il a tourné casaque. Sarkozy est devenu le plus fervent défenseur de cette taxe en Europe et même dans le monde. Les raisons qu’il invoquait il y a 13 ans sont-elles oubliées, ou dépassées ?

La France n’est pas vraiment suivie

Tout le monde s’accorde pour admettre que si la France seule instaurait ce genre de taxe, l’effet serait complètement nul. C’est pour ça d’ailleurs que le président essaie de convaincre Angela Merkel de se rallier à la taxe. Difficile de croire qu’il va y arriver, les oppositions à cette taxe sont fortes au Bundestag. D’autres pays, comme l’Italie et l’Espagne, ont manifesté leur intention d’adopter éventuellement la taxe. Mais les Britanniques, les Néerlandais et la plupart des pays nordiques y sont farouchement opposés. On nous dit qu’elle pourrait rapporter 55 Milliards d’euros appliquée par tous les pays européens. Rapporterait-elle quelque-chose si seulement quelques pays l’adoptaient ?

L’échec suédois devrait servir d’exemple

Il existe dans le passé un exemple d’application unilatérale d’une taxe sur les transactions financières. Il s’est soldé par un échec. En janvier 1984, la Suède a introduit une taxe de 0.5 % sur l’achat ou la vente d’un titre financier (action ou obligation). Ainsi, une opération complète (achat et vente) était taxée à 1 %. Déjà, dans les 30 jours précédant l’annonce du gouvernement suédois, le cours des actions perdait 5 %. Le jour même de l’introduction de la taxe, les actions ont perdu 2.2 % de plus. Le gouvernement estimait à 1 500 millions de couronnes par an les rentrées fiscales dégagées par cette taxe. Deux ans après son introduction, elle apportait environ 50 millions de couronnes. Durant la première semaine, le volume des transactions obligataires a chuté de 85 %. En fait, les transactions boursières ont quitté le marché suédois pour les autres marchés européens. Entre 1984 et 1990, le marché des transactions boursières a baissé de 52 %. La taxe a été complètement abolie en avril 1990. En 1992, le marché suédois était déjà en hausse de 56 % par rapport à 1990.

D’autres exemples étrangers ont montré les mêmes limites. Une taxe sur les transactions a été instaurée à la Bourse de Tokyo, elle a provoqué un déplacement du marché vers Osaka et Singapour. La Finlande a fait de même au début des années 1990. Conséquence ? Les transactions ont migré à Londres… Et la taxe finlandaise a été abolie en 1992.

Pourquoi punir les transactions financières ?

Cette taxe trouve ses origines dans le mépris ou la suspicion pour les marchés financiers et la spéculation. Les hommes politiques les tiennent pour les causes de la crise de 2008, dont ils sont en fait les vrais responsables. L’IREF a montré plusieurs fois que la spéculation, les hedge funds ou les paradis fiscaux n’étaient pour rien dans cette crise. A l’inverse ce sont bien les « spéculateurs » qui ont révélé la faillite des finances publiques (comme en Grèce). D’autre part, les marchés financiers internationaux sont bien la seule source de liquidités pour les Etats en difficulté. La Grèce, l’Italie, la France empruntent sur ces marchés et sans eux les Etats seraient en cessation de paiement. Punir les marchés c’est tarir une source de financement. Nicolas Sarkozy devrait le savoir.

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