Quelques jours avant la fin de l’année 2015, la France découvre les chiffres insolents de la création d’emplois au Royaume-Uni : plus de 500 000 emplois ont été créés en 2015, ce qui représente un taux d’emploi de 77.6 % contre 64 % en France. Le taux de chômage est tombé à 5.2 % contre 6 % en 2014. C’est deux fois moins élevé que le taux français. Le Royaume-Uni compte 31 millions d’emplois, 6 millions de plus qu’en France alors que la population est légèrement inférieure de l’autre côté de la Manche. Au total, depuis 2010, le Royaume-Uni a créé 2.5 millions privés/nets.
Après la crise, on a soutenu que la majorité des emplois créés au Royaume-Uni étaient des contrats « zéro-heure » qui ne garantissent au salarié aucune durée de travail minimale. Aujourd’hui, on reconnaît que nous avons affaire à de vraies créations d’emplois. D’après l’ONS (Office for National Statistics), les deux tiers des postes créés en 2015 sont des CDI temps complet. D’ailleurs, les contrats-zéro augmentent au même rythme que les créations d’emplois en général dans ce pays. Il s’agit d’une demande du marché et non pas de créations d’emplois de substitution. Ces emplois « précaires » ne représentent que 2,3% des emplois sur les 31 millions de travailleurs. Ils permettent de travailler en moyenne 25 heures par semaine, contre 32 heures pour les autres types de contrat. Nous sommes assez loin de « zéro-heure »- par semaine… Et les principaux bénéficiaires de ces contrats sont les jeunes de 16 à 24 ans (plus de 2 fois plus nombreux en moyenne que dans les autres tranches d’âge). En France, même ces emplois manquent…
Mais ce qu’on oublie de dire à propos de cette extraordinaire vitalité du marché du travail c’est qu’elle a été accompagnée par la suppression massive du nombre de fonctionnaires. Entre 2010 et 2014, le gouvernement britannique a supprimé 631.000 postes dans le secteur public (sur la même période, la France a…créé 300 000 postes de fonctionnaires). Et, d’après les projections du ministère du Budget (HM Treasury), le nombre total de postes supprimés dans le public s’élèvera, d’ici 2019, à 1 million. Pour être plus précis, entre le début de la crise (2008) et 2014, 10.7 % des emplois publics (Etat et collectivités locales) ont été réduits. Ce pourcentage a varié en fonction des régions. Certaines, comme le Nord-Est (North East) qui est l’une des régions les plus sinistrées économiquement, ont connu des suppressions allant jusqu’à 20 % du nombre des fonctionnaires. C’est comme si la région Nord-Pas de Calais supprimait plus de 22 000 postes de fonctionnaires sur les 110 000 agents territoriaux… Une initiative qui serait payante car, sur la même période (2008-2014), le nombre d’emplois dans le privé a bondi de presque 10 % dans la région North-East. Le taux de chômage est de 8 % (un record au Royaume-Uni) dans cette région alors qu’il atteint 13 % dans le Nord-Pas de Calais.
Royaume-Uni | France | |
Suppressions emplois publics (2010-2015) | 631 000 | + 300 000 |
Suppressions emplois publics (prévisions 2015-2019) | 1 000 000 | ? |
Créations emplois privés (2010-2015) | 2.5 millions | 36 000 |
Créations emplois privés (2015) | 500.000 | 38 000 |
ONS (Office for National Statistics), INSEE |
Le contraste entre l’insolente santé de l’économie britannique et l’état catastrophique de l’économie française devrait inciter nos décideurs politiques à s’attaquer à l’une des causes principales de cette situation : l’obésité de l’Etat français. On vient de le voir : la réduction du nombre de fonctionnaires outre-Manche a largement contribué à la reprise économique et a facilité l’essor des emplois privés. Un simple calcul montre que la suppression d’1 poste de fonctionnaire a permis la création de 4 emplois dans le privé ! C’est plus que nécessaire pour notre pays !
5 commentaires
Excédents de fonctionnaires.
Je doute qu'il soit possible de réduire le nombre des fonctionnaires français, alors que leur statut interdit leur licenciement, et que les syndicats du Service Public peuvent mettre la France à genoux en une quinzaine de jours.
Re : Excédents de fonctionnaires.
Vous avez raison mais il est urgent de le faire comme c’est le cas dans d’autres pays.
Merci de nous lire
Nicolas Lecaussin
Article à faire lire largement !
Article non seulement intéressant, mais important, qui devrait ouvrir les yeux de nos hommes politiques et de nos contemporains dans le style : trop de protection étatique tue l'emploi privé.
Re : Article à faire lire largement !
Merci de nous lire et de diffuser nos travaux !
Nicolas Lecaussin
Directeur
chômage de masse en France
La dépense publique en France est la cause du chômage de masse et de l'endettement du Pays. Elle est une des plus fortes du monde (57° du PIB) et n'a cessé d'augmenter depuis 40 ans. Elle est la conséquence d'un un système politique qui favorise l'augmentation du nombre de fonctionnaires de la fonction publique qu'elle soit d'Etat ou territoriale tout simplement pour permettre aux élus d'occuper plusieurs postes dans ce mille feuille administratif qu'ils ont eux-mêmes créés, afin de se bâtir une carrière politique en cumulant des postes de maire, Député, président de communauté de commune d'agglomérations, urbaines, conseil Départemental, Régional, Ministres, plus d'autres nombreuses officines telle que syndicats des eaux, etc….Ce cancer qui n'a de cesse de se multiplier, à tous les étages de la commune à l'Etat coûte très cher en terme de fonctionnement, réduit les dotations aux collectivités, réduit les capacités d'investir, et ont recours à la dette. Conclusion le système Français endette le Pays donc l'appauvrit, depuis des décennies, est responsable du chômage de masse, et en empêchant le Pays de se développer, à mis la France sur le chemin du déclin. Nous ne pouvons plus continuer comme celà, une Politique de réforme rapide de l'Etat est indispensable, pour réduire la dépense publique il faut réduire
l'organisation de l'Etat à trois étages au lieu de six (Communes Région Etat ) et réorienter ces économies d'échelle vers les Entreprises et les salariés par une réduction de leurs charges afin que l'emploi puisse se développer, sinon nous tomberons au même niveau que la Grèce.