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La Santé n’est pas une affaire d’Etat !

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L’Etat français peut-il interdire aux frontaliers de s’assurer en Suisse ? La santé fait-elle partie du domaine régalien ? On peut en douter quand on observe la faillite de la Sécurité Sociale et quand on voit les performances de systèmes privés et concurrentiels en Allemagne, Suisse et Pays Bas, telles que les a présentées le rapport très récent de l’IREF.

Une manifestation bien singulière s’est déroulée ce dimanche (20 octobre) à Pontarlier dans le Doubs, à quelques kilomètres de la frontière suisse. Quelques milliers de mécontents ont sorti pancartes et mégaphones pour défendre le ‘libre choix’ et dénoncer une nouvelle mesure du gouvernement visant à réintégrer dans le régime maladie de la Sécurité Sociale de ces milliers de résidents français qui travaillent en Suisse.

Si ce choix de vie ne peut-être remis en cause au sein de l’espace Schengen où, en principe, la liberté de circulation est pleine et entière, il s’agit d’un nouveau dossier épineux pour le gouvernement. Car la loi autorise les « frontaliers » à s’assurer directement via un organisme privé. La plupart ont donc fait le choix de la raison ; l’assurance privée est moins chère et rembourse mieux. Mais c’est sans compter avec le principe de « l’égalité des Français devant l’impôt » : ces frontaliers devraient maintenant abandonner leurs avantages pour renflouer les caisses vides d’un système à la dérive.

Les Français ne veulent plus payer pour la Sécurité sociale

La tactique de l’autruche s’applique aussi dans cette situation ; on ne se demande pas ce qui ne va pas dans notre système. On nivelle plutôt par le bas en imposant l’assurance maladie à ceux qui n’en veulent pas. Cela évite de se poser des questions et d’engager les réformes nécessaires.
Néanmoins, ces frontaliers sont la preuve vivante que lorsqu’on laisse le libre choix aux assurés, ils s’orientent vers les solutions les plus efficaces qu’offre le marché. Ce qui vient de se passer à la frontière n’est qu’un exemple de ce que ressentent les Français à l’égard d’un système de santé que « tout le monde nous envie » mais que personne ne copie. D’après le baromètre santé d’Europ Assistance, un Français sur trois renonce à se soigner faute de moyens. D’après un autre sondage IFOP du début octobre, un Français sur deux ne veut pas payer plus pour la Sécu et 6 Français sur 10 trouvent que l’on dépense « trop ».

En effet, les budgets de la Sécurité sociale ont le mérite de la constance : tous les ans, ils sont en déficit, malgré les hausses des prélèvements mises en place par les gouvernements successifs. Cette année encore, le PLFSS 2014 (Projet de loi de financement de la sécurité sociale) allie augmentation des impôts et suppression de quelques niches sociales. Pour quels résultats ? Un déficit qui « pourrait » baisser de 16 Milliards d’euros à un peu plus de 13 Milliards. Extraordinaire exploit alors qu’on demande de plus en plus aux mutuelles, aux industries pharmaceutiques, aux cliniques privées et aux patients. De plus, on siphonne d’autres Caisses pour baisser le déficit, comme cela s’est passé récemment avec la CAMIEG (Caisse d’assurance-maladie du régime spécial des industries électriques et gazières qui s’est vue délestée de 170 millions d’euros (65 % de ses réserves !) et le FEH (Fonds pour l’emploi hospitalier) « volé » de 233 millions d’euros… Piquer dans les caisses est un vrai sport national. Enfin, le PLFSS sera discuté pendant 6 jours maximum ! et les rapporteurs de la Commission des affaires sociales sont des socialistes convaincus qu’il faut « assurer la pérennité et l’équilibre du système ».

Augmenter les prélèvements ou faire jouer la concurrence ?

Nos décideurs politiques devraient enfin comprendre qu’ils sont en train de donner le coup de grâce à un système de santé moribond, ce que les Français commencent à découvrir. Pourquoi ceux qui ont la possibilité de réformer la Sécurité sociale ne regardent-ils pas ce qu’ont fait d’autres pays ?

C’est en tout cas le but de l’Etude que l’IREF vient de réaliser : un comparatif des régimes d’assurance maladie dans 4 pays, France, Pays-Bas, Allemagne et Suisse. Ce comparatif est d’autant plus pertinent que certains pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, ont récemment entamé des réformes visant à renforcer le rôle du secteur privé et de la concurrence pour permettre un désengagement de l’Etat dans le secteur de l’assurance maladie.

Les résultats de l’étude mettent surtout en évidence la supériorité du système néerlandais qui fonctionne à l’image d’un partenariat public-privé dans lequel l’Etat prélève des cotisations destinées à fournir des soins de qualité aux moins de 18 ans ainsi qu’aux ménages à faibles revenus. Au lieu de continuer à augmenter les prélèvements et d’adopter des taxes sur les boissons énergisantes, pourquoi ne pas introduire, en France aussi, une bonne dose de concurrence ?

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5 commentaires

vinie59 25 octobre 2013 - 6:24

choix
justement cette semaine le sujet de carrément brunet était le fait de pouvoir partir de la sécu, et un monsieur disait avoir été en prison, ça fait 20 ans qu'il l'a fait..et j'ai bien envie de me pencher sur cette question mais pour la retraite comment cela fonctionne ?

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picardet 25 octobre 2013 - 8:10

efficacité du marché
Bonjour,

Je travaille dans une mutuelle depuis plusieurs années.Je suis stupéfait que malgré les attaques ces jours-ci répétées contre notre organisation( la Mutualité Française) ses dirigeants soient encore capables d'ovationner le président du CESE, Jean-Paul DELEVOYE, qui leur a suggéré de se suicider( pour résumer sa pensée, au profit de la sécurité sociale!!!(journées de rentrée du 26 septembre à TOURS).
Pourquoi donc les mutualistes ne défendent t-ils pas leur outil de protection sociale dont l'utilité fut pourtant si bien argumentée par Frédéric BASTIAT dès sa création au XIXème siècle?
L'idéologie marxiste aurait donc causé des dommages irréparables au bon sens dont nos concitoyens ont pu faire la preuve par le passé?
Hélas je le pense pour être au coeur de la tourmente.
Je vous félicite donc pour vos travaux que je m'emploie à faire connaître autour de moi. Sait-on jamais?

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betenaif 26 octobre 2013 - 9:31

Pour la privatisation de l'assurance maladie
Imaginons une politique sociale égalitaire, ayant pour but une meilleure répartition des richesses dans la population, où l’épicier établirait lui-même les commandes de ses clients. Lesquelles seraient remboursées en tout ou en partie, par un organisme financé par les cotisations des salariés et des employeurs. Gageons que l’on assisterait, outre quelques indigestions, à une explosion généralisée de la consommation, plus spécialement sans doute dans certains secteurs attractifs : caviar, foie gras ou champagne. Cette hypothèse est évidemment absurde, pourtant c’est exactement ce qui se passe avec l’Assurance Maladie où l’ordonnateur des dépenses est celui qui les perçoit. C’est probablement un cas unique dans le secteur économique libéral, où la maîtrise des dépenses est en grande partie entre les mains des fournisseurs et non point des clients.
L’évolution budgétaire de l’Assurance Maladie obligera tôt ou tard nos responsables politiques à intégrer le fait que l’exercice de la médecine suppose bien sûr une grande disponibilité et un constant dévouement, mais ne devrait jamais s’imposer comme un commerce ou une industrie. Certes les acteurs de la santé doivent échapper à la fonctionnarisation et à la bureaucratie, mais devraient être rémunérés à la fonction et non point à l’acte. Il en va de l’avenir de l’assurance santé et de l’économie du pays.

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Jidé 26 octobre 2013 - 12:40

La santé…
Tout le monde semble oublier les 2 directives européennes de 1994 obligeant la Sécu. à être en concurrence afin que chaque salarié puisse ,aussi bien , pour sa santé et sa retraite cotiser à la caisse de son choix!!!
Il semble même que ces 2 directives auraient été transcrites en droit français en 2006?
En tout cas il serait bon de savoir où on en est à ce sujet!:!! Enfin on pourrait espérer que la France soit comme les pays où cette concurrence existe!

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laurent 30 octobre 2013 - 1:19

c'est déja fait
vous pouvez très bien négocier les prix des médicaments dans les pharmacies et faire jouer la concurrence entre eux.

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