La succession de Mario Draghi à la tête de la banque centrale européenne semble être assurée à Christine Lagarde. On peut s’interroger sur le caractère « politique » de la nomination ainsi que, par répercussion, sur la notion d’indépendance des banques centrales en 2019. En outre, quelles seront les conséquences en matière de possible normalisation de la politique monétaire en Europe ?
Banques
Deux ans après son Nobel d’économie obtenu en 1974, Friedrich Hayek publiait un essai intitulé la « dénationalisation de la monnaie ». Le constat de l’économiste est simple. Les monopoles monétaires gouvernementaux ont échoué à instiller une discipline chez les Etats férus d’inflation pour financer leurs excès ainsi que ceux des banques désireuses de socialiser leurs errements.
Si l’on devait se fier aux théories économiques de la gauche, les Etats-Unis devraient connaître aujourd’hui le plus fort taux de chômage au monde ! Car, selon les antilibéraux de garde, si la Bourse monte, c’est parce que les patrons et les actionnaires licencient pour s’en mettre plein les poches. Combien de fois n’a-t-on pas entendu (ne serait-ce que lors des dernières élections en 2017) que : « Si la Bourse monte c’est parce que les charges salariales baissent » ! ou « La finance n’est pas l’économie réelle, elle est l’ennemie des travailleurs ! ».
Porte-étendard d’une potentielle révolution technologique, le bitcoin fait peur au gouvernement qui se presse de le réglementer. Les cryptomonnaies s’attaquent en effet au cœur du pouvoir politique.
Le S & P 500 ou l’indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses américaines a connu une hausse de 152 % entre 2009 et 2016. C’est…
Le BREXIT et les réactions qu’il provoque jettent une lumière crue sur les contradictions de la construction européenne, tiraillée entre libéralisme et dirigisme bureaucratique. Deux sujets d’actualité, parmi d’autres, témoignent de cette profonde ambigüité : la procédure bruxelloise lancée contre la France à propos du SMIC et du transport routier d’une part, la politique de prêt sélectif de la BCE d’autre part.
Les monnaies électroniques, dématérialisées et cryptées, font peur aux tenants du conservatisme. Leur interdiction en France, comme l’ont fait la Thaïlande en 2013 ou la Russie en 2014, nous priverait des nombreuses innovations que permettrait la technologie de la blockchain dans le domaine monétaire. Interdire le développement de cette innovation aurait également un impact négatif dans le domaine des applications Web, de la sécurisation des échanges, de la signature de contrats numériques ou encore du vote en ligne.
La Banque Centrale Européenne a décidé, le 4 mai, de mettre fin, en 2018, à l’impression de billets de 500 euros. Officiellement, il s’agit de lutter contre le grand banditisme et le terrorisme, qui utilisent largement ces coupures. Mais les arrières pensées sont moins avouables. A terme c’est la monnaie papier qui pourrait être visée.
Outre les peurs parfois injustifiées exprimées sur l’émergence de monnaies virtuelles, souvent jugées à la va-vite comme étant les monnaies des cartels et du marché noir, de nombreuses entreprises comme Amazon ou eBay et des institutions bancaires et financières tout à fait respectables y voient une alternative solide aux désordres monétaires chroniques de l’économie mondiale post 2008. Du Nasdaq, en passant par UBS, la BNP ou la Banque centrale d’Angleterre, jusqu’au plus grands groupes d’audit comme Deloitte et même l’ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, tous lui reconnaissent des vertus qui offriraient une alternative au système financier actuel.
Il est politiquement correct de dénoncer l’avidité des financiers qui, il est vrai, est parfois indécente. Mais ce sont les Etats et leurs institutions qui alimentent cette finance folle en pratiquant des taux artificiellement bas, en créant trop de monnaie, en favorisant l’endettement public… et en faisant grossir des bulles tour à tour financières et immobilières (Japon, 1992/93), immobilières et monétaires (Asie du Sud-Est, 1997/98), sur les actions (USA, 2000), immobilières (en Europe, années 2000), sur les marchés de l’immobilier (subprime) et plus généralement financiers avec la grande crise qui coure depuis 2008.