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Scandale McKinsey : quand l’Etat révèle sa faiblesse

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Les opposants d’Emmanuel Macron ont un nouvel os à ronger : le « McKinsey gate ». Un rapport sénatorial a révélé que le gouvernement a employé des cabinets de conseil à répétition pour concevoir des plans sur de nombreux sujets, de la crise sanitaire à la politique du logement en passant par le Grand Débat national. Pas loin de mille missions pour un milliard d’euros, des consultants payés plus de 2 000 € par jour, la facture est salée et passe mal en des temps où beaucoup sont contraints à des efforts financiers.

Le plus utilisé de ces cabinets est McKinsey, un géant américain qui, selon le rapport du Sénat, n’aurait pas payé d’impôt sur les sociétés en France de 2011 à 2020, alors que sa branche française a un chiffre d’affaires de 329 millions d’euros en 2020, dont 5% dans le secteur public. McKinsey France affirme, au contraire, avoir versé 422 millions d’euros d’impôts et de charges sociales, sans préciser la ventilation entre l’impôt sur les sociétés et les charges sociales. La justice dira sûrement s’il s’agit d’optimisation fiscale ou de fraude.

S’il est logique que le gouvernement, comme les entreprises, recoure parfois à des tiers pour bénéficier d’un regard différent sur une situation ou s’attacher des compétences non détenues en interne, ces occasions ont triplé entre l’année 2018 et l’année 2021 et augmenté de 40% entre 2018 et 2019, avant crise. Une pente que le gouvernement ne semble pas particulièrement motivé à infléchir : une circulaire non-contraignante de 2021 prévoyait de réduire de 15% au moins les prestations intellectuelles de stratégie et organisation pour 2022. Un objectif qui ne ramènera pas les dépenses à leur niveau de 2018 et ne sera peut-être même pas atteint. Par ailleurs, les dépenses liées aux projets informatiques, qui représentent la moitié des dépenses engagées, ne sont pas concernées par cette circulaire. Alors que les dépenses publiques explosent et que les services publics n’en sont pas plus performants, se pose la question de la légitimité du gouvernement à conserver la main sur des sujets qu’il maîtrise si peu qu’il doit en permanence faire légitimer sa position par des tiers. Si Emmanuel Macron tenait tant à user de prestataires externes, pourquoi n’a-t-il pas diminué radicalement le nombre de fonctionnaires censés faire ce travail ?

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9 commentaires

Photini 24 mars 2022 - 6:21

Le Maire est monté au créneau pour dénoncer cet abus. C’est au bout de dix ans que son administration s’en rend compte. Un citoyen lambda qui ne paierait pas ses impôts aurait une saisie sur son salaire ou sa retraite dans l’année qui suit! Et, d’autre part, l’optimisation fiscale elle est décidée par qui? Par les services de monsieur le Maire. Je me demande pourquoi on a recours à ces sociétés, américaines ou anglaises, qui font des rapports sur tout. Quelles sont ses compétences? Pas plus que celles des ministères qui les mandatent. Pour mener à bien leur travail, elles doivent travailler en interne. Les ministères ont la possibilité de nommer une commission indépendante pour étudier un problème interne. Ce commissaire aura toute faculté de s’entourer d’experts externes, français ou étranger, choisis parmi les spécialistes du sujet, pour établir un rapport qui vaudra bien les expertises de McKinsey. Plus de 900 millions pour la seule année 2021, si cette entreprise a travaillé toute une année, 254 jours en 2021, cela fait une facture de 3 millions 500 par jour. A raison de 2000 € par expert, cela fait que McKinsey aurait fait travailler 1771 experts en 2021!

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virginie 24 mars 2022 - 9:11

En fait, je suis complètement écoeurée, à défaut de ne pouvoir traiter tous ces gens avec des gros mots, mon vocabulaire n’étant pas assez fourni, de ne pouvoir agir, intervenir, et tout celà passe crème, ils ne se sentent même pas concerné et se fichent complètement de ce que pensent les gens, quand va-t-il y avoir un STOP net à tout ça, ceux qui pourraient y arriver n’ont que des problèmes, alors comment faire ?

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Razoski 24 mars 2022 - 9:28

Bonjour Mme MOTTE,

Effectivement, un vent en poupe souffle pour l’utilisation d’une expertise externe dans toutes les fonctions publiques depuis bien longtemps lorsque dans les années 2000, la LOLF a pointé son museau!
Depuis, la performance est alliée avec ces experts qui au fil du temps montrent des résultats peu probant. Tout cela se réalise au détriment de la formation des fonctionnaires qui perdent leur expertise.
Pourquoi ce budget qui devient conséquent ne serait pas utilisé pour capitaliser des compétences interne?
Autre élément, la fonction publique dépense plus, car le fonctionnariat n’attire plus. La conséquence directe est l’embauche de personnels contractuels qui par le jeu de négociations salariales arrivent à un niveau de salaire supérieur à un fonctionnaire qui exercerait le même métier, mais peut-être moins malléable.
Enfin concernant le code de la commande publique notamment sur le rappel des articles R2143-3 et R2143-4, je cite:
 » Le candidat qui souhaite participer à un marché public doit prouver qu’il est à jour dans ses obligations fiscales et sociales. Pour cela, il doit fournir une attestation de vigilance et une attestation de régularité fiscales. S’il ne le fait pas dans un délai fixé par l’acheteur public, son offre risque d’être rejetée. »
Comment le candidat Mc Kinsey a vu son offre contractualisée dans le cadre de la consultation?
Au titre de la CADA ( La Commission d’accès aux documents administratifs) le Sénat a bien pu demandé le rapport d’analyse des offres sur le marché public en question. Ce rapport signé pour pouvoir notifier les candidats retenus puis le candidat retenu comporte la validité des offres retenues et non retenues.
Donc, comme vous dites, la justice devra se prononcer si et seulement si elle est saisie de cette « irrégularité » au niveau du code de la commande publique.
Au delà de ce respect des principes de liberté d’accès à la commande publique, de l’égalité de traitement des candidats, de transparence des différentes procédures, comment le citoyen peut s’emparer de ces questions très bureaucratiques et rebutantes?
A quand un téléréalité pour vulgariser ces histoires qui gangrènent nos institutions?
A des promesses électorales, qui ne sont que des ersatz de mesures permettant un équilibrage des vases budgétaires communicants, ne peuvent relever notre pays.

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Obeguyx 24 mars 2022 - 9:36

Lorsqu’un Etat fait appel à un cabinet de conseil, c’est qu’il est incompétent sur le sujet. On peut imaginer que cela puisse EXCEPTIONNELLEMNT arriver. Mais là, ce que nous vivons dépasse l’entendement. Vous rendez vous compte du degré d’incompétence de l’équipe de Macron ? Et on nous annonce qu’il repasse dans un fauteuil !!! En plus des sociétés étrangères qui viennent conseiller les gens qui nous gouvernent. N’y-a-t-il personne dans notre propre pays pour réfléchir à des solutions ? Jusqu’où ira la bêtise d’Etat ira-t-elle ?

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Rémi 24 mars 2022 - 11:00

QUI A DIT :
QUE LES ÉNARQUES QUI ENTRAIENT DANS L’ADMINISTRATION ÉTAIENT COMPÉTENTS ?

POURQUOI :
POURQUOI LES ÉNARQUES QUI SONT DANS L’ADMINISTRATION APPELLENT-ILS A L’AIDE LES ÉNARQUES QUI ONT CHOISI, POUR LEURS VIES PROFESSIONNELLES, D’ÊTRE DES ACTEURS OPÉRATIONNELS DANS DES CABINETS D’ORGANISATIONS ET DE GESTIONS ?

POURQUOI … ?

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JR 24 mars 2022 - 10:22

Bonjour, je ne crois pas une minute « aux besoins », quoique décriés, les énarques Français sont largement aussi compétent que ces cabinets parasitaires qui orientent en fonction des intérêts de leurs clients potentiels. C’est quasiment un système mafieux. Dans ce cas, il s’agit d’un tour de passe-passe financier, ou alors ce gouvernement en déclin à 80 km/h et malus à 50 000 € est encore plus abscons que les Français ne le pensent. Dans les deux cas, la résultante n’est pas reluisante. Nul n’est besoin d’avoir de grande compétence pour redresser la France, c’est purement une question de volonté, une question de chef, en France les milliards se ramassent à la pelle juste en se baissant. Merci. Bien à vous

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AlainD 25 mars 2022 - 9:11

Voilà ce qui peut arriver quand on joue pas avec son argent. Macron et toute la clique gouvernementale on fait travailler ce cabinet de conseils dont il faudrait à tout le moins pouvoir vérifier l’efficacité. Mais aussi, pourquoi fait on appel à ces gens ? D’où viennent ils ? Quelles sont leurs relations personnelles avec des membres du gouvernement ? Y aurait il quelques copains énarques dans le lot ?
Nous avons un nombre impressionnant de fonctionnaires, sont ils donc si mal formés qu’ils aient besoin de « conseils » chargés de faire le travail à leur place ? Ou alors – et cela se voit aussi dans le secteur privé – tel ministre appelle à la rescousse des gens qui viennent palabrer pendant des heures et où ce qui est le plus concret dans l’intervention c’est le montant de la facture. J’ai peine à accepter que dans le domaine de la santé où il y a tant de redondances il faille demander une aide extérieure payée au prix fort, n’est ce pas Véran ?

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Obeguyx 27 mars 2022 - 5:09

A propos, ne serait-ce pas encore là, pour une grande partie, un futur scandale fabiusien ? L’avenir ne nous le dira, hélas, pas !!!

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Laroche 29 mars 2022 - 6:59

C est Victor Fabuis qui est directeur adjoint chez Mc Kinsley….ceci explique peut être cela !!!!!

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