La philosophe et sociologue Dominique Méda a fait paraître une lettre ouverte au président de la République intitulée « L’Académie des sciences morales et politiques affiche son mépris pour les femmes » (Le Nouvel Obs). Le 16 mai, elle donne au même hebdomadaire un entretien au titre choc : « L’Institut de France refuse d’élire une femme ».
Dominique Méda a présenté deux fois sa candidature à la vénérable Académie des sciences morales et politiques. En vain. L’Académie, selon elle ? Un groupe « monocolore, intellectuellement, sociologiquement et politiquement », « assez peu progressiste ». Le handicap de la candidate malheureuse ? Double : « être une femme et être de gauche sociale-démocrate ». L’Institut de France, qui regroupe les cinq Académies ? Des institutions non paritaires dans lesquelles les femmes ont la portion congrue. La procédure ? Inacceptable puisque, au lieu de lui opposer une concurrente afin d’être assuré que la gent féminine soit moins mal représentée, on a osé lui opposer plusieurs concurrents. Une cooptation « comme s’il s’agissait d’un club privé », alors qu’il s’agit d’une institution de la République qui, comme telle, devrait respecter « une diversité de genre » et de sensibilité politique.
Or, « les Académies sont censées recruter les personnes les plus éminentes dans leur spécialité (ndlr : dont Madame Méda) ». Aussi la philosophe en appelle-t-elle au chef de l’État afin que la loi oblige l’Académie « à respecter un minimum de pluralisme et de diversité ».
N’en déplaise à Dominique Méda, toute procédure de cooptation suppose de se soumettre à des règles formelles et informelles. Une Académie va donc recruter a priori les meilleurs, mais pas seulement et pas systématiquement. Entreront également en jeu des considérations personnelles, parfois d’un subjectivisme total, mais aussi les traits de caractère des candidats (alacrité, bonhomie, civilité, distinction, humour, humilité, sympathie, tolérance, etc.). Les Académies se sont parfois lourdement trompées en élisant un médiocre ou en délaissant une sommité, tout le monde le sait et l’Histoire en témoigne.
Si l’on peut comprendre la déception de la candidate malheureuse, rien ne l’autorise pour autant à user d’un ton acrimonieux et peu élégant envers une institution qu’elle souhaitait intégrer. Surtout, les lamentations contre une institution pas assez « genrée » et pas assez de « gauche », ou du moins trop à « droite », sont d’autant plus déplacées que Dominique Méda vit dans un pays qui réserve une place prépondérante aux idées « progressistes » dans tous les secteurs de la vie intellectuelle et médiatique.
Dominique Méda a déclaré qu’elle ne se représenterait pas. Il n’est pas sûr que la nouvelle chagrine l’Académie…
2 commentaires
Ça m’amuserait beaucoup de voir sa tête le jour où, pour entrer dans une institution qui pratique, comme elle, la « diversité de genres », elle perdrait face à un homme qui se prétend femme…
Comment la gauche réagit-elle lorsqu’elle est prise à son propre piège ? Respect de ses principes ou indignation à géométrie variable ? Y a-t-il vraiment lieu d’hésiter ?…
Pour avoir côtoyé Mme Meda, le moins que l’on puisse dire est que la patience, la sagesse et le respect des idées qui ne sont pas les siennes ou celles de la gauche, n’illustrent pas son tempérament…