Nominations au Conseil constitutionnel : « Il n’y a pas besoin d’être un expert pour être un bon juriste » ! »

Marc Fesneau, le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, a défendu de manière stupéfiante la proposition de nomination de Richard Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel.

Invité du Grand jury RTL le 16 février, le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale et ancien ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a vigoureusement défendu la proposition de nomination de Richard Ferrand comme président du Conseil constitutionnel. Mais, tout de même, a souligné un journaliste, si les trois propositions de nomination par le chef de l’État et les présidents des deux chambres ne sont pas rejetées par les commissions compétentes du Parlement, 6 des 9 membres seront des hommes politiques. Réponse de Marc Fesneau : « Il n’y a pas besoin d’être un expert, professionnel du juridique, pour être un bon juriste » .

Donc, si l’on comprend bien, un « amateur » comme Richard Ferrand, qui n’a fait presque aucune étude de droit (il a seulement un DEUG de droit) et qui n’a jamais été juriste, encore moins spécialiste de droit constitutionnel, fera l’affaire. Il est dommage qu’un journaliste ne lui ait pas demandé ce qui justifiait l’« exception française » en ce domaine. Si un « amateur » peut être un « bon juriste », pourquoi les membres des cours constitutionnelles ou des cours suprêmes de l’ensemble des pays civilisés sont-ils par principe des « experts », en Allemagne, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis, etc. ?

Raisonnons par l’absurde. Héraut de la bureaucratie française, nous allons mettre en place un organisme intitulé, disons, Haut Conseil de la charcuterie artisanale, composé de 9 membres, avec 7 hommes politiques et/ou fonctionnaires et 2 anciens charcutiers. Ou encore mieux, nous allons porter sur les fonts baptismaux une Commission nationale de la planification de la boulangerie avec 6 hommes politiques, 1 fonctionnaire du ministère du Commerce, 1 industriel de l’agro-alimentaire et 1 représentant des travaux publics. Ces compositions seront-elles satisfaisantes au motif qu’il n’y a pas besoin d’être un « spécialiste » pour être un bon boulanger ou un bon charcutier ?

Les propos de Marc Fesneau témoignent non seulement de l’« entre-soi » qui règne au sein du microcosme parisien des hommes politiques et des hauts fonctionnaires, non seulement du déclassement des juristes de haut niveau, ce dont pâtit de manière dramatique la qualité de notre législation depuis tant d’années, mais également d’un profond mépris envers le droit en général et la Constitution en particulier. Notre pays est vraiment malade.