L’historien Armand Gosu, professeur à l’Université de Bucarest, chercheur associé au Centre Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik e.V de Berlin, est l’auteur, entre autres, de plusieurs ouvrages sur la Russie. Il parle le russe et l’ukrainien et analyse régulièrement la situation sur le front. Dans une interview récente, il soutient que l’Ukraine peut éventuellement reprendre l’initiative stratégique : « La phase actuelle de la guerre est dominée par l’armée ukrainienne, qui s’est dotée de missiles américains HIMARS et d’obus guidés de haute précision et d’une portée de plus de 80 km. Or, l’armée russe aujourd’hui, comme l’armée soviétique dans le passé, a de gros problèmes logistiques. Les HIMARS obligent l’armée russe à reconsidérer la logistique, à la changer radicalement et à la moderniser, à maintenir les dépôts de munitions à 100 km de la ligne de front. Mais les Russes n’ont ni routes, ni camions pour transporter les munitions, ils ont des entrepôts à 20 ou 30 km de la ligne de front, à portée des HIMARS ukrainiens. Résultat : après un mois de frappes de précision, l’artillerie russe qui a dominé la deuxième phase de la guerre, du début avril à début juillet, est désormais silencieuse car elle n’a plus rien à tirer. Les prochains jours peuvent être décisifs, analyse le professeur Gosu. Si les Ukrainiens avancent à Kherson et forcent les Russes à envoyer des troupes de l’est au sud, et suspendent l’offensive vers Donetsk, cela signifie que Kiev prend l’initiative stratégique pour la première fois depuis le 24 février. Si cette étape se termine par la libération de la région de Kherson, Poutine recevra un coup dur et son régime pourrait commencer à vaciller. »
Selon lui, « Poutine essaie d’alimenter les craintes d’une nouvelle guerre dans le Pacifique, entre la Chine et les Etats-Unis, ou d’une reprise de la guerre dans les Balkans. Pour le Kremlin, le déclenchement d’une nouvelle guerre dans le monde serait une chance énorme de détourner l’attention de l’agression contre l’Ukraine ». Il attire aussi l’attention sur le fait qu’il ne croit pas beaucoup à « la menace à la bombe nucléaire de Poutine. D’ailleurs, on peut remarquer qu’en voyant que le chantage ne fonctionnait pas, Moscou évoque de moins en moins l’option nucléaire. Il est peu probable qu’il y recoure, pour la simple raison que les généraux pourraient ne pas exécuter l’ordre de Poutine, ce qui pourrait signifier la fin du régime, toutefois, il ne faut pas exclure complètement ce scénario. »
3 commentaires
Les explications sur le déroulement de cette guerre sont très clairs. En fait les russes pensaient atteindre leurs objectifs en un mois, voire deux mois maximum. Ce à quoi ils ne s’attendaient pas, je pense, c’est à l’aide massive en argent et matériel de guerre des USA et des membres de l’OTAN.
Peut-être que les russes ignoraient également leur faiblesse logistique.
En attendant cette guerre est sans fin.
Ne sommes-nous pas à vouloir résoudre « une » question à « X inconnues », dont leurs fondements nous échappent totalement, aussi essayons nous de faire des interprétations avec leurs hypothèses qui ne reposent que sur des supputations sans les éléments constitutifs de base et des projections sans véritables bases stables… ?
Nos informations construites sur nos éléments… Dits : ‘’bien informés’’, nos diplomates qui flirtent avec leurs obligations diplomatiques, Notre Président, qui flatte et encense son « EGO », en se décrétant : acteur souverain face aux décideurs… Aux intérêts stratégiques, militaires, économiques et surtout géostratégiques qui sont les moteurs des « décisions » prises pour que les acteurs concernés existant selon leurs critères d’aujourd’hui pour demain et surtout d’après-demain… !
• Alors, se poser, avec nos moyens et nos connaissances « superficielles » dont nous disposons, il parait très imprudent de se poser ce type de question qui ne repose sur rien de fiable en nos circonstances présentes …
En effet, toutes les « apparences » tentent à montrer que l’Ukraine n’est de « l’otage » de plaques tectoniques qui se déplacent à leurs rythmes et leurs inspirations stratégiques …Chine et Russie, principalement à ce jour.
L’Ukraine est « un pion » sur l’échiquier mondial comme l’est et le seront le devenir de TAÏWAN, de la Corée du Nord… et « après demain » l’Europe qui sera « gommée » par ses impréparations et aspirée par ‘’les géants » due à son autosatisfaction qui se veut exemplaire comme donneuse de leçons à des peuples qui n’en veulent pas et ainsi à ses gesticulations avec ses » petits bras musclés au cerveau mou ».
• L’Europe disparaitra comme l’a été la Société des Nations, en son temps….
• Ainsi se gère « l’Histoire », où les conquérants d’hier deviennent les conquis d’aujourd’hui qui ne vivent que leurs apogées et périgées… Les puissants d’hier : Babylone… L’Égypte du temps de Cléopâtre, Rome du temps de César, L’empire Ottoman… Etc… Etc.
• Soyons modestes avec l’Histoire qui vit d’espaces dans la durée pour relativiser l’Histoire du monde… Depuis que le monde est monde… !
L’Ukraine dans le contexte actuel, ne restera qu’un épiphénomène dans l’Histoire des pays et du monde dans ses évolutions….
on n’est plus au temps de Babylone…et la pauvre Ukraine qui se défend n’est pas vraiment un épiphénomène…