Dans le dernier numéro du magazine Marianne, qui dresse l’inventaire de tout ce que le monde doit à la France, un article nous rappelle quelques faits majeurs de l’histoire de la pensée économique de ces trois derniers siècles, que nos compatriotes dans leur ensemble feraient bien de méditer.
Non seulement c’est la France qui, avec l’intendant du commerce Vincent de Gournay, le médecin et fondateur de l’école physiocratique François Quesnay, et le ministre des Finances de Louis XVI, Turgot, a inventé au XVIIIe siècle le libéralisme économique – avant même Adam Smith. Mais c’est aussi à la France que les anglophones doivent le mot entrepreneurship, grâce à l’économiste Jean-Baptiste Say qui a créé le mot d’ « entrepreneur » . Et c’est encore la France qui, à travers le génial penseur, économiste et député des Landes Frédéric Bastiat, devait jeter les bases… de ce qui deviendra le « néolibéralisme » des années 80, tant décrié encore aujourd’hui.
Pour le comprendre, il faut revenir en 1946, année où fut créée aux États-Unis la Foundation for Economic Education (FEE), dont le but était de mieux faire connaître aux Américains la pensée de Ludwig von Mises, de même que les fondements de l’économie de marché. Diverses entreprises américaines, dont General Electric (basée à Los Angeles), se proposaient alors de motiver leurs cadres en leur faisant suivre les cours de la FEE. C’est dans ce contexte que le livre de Bastiat La Loi (1850) fut traduit en anglais, en 1950. La direction de GE demanda alors à l’acteur Ronald Reagan d’animer des conférences autour des ouvrages de Bastiat. La lecture que fera Reagan de Bastiat le marquera à jamais. « Une fois président », lit-on dans l’article de Marianne, « (Reagan) mettra en pratique les leçons de Bastiat à coups de baisse d’impôts ». Non pas, du reste, pour « faire des cadeaux aux riches » comme on l’entend encore souvent, vieille lune antilibérale, mais pour soustraire l’économie à la férule de l’État.
Qui sait, peut-être sera-ce aussi la lecture de Bastiat qui fera advenir un jour chez nous un Reagan français…
2 commentaires
Un Reagan français ? On peut toujours rêver mais j’ai le triste sentiment que nous n’ne prenons pas le chemin avec le président en place et les prétendants non encore déclarés à sa succession bien qu’ils aient déjà mis les couteaux sous la table…
David LISNARD peut-être ?