L’Iref en appelle régulièrement à recentrer l’État sur son pré-carré régalien. C’est sans doute pourquoi les étatistes de tout poil imaginent chaque jour de nouvelles missions régaliennes.
Il y a quelques jours, la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, déclarait que « La France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire ». C’est dans le même esprit que la gauchiste Confédération paysanne défend l’idée d’une sécurité sociale de l’alimentation et qu’une soixantaine de députés ont signé une proposition de loi en ce sens. Quant au député Aymeric Caron, il propose la création d’un statut de fonctionnaire-agriculteur ?
Mais pourquoi s’arrêter là  ? C’est sans doute ce que s’est dit la députée macroniste Sandrine Le Feur, agricultrice de profession et adhérente à la Confédération paysanne, actuellement présidente de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale. Le 5 février 2025, lors de la séance des questions au Gouvernement, elle a demandé à la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, Agnès Pannier-Runacher, ce qu’elle comptait faire « pour que l’adaptation climatique devienne une priorité régalienne, au même titre que la sécurité ou la justice, puisqu’elle touche à la raison d’être de l’État, qui est de protéger les citoyens ».
Dans une interview donnée à Acteurs publics, elle revient sur cette idée : « Assurer la sécurité des citoyens, mission fondamentale de l’État, passe donc désormais par l’adaptation au changement climatique. Ce défi ne peut plus être relégué au rang de politique sectorielle ou optionnelle : il doit être reconnu comme une mission régalienne à part entière, au même titre que la défense ou la sécurité publique. Faire figurer la transition écologique dans ses missions régaliennes permettrait à l’État d’asseoir sa position, les politiques publiques qui y sont liées et donc de bénéficier d’une budgétisation renforcée, comme une programmation pluriannuelle de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique, à l’image du budget de la défense ».
Sandrine Le Feur défend une extension sans limite du domaine du régalien. Sa suggestion devrait réjouir le think tank « Nos services publics » qui propose que l’État assouvisse tous les besoins humains, et devienne par conséquent un monstre tentaculaire s’immisçant dans les moindres recoins de nos vies.
On se demande comment Mme Le Feur arrive à cohabiter au sein du parti présidentiel avec Olivia Grégoire, Gérald Darmanin et Mathieu Lefèvre qui réclament que l’on réduise le périmètre de l’État.