L’IREF l’a écrit à plusieurs reprises ces derniers temps : il aurait été souhaitable que la réforme des retraites comporte une introduction sensible et progressive de la capitalisation. Pourquoi ? Parce que la capitalisation est le seul système de retraites à la fois efficace et moral (moral car, comme l’écrivait Pascal Salin dans Français, n’ayez pas peur du libéralisme, la capitalisation « permet de réintroduire la discipline de la responsabilité individuelle, le sort de chacun au moment de la retraite dépendant de ses propres efforts passés et non de ce qu’on obligera les autres à donner » – p. 241).
C’est ce que le Chili a compris il y a plus de 40 ans : en 1981, José Piñera, économiste et ministre du Travail, y a en effet conduit une réforme des retraites sans précédent, consistant à passer d’un système proche de la répartition (dans lequel les travailleurs cotisaient à un fonds géré par l’État) à un système par capitalisation. Adoptée très vite et très majoritairement par les Chiliens, la retraite est aujourd’hui critiquée. Gabriel Boric, élu président en décembre 2021, a notamment fait campagne sur la nécessité de changer le système de retraites au profit d’un système public et « solidaire ». Il déclarait en 2022 : « 72 % des retraites sont inférieures au salaire minimum et un retraité sur quatre touche une pension qui se situe en dessous du seuil de pauvreté ».
Mais si les retraites chiliennes sont insuffisantes, c’est surtout parce que les Chiliens ne cotisent qu’à raison de 10% de leur salaire, contre 27, 5% en France. S’ils cotisaient deux fois plus, leur retraite doublerait alors que leur cotisation resterait près de 30% inférieure aux cotisations françaises.
Sur les retraites chiliennes pèsent aussi des soupçons de mauvaise gestion et de corruption politique. Gageons que les Chiliens se plaindraient moins de leurs retraites s’il existait une parfaite étanchéité avec le politique, si la concurrence entre fonds de pension pouvait jouer à plein, et si l’on replaçait au cœur du système la responsabilité individuelle.
2 commentaires
La France n’est pas mieux, certains épargnent pour leur retraite, par exemple en investissant dans l’immobilier, et se retrouvent surtaxer par un président méprisant pour ces placements quand d’autres consomment tout leur salaire en comptant sur l’etat providence au moment de leur retraite et se retrouve à manifester dans la rue….malheureusement il ne changerait pas de démarche si le système était changer et si il devait se constituer leur retraite eux même
Dans la vraie vie:
Les actifs soccupaient de leurs anciens (forme de repartition) et élèvaient des enfants (une forme de capitalisation) qui s’occupaient d’eux à leur tour.
Le système par repartition s’y est substitué en oubliant simplement la deuxième partie !
Si on veut un système sain, il faut contribuer à la retraite de ses anciens ET capitaliser pour sa propre retraite : élever des enfants OU cotiser à un fond de capitalisation.
Le risque de capitalisation a toujours existé. Les enfants que vous eleviez pouvaient décéder avant vous… pour amortir cela il y a toujours eu la solidarité. De nos jours il y aurait:
Minimum vieillesse pour ceux qui, sans enfants, n’ont pas pu suffisamment capitaliser, ou garantie de l’état pour ceux qui ont capitalisé mais subissent un effondremen boursier.
Avec un tel système, plus de problème de démographie pour la repartition.
Reste le problème de l’âge de départ pour la repartition. La logique veut que l’on fasse un referendum demandant à quel age un actif trouvera normal de dépendre du pouvoir d’achat de ses enfants. Pour la capitalisation le problème ne se pose pas.