Bayrou veut créer un fonds pour réduire la bureaucratie

Décidément, le chemin de la réforme de l’État, de la débureaucratisation et de la réduction des dépenses publiques est semé d’embûches.

Nous avions déjà, dans projet de loi de simplification de la vie économique adopté par le Sénat en octobre 2024 et prochainement examiné par l’Assemblée nationale, la création d’un « Haut Conseil à la simplification pour les entreprises ». Voilà maintenant que le Premier ministre promet celle d’un « fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’État » afin de rationaliser son organisation.

Si nous comprenons bien, il s’agit de créer d’un côté une structure supplémentaire pour simplifier, et de l’autre un nouveau fonds pour économiser.

Il est sidérant de constater que nos hommes politiques, quels que soient leur origine, leur formation, leur carrière, leur parti… ne savent que créer des structures – forcément coûteuses – même quand ils affirment leur volonté de faire des économies et de simplifier. C’est comme un réflexe pavlovien.

Pourtant François Bayrou a eu, mardi 14 janvier 2025, lors de sa déclaration de politique générale, des mots qui ont été doux à nos oreilles. Il a évoqué d’importantes économies pour l’État, un « puissant mouvement de réforme de l’action publique », la nécessité de trouver « des méthodes d’organisation de l’État qui ne requerront pas d’augmentation » des dépenses publiques. Il a critiqué la lourdeur de la bureaucratie, « nuisible au développement du pays », et le « poids des normes » qui « pénalise la croissance ». Il a visé particulièrement les « 1 000 agences, organes ou opérateur » qui sont « sans contrôle démocratique réel ».

Mais pourquoi créer « un fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’État » et financé par la vente d’une partie de ses actifs immobiliers ? Un fonds qui, a précisé le Premier ministre, servirait notamment à « investir dans le déploiement de l’intelligence artificielle dans les services publics ».

Que l’État se sépare d’une partie de son immobilier n’est pas pour nous déplaire. Mais si nous comprenons bien que l’intelligence artificielle (IA) puisse coûter un peu d’argent, celui-ci ne peut-il d’abord être trouvé en faisant des économies sur la masse salariale ?

Si l’IA ne permet pas de réduire le nombre de fonctionnaires (et ainsi de s’auto-financer), à quoi va-t-elle servir ? Vouloir débureaucratiser et réformer l’État sans s’attaquer au statut de la fonction publique est un vœu pieux. La débureaucratisation commence par la « défonctionnarisation ».