La Banque centrale argentine a annoncé mercredi soir qu’elle ralentirait le rythme de la dépréciation contrôlée du peso à 1 % par mois à partir de février, après que de nouvelles données sur l’inflation ont ouvert la voie à cet ajustement de la politique monétaire. Les prix ont augmenté de 2,7 % en décembre par rapport à novembre, le troisième mois consécutif en dessous de 3 % et en ligne avec l’estimation médiane des économistes interrogés par Bloomberg. L’inflation annuelle a été ramenée à 117,8 %, après avoir culminé à près de 300 % l’année dernière, un succès majeur pour le président ultra-libéral Javier Milei, au pouvoir depuis treize mois.
La décision de la banque centrale, organisme que Javier Milei voulait supprimer avant de changer d’avis, marque le premier ajustement de politique monétaire de l’exécutif, connu sous le nom de « crawling peg », depuis son entrée en fonction il y a plus d’un an. Le président et ses collaborateurs se sont engagés en novembre à ralentir la parité à 1 % par mois si l’inflation restait constante jusqu’à la fin de l’année 2024. Le gouvernement avait maintenu la parité rampante à 2 % par mois, bien que l’inflation ait dépassé ce chiffre, ce qui permettait de maintenir le taux de change à un niveau relativement stable. Les Argentins sont de plus en plus positifs à l’égard de l’économie sous la direction de l’exécutif, qui s’est traduit en outre par des excédents budgétaires mensuels, pour la première fois depuis des décennies.
Toutefois, tout changement d’ampleur de politique monétaire n’est pas sans risque car cela peut attiser l’inflation. Alors que les marchés applaudissent largement les autres réalisations économiques de Milei, les économistes affirment que la politique monétaire surévalue le peso, une recette qui, sous les gouvernements précédents, a conduit à des dévaluations abruptes et à des bouleversements politiques.
Javier Milei s’est également engagé à évoluer vers un « taux de change flexible » une fois qu’il aura levé les contrôles sur les devises argentines dans le courant de l’année, ce qui serait, là aussi, un succès majeur. La dernière fois qu’un gouvernement argentin a levé les contrôles et laissé flotter la monnaie en 2015, cela s’est retourné contre lui, l’inflation a augmenté et le capital politique du président, relativement libéral, Mauricio Macri s’est effondré. L’équipe de M. Milei étudie la possibilité d’introduire un taux de change géré – « dirty float » – après la levée des contrôles sur les devises et les capitaux, où le peso pourrait flotter librement selon des paramètres stricts qui n’ont pas encore été définis.