Cet été, lors du vote de la loi de finances rectificative, la proposition de LFI de taxer les « surprofits » de certaines entreprises a agité le Parlement.
Quelques LREM l’ont soutenue aussi avant d’être rappelés à l’ordre. Ainsi, Sacha Houlé, président de la commission des lois à l’Assemblée a répondu au Monde (21/07/2022) qu’avec de « nombreux députés de la majorité », il ne demandait « pas seulement cette contribution pour des raisons de pouvoir d’achat, mais pour des raisons de justice sociale et de transition écologique ». Au Sénat les centristes ont apporté leurs voix à la gauche qui réclamait un prélèvement de 25 % sur les bénéfices des grands groupes. LR et LREM s’y sont opposés avec Bruno Lemaire qui a utilement rappelé qu’il n’était pas opportun d’inquiéter les entreprises alors que la France est déjà « le pays le plus taxé de tous les pays européens ». Mais il faut surtout combattre le socialisme, avoué ou larvé, où une telle proposition trouve ses racines et mine la société.
La disparition du marché
L’idée de surtaxer est fondamentalement socialiste. Elle ne peut pas être communiste puisqu’en principe dans les pays communistes, les entreprises sont détenues par l’Etat et ne payent pas d’impôt. Mais le socialisme est un marxisme ordinaire qui se voile la face pour paraître plus accommodant. Ayant constaté partout l’échec inexorable de la nationalisation totale de l’économie, il conserve des entreprises privées tout en en contrôlant les conditions d’embauche et d’exploitation, d’implantation, de gouvernance, de détermination des prix… L’Etat socialisant manie tour à tour la contrainte règlementaire, les aides financières, les niches fiscales et l’impôt pour encadrer et guider l’activité et les décisions des entrepreneurs. Il maintient la propriété privée comme la corde soutient le pendu. Ce socialisme latent, sournois, se propage dans le monde en profitant des crises financières, sanitaires et militaires pour gagner du terrain. L’Europe qui était en principe une union constituée entre nations libérales et pour veiller à la garantie de la liberté d’entreprendre, a désormais changé de philosophie pour ne plus se préoccuper que de régenter l’économie et la vie des individus.
Dans ce contexte inquiétant pour l’avenir du monde, les gouvernements de droite ou de gauche, tous contaminés, en viennent naturellement à concéder ou retenir aux entreprises les libertés qui leur permettront de vivre en faisant des profits déterminés par l’Etat plutôt que par le marché. D’ailleurs le marché, étant déjà sous le contrôle étroit de l’administration, n’existe plus qu’en pointillés. N’étant plus libre, il n’est plus un vrai marché, mais une place d’échanges réglementés par la puissance publique. C’est typiquement le cas de l’énergie, où EDF a subi des pertes parce que l’Etat lui a fait supporter des charges indues et où Total a fait des profits surnuméraires sur des prix qui s’envolent en partie parce qu’ils sont suradministrés. Après avoir cassé les marchés qui régulent les prix, l’Etat veut donc réparer les dégâts qu’il a commis en finançant les uns et prélevant les autres, ajoutant ainsi de la confusion à la confusion et détruisant un peu plus le marché et ses équilibres naturels et – d’ailleurs – instables.
L’intervention de l’Etat brouille les cartes
L’exemple américain en témoigne. Les sénateurs américains ont voté ce mois d’août une taxe minimale de 15% sur les profits des grandes entreprises. L’impôt sur les bénéfices des sociétés est de 21% aux USA, mais beaucoup d’entreprises payent moins, voire beaucoup moins d’impôt en profitant d’une multitude de niches fiscales. Il ne s’agit donc pas d’une surtaxation, comme l’a prétendu indûment au Parlement la LFI Manon Aubry aussitôt accusée, à juste titre, par Nathalie Loiseau de « raconter des carabistouilles », mais d’un seuil plancher de taxation. Mais alors pourquoi pas plutôt supprimer les niches fiscales qui permettent de réduire le taux d’imposition ? Ces niches sont toujours des avantages donnés aux uns au détriment des autres. Elles nuisent à la clarté et à la compréhension de l’impôt. Elles sont souvent le résultat d’une activité de lobbying et créent, comme l’institution de surtaxes, des distorsions fiscales en défaveur de quelques-uns. Un impôt juste est un impôt simple, raisonnable, stable, égal pour tous en proportion des revenus ou profits. Un impôt juste est en outre efficace parce qu’il incite à produire, à investir et à consommer, tandis que l’incertitude de l’environnement fiscal en détourne.
L’Italie a prévu une taxe supplémentaire de 25% sur les énergéticiens afin de la redistribuer aux entreprises et aux moins aisés. Le Royaume-Uni en a aussi décidé sur les bénéfices des entreprises de pétrole et de gaz, et l’Espagne l’envisage sur les banques et les grandes entreprises d’énergie. Mais déjà, les cours du pétrole reculent en ce mois d’août 2022 en dessous de leur niveau d’avant la guerre en Ukraine. L’Etat réagit toujours comme un dinosaure, trop tard. Faudra-t-il dans les prochaines semaines aider les entreprises énergétiques victimes de la baisse des cours ? L’Etat français pourrait le faire avec les profits accumulés en taxant à 60% des produits énergétiques dont les cours se sont envolés ! Quand l’Etat s’en mêle, son rôle ne s’arrête plus jamais. C’est pour ça que les néo-marxistes de toutes nuances adorent les niches et les aides, les taxes différenciées et particulières qui obligent l’Etat à intervenir sans cesse pour prendre ou donner plus ou moins, pour régler les robinets des prix, des impôts, des subventions, des niveaux de production… que le marché, détruit, ne régule plus. C’est aussi pour ça qu’il faut supprimer tous ces systèmes d’intervention dont la logique est d’enfler à une vitesse vertigineuse et bientôt incontrôlable.
7 commentaires
Je ne comprends pas pourquoi, en Franc,e l’état passe son temps à donner des compléments de salaire sous des formes diverses. Ne serait-il pas plus intelligent de baisser de 20% les charges patronales et d’augmenter les petits salaires de 20%. Opération blanche pour l’employeur. C’est à l’employeur de permettre des conditions de vie digne à son personnel et non à l’état de se substituer à l’employeur en prélevant sur lui des cotisations. De plus, une partie des cotisations prélevées sur les entreprises seront bouffées par les service de redistribution. J’entends toujours les journalistes se gargariser car nous serions le pays le plus redistributeur et présentent ça comme quelque chose d’extraordinaire alors que ce système fait d’un tas de gens des assistés et non des personnes vivant dignement de leur travail. Aucun pays ne copie notre modèle. Il faudrait se demander pourquoi?
Les loups ne se mangent pas entre eux. Bonne journée.
Notre plombier en chef étant le socialiste qui s’ignore Bruno Le Maire ou le Bruneau de Bercy, le bien nommé.
Vous écrivez : »puisqu’en principe dans les pays communistes, les entreprises sont détenues par l’Etat et ne payent pas d’impôt ». Pourquoi ne pas appliquer ce principe d’exemption d’impôts pour nos entreprises dans nos démocraties ?
Faudrait rappeler que sans entreprises il n’y a ps de valeur ajoutée à taxer, ni salaire à attendre, ni charges sociales à prélever, ni fonctionnaires à rémunérer, ni professions libérales à rétribuer sans oublier les élus. La charge qui leur est demandée est énorme et le pouvoir dont elles disposent est total. J’aime bien cette dernière idée
Le camp des justes a de la chance et de la compétence ! il sait exactement quel est le bon taux de marge des entreprises, le taux d’investissement profitable ou non, et en conséquence le taux de spoliation fiscale à leur appliquer à coup sûr pour faire cesser les super profits honteux qu’ils affichent.
En revanche, les justes ne sont pas capables de faire régner la bonne gestion et l’efficience au sein de l’Etat qu’ils vénèrent et revendiquent pour administrer l’ensemble de nos activités…
Il parait comme probable que les « Socialistes » n’aient pas encore ‘’compris’’ leurs résultats aux dernières élections qui ne dépassent pas les 5%…!
Peut-être recherchent-ils leurs disparitions qui passeraient inaperçues pas dans le paysage politique français actuel ?
Tout à une fin…!
Depuis 1975, on ressasse les mêmes choses. Le venin du mortifère socialisme se déverse à jets continus. Personne ne l’arrête. Tout le monde croit en profiter. GOUFIO a raison. Mais le problème est que la démocratie dans laquelle nous croyons vivre n’en est plus une. Il n’y a plus qu’à attendre l’explosion finale. Ceci dit encore un article remarquable de Jean-Philippe DELSOL.