Rappelons quelques chiffres accablants pour la France en matière d’éducation :
– La France est arrivée 25e sur 65 dans le classement PISA 2012 de l’OCDE : les élèves français réalisent un score de 495 points en culture mathématique (proche de la moyenne des pays de l’OCDE), soit une régression de 16 points par rapport à 2003, tandis que les pays aux niveaux de vie comparables réalisent de bien meilleurs scores (Allemagne, Belgique, Canada, Pays-Bas, Irlande, etc.) et que la Corée, le Japon et la Suisse tiennent le haut du pavé ;
– La tendance globale en France est à la stagnation des résultats des élèves français (sciences, lecture) voire à la détérioration (mathématiques), tandis que le rôle du milieu social dans les performances scolaires et le degré de résilience (le fait de surmonter un désavantage social) ne cessent de se dégrader ;
– La proportion d’élèves en difficultés dans le domaine des mathématiques est passée de 16,6 % à 22,4 % entre 2003 et 2012, alors que la moyenne OCDE est de 26 % et que le degré de résilience s’est amélioré de manière significative dans des pays comme l’Allemagne, l’Italie, la Pologne ou la Turquie ;
– Environ 20 % des élèves n’ont pas la maîtrise technique des mathématiques de niveau CM2 à la sortie de la troisième tandis que 150 000 élèves sortent du second cycle chaque année sans diplôme.
C’est un désaveu total du modèle éducatif à la française, qui a longtemps été une fierté nationale. Et ces résultats désastreux ont été obtenus alors que :
a) le budget de l’Éducation nationale est le premier poste de dépenses de l’État, devant la charge de la dette, avec 88,71 Md€ (23,5 % des dépenses totales de l’État selon le PLF 2016) ;
b) l’Éducation nationale emploie la moitié des agents publics ;
c) la dépense intérieure d’éducation (DIE), soit l’ensemble des dépenses d’éducation effectuées sur le territoire par l’État, les collectivités locales, les ménages ou les entreprises, étaient de 144,8 Md€ en 2013 (6,8 % du PIB). Les dépenses cumulées d’éducation représentent une contribution de 2200 € / hab et de 8320 € par élève ou par étudiant. La France fait d’ailleurs partie des pays de l’OCDE qui dépensent le plus par élève pour l’éducation secondaire, alors que des pays comme le Japon, la Corée du Sud et la Finlande, dont les performances scolaires sont exceptionnelles, dépensent beaucoup moins que la moyenne des pays de l’OCDE.
Augmentation des dépenses, baisse des résultats
On constate qu’il y a eu une augmentation forte et continue des dépenses intérieures d’éducation, multipliées par deux entre 1980 et 2012 (voir graphique), tandis que le niveau des élèves n’a cessé de se dégrader depuis cette période.
Par ailleurs, la dépense d’éducation par élève dans le second degré (collège, lycée) est supérieure de plus de 3000 € à la dépense moyenne pour un élève du premier degré (voir graphique). Et ces dépenses moyennes par élève du second degré sont passées d’environ 6000 € au début des années 80 à presque 10 000 € vers 2010. Il existe donc une corrélation négative entre le coût par élève et la performance scolaire . Si cela ne signifie pas qu’il faille nécessairement réduire les moyens financiers et pédagogiques des écoles, il est évident qu’une réorganisation profonde du système éducatif est indispensable pour améliorer les résultats dans les savoirs fondamentaux, la maîtrise des calculs décimaux, du calcul littéral et de la compréhension écrite ainsi que la maîtrise de la langue française (grammaire, conjugaison, orthographe, ponctuation).
Avoir l’audace d’une vraie réforme du système éducatif
La seule réponse du Gouvernement au déclin du système éducatif consiste dans la suppression des classes bi-langues et des sections européennes, la mise en place d’une seconde langue vivante dès la cinquième, la mise en place d’enseignements interdisciplinaires et l’augmentation du personnel éducatif et des moyens financiers. Si l’introduction d’un degré de 20 % d’autonomie pour les équipes pédagogiques va dans le bon sens, l’Éducation nationale a besoin d’une révolution totale.
Selon une étude de l’OCDE, seulement 15 % des chefs d’établissement français ont la possibilité d’embaucher leurs professeurs, principalement dans les établissements privés sous contrat. Cette proportion est de 66 % au Royaume-Uni et de 78 % aux Pays-Bas ! De plus, les augmentations de salaire sont quasi-exclusivement décidées par l’inspection académique, qui ne dispose pas des mêmes éléments d’évaluation des professeurs que les chefs d’établissement. Cette absence d’autonomie de la direction des établissements entraîne une inadéquation entre la performance des enseignants et leur rémunération financière.
De manière plus générale, la réforme du collège passe à côté d’une véritable réforme du système éducatif, comme l’introduction d’un chèque éducation. La privatisation des écoles publiques et la mise en concurrence des établissements permettraient de rétablir la liberté et l’efficacité pédagogiques. Cette réforme pourrait conférer une autonomie intégrale dans le fonctionnement, la gestion du budget et des ressources humaines et les méthodes pédagogiques, à la direction des établissements, et remettre la performance au centre des préoccupations des équipes enseignantes.
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Chèque scolaire
Le chèque scolaire est le vrai remède contre le totalitarisme