Après avoir nié contre l’évidence que le taux de croissance 2024 de 1,4% retenu pour la préparation de la loi de finances votée en décembre dernier était trop élevé, le gouvernement a dû reconnaître qu’il avait été exagérément optimiste. Il a désormais retenu une croissance de 1% et décidé de réduire de 10 Md€ les dépenses prévues pour ne pas faire déraper le déficit public.
Ces économies décidées par décret, ce qui est légalement autorisé, sont réalisées en faisant « les fonds de tiroirs », selon les mots mêmes du ministre Bruno Le Maire, outre quelques coupes plus significatives dans les budgets de l’écologie (moins 2Md€), du travail et de l’emploi (1,1Md€), de la recherche et de l’enseignement supérieur (0,9Md€), de l’aide publique au développement (0,74Md€)… Mais il n’y a aucune mesure de fond.
Un rafistolage
Il ne s’agit que d’un rafistolage. Les économies réalisées ne concernent que les budgets de l’Etat et ne remettent pas en question les politiques engagées comme la politique de la ville dans laquelle 10Md€ par an sont investis depuis 40 ans sans résultat (selon la Cour des comptes) ou les emplois aidés dont une large majorité représente des aubaines pour ceux qui auraient de toute façon procédé à ces embauches, même sans subvention (cf. rapport DARES juillet 2023). Les subventions de l’Etat aux associations continuent d’enfler ; elles dépassent 7Md€ par an et ont augmenté de 2Md€ entre 2016 et 2018 ! Pour le moins il serait temps de remettre à plat toutes ces aides et bien d’autres encore.
L’Education nationale, qui représente le plus gros budget ministériel (64Md€ en 2024), pourrait coûter beaucoup moins cher. Un élève de l’enseignement privé coûte en moyenne environ 30% de moins qu’un élève du public. Alors pourquoi, au nom d’une idéologie désuète, restreindre de facto le développement de l’enseignement privé en appliquant un quota implicite aux effectifs des écoles libres et en refusant aux établissement d’enseignement supérieur privés la possibilité de délivrer leurs grades et diplômes?
La France est le plus mauvais élève
Cependant, c’est le secteur social qui est en France le plus dispendieux. Sur 1624Md€ de dépenses publiques prévues par les lois de finances pour 2024, les dépenses de l’Etat comptent pour 640Md€, celles des collectivités locales pour 322Mde et celles des administrations sociales pour 762Md€.
En 2021, la France consacrait1 33,4% de son PIB à des dépenses sociales privées et publiques contre 28,7% en moyenne dans l’Union européenne, 30,6% en Allemagne, 27,9% aux Pays Bas, 27,4% en Suède. En pourcentage du PIB, les dépenses sociales françaises, publiques (plus de 31%) comme publiques et privées, sont supérieures à celles de tous les autres pays de l’UE et de l’OCDE. Pourtant il y a beaucoup de pays développés dans lesquels on vit aussi bien sinon mieux qu’en France et qui ont des dépenses sociales moindres. Les causes principales de notre obésité tiennent sans doute à l’obsession française de faire gérer tout le système social par l’Etat en octroyant à ses personnels un statut de la fonction publique obsolète et qui empêche une bonne gestion des agents titulaires à vie. Par ailleurs, le quasi-monopole accordé à des institutions publiques pour gérer les retraites, les assurances sociales, le chômage… a créé des monstres coûteux et mal gérés.
Des assurances sociales trop onéreuses
Le paiement direct des assurances sociales par l’employeur pour son compte comme pour le compte des salariés fait que ceux-ci ne mesurent pas leur coût pourtant très important. C’est particulièrement vrai pour les retraites. Le système de retraite par répartition est en permanent déséquilibre du fait de l’allongement de l’espérance de vie, de la baisse de la natalité et de la réduction du nombre d’années de travail. Les cotisations sont donc très élevées en France, 27% du salaire brut (contre 18,4% en moyenne dans l’OCDE), pour des prestations qui représentent moins de 75% du dernier salaire en moyenne (ce qu’on appelle le taux de remplacement). Les pays qui ont anticipé les difficultés du système de répartition et qui ont adopté en partie un système de capitalisation demandent aux salariés des cotisations moindres et leur offrent des pensions supérieures, par exemple aux Pays-Bas où le taux de remplacement est de 96,9% ou au Danemark où il est de 123%. Les pays qui pratiquent la capitalisation sont d’autant plus forts que l’argent collecté à ce titre par les fonds de pension sert en partie à financer leur économie.
D’une manière plus générale, les systèmes sociaux sont moins coûteux là où ils laissent aux assurés, du moins pour une part, la liberté de choix de leur assureur et des conditions d’assurance. Les individus sont plus attentifs aux dépenses auxquelles ils sont intéressés au travers de franchises ou autres mécanismes. Les assureurs eux-mêmes, mis en concurrence, travaillent à la réduction de leurs charges pour présenter à leurs clients de meilleures offres. On peut d’ailleurs déjà choisir, plus ou moins, sa complémentaire santé en France, mais ces complémentaires sont assujetties à tant de contraintes qu’elles sont « publicisées » en partie. Ce qui n’est pas le cas des assurances automobile où la diversité des acteurs permet aux automobilistes de faire jouer la concurrence et d’en tirer profit. Pourquoi ne pas étendre cette liberté assurantielle à des secteurs sociaux ?
D’autres pistes sont encore possibles. Si les hôpitaux publics allemands ont significativement moins de personnels administratifs que les hôpitaux français, c’est parce qu’ils ont plus d’autonomie de gestion. Faisons comme eux.
Rendons les gens responsables de leur gestion, de leurs dépenses, d’eux-mêmes, ils sauront trouver les économies que l’Etat ne sait pas faire.
14 commentaires
Nier contre l’évidence ou nier l’évidence ? Cordialement
vous pouvez aussi taper sur les institutions du gouvernement a t’on besoin d’autant de ministeres de secretariat d’etat inutile et j’en passe autant de parasite ou l’on place les copains des copains !
Là, je suis d’accord avec vous.
Avec les dépenses fastueuses de Macron et en règle général de ceux qui président les nouvelles « grosses » structures Républicaines, les Grandes Régions et les Métropoles ou « grand … » tous aussi prétentieux les uns que les autres et tous cherchant à nicher dans le luxe et la débauches se sentant obligés pour certains de payer une voiture de fonction pour que les cadres de l’arc Républicains qui ne font pas encore 30 h soient motivés pour aller au boulot n’est pas de nature à faire de la croissance et moins encore de réduire les dépenses, mais hélas faire encore gonfler les Dettes.
Regardez simplement la carrière de Thierry BRETON!!!!!
Bonjour,un exemple de gaspillage :8 visites préliminaires pour opérer un canal carpien avant opération?? 280 euros de visites.
Oui mais l’État ne veut justement pas de gens qui soient responsables d’eux mêmes, il les déteste. C’est pourquoi il s’attaque aux agriculteurs, aux médecins, aux petits artisans et commerçants.
Et le coût des livrets envoyés aux écoliers sur les J.O. Combien cela a-t-il coûté pour …..être mis rapidement à la poubelle?
Le Maire a pourtant une sacré niche qui peut générer de très très grosses économies ! Le parlement ne sert plus à rien vu que micron décide tout tout seul ou avec van der leyen ! On peut en faire des économies ici ! Et le sénat, il sert à quoi maintenant ? Encore des économies. Et puis comme ils ne cotisent pas au chômage, ça leur donnera l’occasion de tester ce que c’est que de se retrouver du jour au lendemain avec rien ! J’allais oublier les conseils régionaux, le regroupement des régions, tous ces machins qui font doublon !!!!
La france est le pays européen qui dépense le plus pour ses élus……. On doit bien pouvoir restructurer cela maintenant qu’ils ne font plus rien du tout !
Mr Lemaire est dans le mur !! malgré ses prévisions et ses propos toujours rassurants.C’est l’ensemble des services de l’état qui doivent être réformés.
De 10 on passe 100 millards d’économie. Pensez aux dizaines de voiture qui ne circulent pas dans les adminitrations qui servent à reprendre les enfants à l’école, à la directrice départementale du tourisme qui dispose d’une voiture pour son week-end .
Et si, après avoir lu les livres de Charles Prats, on s’attaque à la fraude fiscale au sens large, on peut trouver 100 milliards € dans les fonds de tiroirs de Monsieur Bruno Le Maire…
Oui, j’en ai lu un, c’est plutôt édifiant mais les organismes concernés et montrés du doigt ont une fâcheuse tendance à minimiser et il est probable que Le Maire et Macron ont préféré ne pas les lire.
Voilà une belle démonstration de ce que je partage absolument pas.
Ils savaient déjà que cela ne tiendrait pas, ça leurs permet de faire passer la pilule (10milliards ) d’économie comme une lettre à la poste !!!