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Pourquoi les victimes de la pollution de l’air diminuent à travers le monde

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“Le monde n’a jamais été aussi pollué”. “Notre air est devenu irrespirable”. “L’utopie de la croissance économique nous mène vers l’intoxication générale”. Telles sont les idées reçues régulièrement véhiculées dans les médias. Ces derniers adhèrent au récit décliniste qui voudrait que l’essor de la civilisation industrielle aurait exposé les êtres humains à une pollution de l’air inédite et inexistante à l’état primitif. En rejouant le scénario biblique de la déchéance, le récit écologiste ravive le mythe du paradis perdu.

Pourtant, les chiffres montrent que le taux de décès dus aux pollutions de l’air ne cesse de décliner depuis quelques décennies à l’échelle mondiale (figure 1).

Figure 1 : Taux de décès dus à la pollution de l’air à l’échelle mondiale

Figure 1 : Taux de décès dus à la pollution de l’air à l’échelle mondiale

Ainsi que le montre la figure 1, cette évolution est principalement due au recul de la pollution de l’air intérieur. En effet, contrairement aux idées reçues, ce fléau n’est pas né avec la civilisation moderne. Il accompagne l’humanité depuis la nuit des temps. Dans son ouvrage sur l’histoire de la pollution, l’historien John R. Mcneill rappelle que la domestication du feu et la fumée qui en résulte engendrèrent les premières formes de pollution de l’air intérieur. Depuis les temps préhistoriques, l’usage de bois en guise de combustible pour se chauffer et cuisiner est source de pollution. Cette pollution est attestée par l’existence de couches épaisses de suie qui recouvrent les murs des cavernes ainsi que la noirceur des poumons que l’on retrouve parmi les corps momifiés de l’ère paléolithique.

La pollution de l’air intérieur continue de hanter les sociétés antiques et médiévales. Les huiles végétales et animales sont brûlées pour obtenir de la lumière. On chauffe les maisons et on fait la cuisine en brûlant du bois ou de la bouse séchée. Mais tous ces matériaux produisent une vaste quantité de suie et de gaz toxiques. Ce n’est qu’avec la modernité industrielle que ces fléaux sont progressivement relégués à l’état d’exception. En effet, la modernité et le développement apportent avec eux des combustibles et des énergies plus propres (gaz et électricité) qui remplacent les combustibles solides traditionnels (résidus agricoles, bois et bouse séchée). La distribution spatiale du taux de décès dus à la pollution de l’air intérieur atteste qu’elle est une nuisance typique des sociétés sous-développées.

Figure 2 : Distribution spatiale des décès dus à la pollution de l’air intérieur

Figure 2 : Distribution spatiale des décès dus à la pollution de l’air intérieur

La diminution du taux de victimes des pollutions de l’air extérieur est moins significative mais est bel et bien attestée (figure 3)

Figure 3 : Taux de décès liés aux pollutions de l’air extérieur à l’échelle mondiale

Figure 3 : Taux de décès liés aux pollutions de l’air extérieur à l’échelle mondiale

Là encore, la distribution spatiale de ces décès suggère que cette nuisance tend à diminuer avec le développement économique (figure 4). Cette tendance s’explique par le fait que les pays riches disposent de sources d’énergie plus propres et ont les moyens de s’imposer des normes plus strictes pour filtrer les particules fines émises par les équipements domestiques, industriels ainsi que les véhicules. Ainsi, même un pays comme la Chine – réputé être le pays le plus pollué du monde – connaît des progrès substantiels en la matière (figure 5).

Figure 4 : Distribution spatiale des décès liés à la pollution de l’air extérieur

Figure 4 : Distribution spatiale des décès liés à la pollution de l’air extérieur

Figure 5 : Evolution du taux de décès liés aux pollutions de l’air extérieur en Chine

Figure 5 : Evolution du taux de décès liés aux pollutions de l’air extérieur en Chine

Les pays qui connaissent une progression des victimes de la pollution de l’air extérieur se situent principalement en Afrique, où la modernité technicienne pénètre peu à peu les modes de vie locaux (figure 6). Toutefois, cette évolution est “rééquilibrée” par la diminution des pollutions de l’air intérieur pour les raisons que nous avons évoquées (figure 7). Au vu de l’expérience des pays développés, on peut donc raisonnablement penser que ce n’est qu’une question de temps avant que la pollution de l’air extérieur se mette à chuter dans ces régions-là. Loin d’être une source d’intoxication, il semble que le développement industriel et le progrès technique demeurent les clefs d’un air toujours plus respirable.

Figure 6 : Taux de décès liés à la pollution de l’air extérieur en Afrique subsaharienne

Figure 6 : Taux de décès liés à la pollution de l’air extérieur en Afrique subsaharienne

Figure 7 : Taux de décès liés à la pollution de l’air intérieur en Afrique subsaharienne

Figure 7 : Taux de décès liés à la pollution de l’air intérieur en Afrique subsaharienne

Références :

Something New Under the Sun : An Environmental History of the Twentieth- Century World (Global Century Series) | J. R. Mcneill

Figure 1 : Taux de décès dus à la pollution de l’air à l’échelle mondiale
Figure 1 : Taux de décès dus à la pollution de l’air à l’échelle mondiale
Figure 2 : Distribution spatiale des décès dus à la pollution de l’air intérieur
Figure 2 : Distribution spatiale des décès dus à la pollution de l’air intérieur
Figure 3 : Taux de décès liés aux pollutions de l’air extérieur à l’échelle mondiale
Figure 3 : Taux de décès liés aux pollutions de l’air extérieur à l’échelle mondiale
Figure 4 : Distribution spatiale des décès liés à la pollution de l’air extérieur
Figure 4 : Distribution spatiale des décès liés à la pollution de l’air extérieur
Figure 5 : Evolution du taux de décès liés aux pollutions de l’air extérieur en Chine
Figure 5 : Evolution du taux de décès liés aux pollutions de l’air extérieur en Chine
Figure 6 : Taux de décès liés à la pollution de l’air extérieur en Afrique subsaharienne
Figure 6 : Taux de décès liés à la pollution de l’air extérieur en Afrique subsaharienne
Figure 7 : Taux de décès liés à la pollution de l’air intérieur en Afrique subsaharienne
Figure 7 : Taux de décès liés à la pollution de l’air intérieur en Afrique subsaharienne

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3 commentaires

Housseman 21 janvier 2020 - 11:48

Pourquoi les victimes de la pollution de l’air diminuent à travers le monde
J'ai apprécié l’article, mais dans 100 ans que fera -t-on des déchets nucléaires qui produisent l’électricité…"En effet, la modernité et le développement apportent avec eux des combustibles et des énergies plus propres (gaz et électricité) qui remplacent les combustibles solides traditionnels (résidus agricoles, bois et bouse séchée)".

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userN4 23 janvier 2020 - 10:50

Les polluants comme le plomb, l'amiante, les PCB, les microparticules sont-ils considérés dans ces études? Dans quelle mesure peut-on distinguer l'origine de certains polluants provoquant des maladies similaires (eau vs air vs nourriture)
La réduction du taux de mortalité n'est pas forcément une conséquence directe de l'amélioration de la qualité de l'air, cette étude pourrait mettre en parallèle l'amélioration de la prévention et des traitements liés aux polluants à ces taux de mortalité, qu'en pensez-vous?

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HB 26 janvier 2020 - 4:57

Bonjour, j’ai longtemps imaginé des montagnes de déchets à entendre les médias et autres prophètes de l’apocalypse qui ont en commun de ne citer aucun chiffre. Et pour cause ! Chaque année environ 60 tonnes de déchets de combustion (produits de fission et actinides) sont extraits pour les 58 réacteurs en fonctionnement en France. Ces « cendres nucléaires » représentent seulement un gramme par Français et par an pour produire 75 % de leur électricité…

Ils sont ensuite incorporés à une pâte de verre coulée dans des fûts d’acier entreposés dans des fosses bétonnées. La chaleur engendrée par la radioactivité est évacuée par convection ou ventilation pendant quelques dizaines d’années. Ensuite, la radioactivité ayant suffisamment diminué, le stockage définitif sera entrepris.

Après conditionnement à l’usine de la Hague, il reste annuellement 320 m3 seulement de ces fûts d’acier. Les déchets nucléaires de haute et moyenne activité à vie longue conditionnés et en attente de stockage géologique définitif représentent donc 0,5 centilitre par an et par Français. Pour fournir 75% de l’électricité consommée y a-t-il une alternative plus propre ? Pas à mon sens. Du moins pas en 2020. Cordialement. HB

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