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Pour en finir avec « les procès politiques » en France

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Les uns après les autres, « les procès politiques » (ils en ont l’odeur et la manière), impulsés avec ardeur par l’Exécutif et l’appareil judiciaire, se terminent en « non évènement ».
Une déroute que ces initiateurs zélés s’efforcent de rendre médiatiquement la plus silencieuse possible…
Ce qui ne saurait toutefois échapper à tout observateur attentif, à même de comprendre ce jeu pervers et d’en tirer les leçons.

Tour à tour en effet, après des années d’acharnement meurtrier pour leur vie privée et professionnelle, l’ancien chef de l’Etat et ses collaborateurs, Christine Lagarde, Eric Woerth et maintenant François Pérol viennent d’être relaxés.

Sous le regard de l’opinion incrédule, les quelques larmes que n’a pu retenir l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée, lors du prononcé de son jugement, ont permis de mesurer les tensions extrêmes que ces procédures engendrent avec les dommages collatéraux, notamment pour les famille qui les accompagnent.

Dans l’émotion, un éclair d’humanité a traversé l’Instance, accompagnant cette dignité retrouvée par un homme, victime d’une double peine, médiatique et judiciaire.
Tout ça pour ça, s’est étonné le bon peuple qui n’y comprend plus rien, conforté dans ses certitudes qui font des acteurs politiques et des institutions, des « tous pourris », avec des conséquences ruineuses pour la démocratie, engendrant une forme de malaise collectif qui s’ajoute au pessimisme ambiant.

Dans cette actualité bouillonnante, émergent pourtant, par exception, des personnalités discrètes qui s’affirment par leur indépendance d’esprit et d’action, perpétuant ainsi les valeurs des Lumières et Républicaines : égalité devant la loi, présomption d’innocence, secret de l’instruction…..

Ainsi, un petit juge, Permane Ghaler-Marzban, a su résister à toutes les pressions dans le procès Pérol et tenir compte du contexte très particulier d’une implication forte du chef de l’Etat de l’époque, dans les affaires financières, pour s’en tenir à « l’analyse factuelle des faits » et « dire le droit ».

En rétablissant François Pérol « non coupable des accusations de prise illégale d’intérêt » dans son honneur, comme dans sa légitimité (que ses collaborateurs lui ont jamais contestée), ce juge vient de donner à l’appareil judiciaire une nouvelle crédibilité.
Par ce jugement « évacuant le piège des préjugés » et la condamnation politique et de l’opinion, ce juge vient de démontrer qu’en dépit des ravages pour l’image de la magistrature qu’a engendré l’épisode « du mur des cons », il restait de l’espace pour l’indépendance et la résistance dans cette noble profession.

Las ! le procureur national financier annonçait dans le même temps, qu’il ferait appel……au nom sans doute de l’indépendance totale de la justice au Politique …
L’histoire continue donc, l’humiliation était trop forte car comme le notait Jacques Juilhard « …il existe à gauche une tendance à la chasse à l’homme…. »

Aussi pour en finir avec la persistance de ces procès politiques, il convient de traiter deux urgences, n’en déplaise au Président de l’Assemblée Nationale, pour qui «….il y a des choses qu’il ne faut pas dire….. »

La première concerne la sphère médiatique qui pourrait s’interroger sur la pratique qui consiste à faire la une du 20 heures, à chaque mise en examen, puis à couvrir, à minima, l’information sur les fins heureuses de ces procès douteux. Est-ce bien équitable ?
La seconde se situe dans le camp du législateur qui devrait pouvoir se demander s’il est logique d’entretenir cette cohabitation du corporatisme syndical d’une partie de la magistrature avec l’exigence d’indépendance et d’impartialité de cette noble profession.

La sérénité des débats franco-français y gagnerait beaucoup, de même qu’une forme d’apaisement dans la Société civile.

Jean-Louis CHAMBON
Président fondateur du Cercle Turgot

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LEXXIS 9 novembre 2015 - 10:12

DES PROCES ONEREUX
Bien que personne ou presque n'insiste sur cet aspect des choses, ces procès politiques, encore plus que d'autres, ont un coût. Or au regard des moyens matériels et humains mis en oeuvre, de l'acharnement qui s'y déploie, du nombre et de la complexité des expertises poursuivies, de la longueur ordinaire des procédures, de la fréquence des recours, on ne peut raisonnablement douter que ce coût soit élevé. On a vu tout récemment encore qu'une juge n'a pas craint de faire discrètement dépouiller sur une année entière l'activité téléphonique d'un ancien Chef de l'Etat pour conclure in fine que cette mesure d'instruction était parfaitement vaine, alors qu'en même temps la Chancellerie n'a pas les moyens de renouveler à temps les cartouches de ses télécopieurs ou de ses imprimantes.

Bref à un moment ou à un autre, vu le nombre et la succession rapprochée de ces procès politiques qui se terminent par la conclusion qu'il n'y avait pas lieu à poursuite, le justiciable, tout comme le contribuable, sont amenés à se poser de sérieuses questions sur les choix de l'institution et sur ses réelles priorités. Certes tous les Gardes des Sceaux ne cessent de se plaindre qu'ils manquent cruellement de crédits et montent régulièrement en exergue des comparaisons avec l'étranger qui semblent effectivement leur donner raison.

Mais enfin, quand on n'a pas le sou et tant qu'on n'a pas le sou, on ne vit pas sans compter et l'on scrute avec beaucoup d'attention l'opportunité et la pertinence d'engager et de poursuivre des actions incertaines, surtout quand on sait par avance qu'elles seront longues et coûteuses. Alors que de nombreux justiciables voient différer leurs affaires au-delà du raisonnable, ils ne peuvent que s'étonner de la priorité donnée à ces grand-messes trop souvent stériles et qui montrent malheureusement quel fossé peut séparer la haute diction du droit de la saine gestion d'une Administration. Et ce n'est certes pas l'extravagante révélation du recours régulier depuis plus d'une décennie à une horde de quelque 40 milliers de travailleurs (quasi) clandestins qui va arranger les choses, Place Vendôme!

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