Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

Journal des Libertes
anglais
Accueil » Margrethe Vestager, fossoyeur de la concurrence et de l’innovation en Europe

Margrethe Vestager, fossoyeur de la concurrence et de l’innovation en Europe

par
246 vues

Qu’est-ce que la concurrence ? De l’incompréhension de cette notion découle une multitude de maux. Historiquement, la concurrence désigne l’état ou le processus qui résulte du droit de chacun d’entreprendre et de passer librement des contrats, sans souffrir de quelconques entraves réglementaires et fiscales.

Ainsi conçue, la concurrence s’oppose au monopole, lequel ne désigne pas tant la prééminence de quelques acteurs sur leur segment de marché que l’existence de privilèges gouvernementaux qui restreignent le droit d’accéder à une profession.

Cette définition du monopole n’a pas complètement disparu. Lorsque nous parlons du monopole des taxis ou de la pharmacie d’officine, nous ne sous-entendons pas que ces marchés se caractérisent par la présence d’une seule entreprise. Nous décrivons plutôt le fait que l’accès à ces professions est partiellement verrouillé par la classe des législateurs et des bureaucrates.

Hélas, c’est aujourd’hui une tout autre conception de la concurrence qui prévaut dans la tête des décideurs et qui tend à dénaturer voire à liquider cette définition historique. Nul ne le dit mieux que Margrethe Vestager. Dans une interview accordée au Point, la Commissaire européenne à la concurrence donne le ton : « Nous n’avons jamais prôné le laisser-faire ou le marché libre ».

Voilà qui permet de mettre fin aux préjugés qui dépeignent l’Union européenne comme le temple de la liberté des échanges. Finalement, Bruxelles a fini par adhérer à une lecture dirigiste de la concurrence où la liberté des échanges est subordonnée à l’appréciation discrétionnaire de quelques fonctionnaires. C’est ainsi que la fusion Siemens-Alstom fut torpillée par les services de Mme Vestager au nom de la prétendue faculté des bureaucrates bruxellois à déterminer la taille optimale d’une entreprise.

À rebours de la liberté des échanges, la définition officielle de la concurrence est également teintée d’égalitarisme anti-capitaliste. Dans son ouvrage sur le libéralisme, l’économiste Pascal Salin souligne l’inconsistance de ce raisonnement :

« Or, il est amusant de constater que cette conception courante de la concurrence est elle-même incompatible avec un autre usage courant de ce même mot. Quand on dit en effet que des sportifs sont en concurrence pour gagner une première place, on n’envisage absolument pas – bien au contraire – qu’ils puissent être sur un pied d’égalité, c’est-à-dire qu’il y ait un grand nombre de sportifs réussissant exactement les mêmes performances, sans qu’aucun ne puisse avoir une « position dominante ». En réalité, quand on évoque des situations de concurrence entre des sportifs dans un championnat – ou des élèves dans une classe – on songe à l’effort que chacun fait pour se différencier des autres et obtenir 187 une place prééminente. Et c’est précisément cette conception de la concurrence qui seule a un sens. »

La concurrence n’est donc pas menacée par la capacité d’une firme à conquérir toutes les parts de marché pour une industrie donnée. L’expérience suggère d’ailleurs que les parts de marché d’une entreprise à un instant T ne disent absolument rien de ses performances futures. Seuls les consommateurs sont fondés à désigner les gagnants et les perdants sur un marché donné. En oubliant cette leçon fondamentale, la politique de concurrence est devenue un instrument arbitraire de sélection des gagnants subordonné aux caprices du prince et de l’opinion publique.

Une politique de concurrence dirigiste ne peut que nuire à l’innovation et aux incitations à entreprendre. Par exemple, le contrôle des acquisitions des GAFAM implique de réduire la quantité d’acheteurs potentiels pour les entrepreneurs qui fondent des starts-up dans l’espoir de séduire des grosses entreprises. Ce n’est pas en réduisant les gains potentiels des entrepreneurs de demain que nous laisserons émerger une économie dynamique et compétitive.

Si Mme Vestager souhaite réellement renforcer la concurrence en Europe, elle devrait prendre position contre les véritables barrières réglementaires et fiscales qui verrouillent l’accès à de nombreuses professions : les métiers protégés, les monopoles d’État (notamment en matière d’assurance sociale), les monopoles privés, les obstacles techniques et réglementaires au commerce. Hélas, de ces monopoles nous n’entendrons jamais parler. Il est vrai que la perspective de leur démantèlement ne suscite pas le même enthousiasme que celui que génèrent les nobles postures européennes contre les viles multinationales américaines.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

2 commentaires

zelectron 26 novembre 2019 - 3:10 pm

stage de mise à niveau
En tout bien tout honneur il est nécessaire que Mme Vestager exécute un stage de son choix : remuer la bouse de vache dans une ferme "moyenne" ou bien dans un atelier de tournage fraisage à remuer le cambouis et ce pour un mois complet sans dérogation. (ou bien 15 jours dans l'une et idem dans l'autre)

Répondre
Jean-Guy Giraud 26 novembre 2019 - 5:34 pm

L'UE protège la libre concurrence
L'UE a pour mission de garantir l'exercice d'une concurrence libre et non faussée au niveau européen et dans l'intérêt final tant des entreprises que des consommateurs. La concurrence peut-être faussée par les entreprises elles mêmes (trusts, cartels, ententes, etc …) ou par l'Etat (aides, monopoles, etc …). L'UE ne s'intéresse qu'aux cas qui peuvent affecter le commerce entre les États membres et donc fausser la concurrence dans le marché intérieur européen. La Commission prend ses décisions sous le contrôle de la Cour de Justice européenne.

Répondre