Les fonds de pension – quand on sait de quoi il s’agit – ont bel et bien recommencé à gagner de l’argent dès 2009 : + 8 %. Et l’avenir leur sourit plus que jamais. Pourtant, la propagande anti-capitalisation a fait croire qu’avec la crise les fonds de pension étaient en faillite. Erreur, volontaire ou pas, dénonce Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF .
Capitalisation, fonds de pension : mots tabous, termes exclus du débat et de la loi sur la réforme des retraites. La désinformation sur la finance, la Bourse a fait son œuvre. Rarement un secteur économique aura été aussi méprisé, critiqué et – surtout – méconnu. La retraite par capitalisation et les fonds de pension font partie de ces mythes que leurs détracteurs utilisent comme bon leur semble.
Il est vrai que la crise a été l’occasion idéale au service des adversaires de la capitalisation pour multiplier leurs attaques : « Vous voyez, ont-ils dit, la Bourse s’effondre et les retraités se retrouvent sans rien ! ». Les cours de la Bourse sont-ils en baisse ? La bourse ruine les épargnants. Mais ce n’a pas été le cas. Le CAC 40 a retrouvé le niveau de 4.000 points qu’il avait il y a deux ans. Mais cette hausse est également stigmatisée : « Libération » du 10 novembre associe la hausse du CAC à la baisse des emplois.
En réalité, ceux qui ont eu la sagesse de garder leurs portefeuilles ont échappé à l’effondrement de l’an dernier, et les boursicoteurs qui se sont trompés sont aussi ceux qui avaient beaucoup gagné avant 2008.
Mais, de toutes façons, les fonds de pension et la capitalisation n’ont rien à voir avec la spéculation à court terme. Un fonds de pension ne doit pas être confondu avec un simple trader. Un fonds de pension est une véritable institution. D’ailleurs, on le classe parmi les « investisseurs institutionnels ».
Ne pas confondre avec les fonds de pension des entreprises
Parmi les fonds de pension, il faut aussi distinguer entre les grands fonds de pension qui regroupent des souscripteurs très différents et les fonds de pension des entreprises. La confusion qui existe entre les deux a donné beaucoup de munitions aux détracteurs des fonds de pension.
Si l’on évoque par exemple le scandale des pensions des employés de la firme Enron qui a fait faillite en décembre 2001, on ne peut en déduire l’échec général des fonds de pension ni les risques encourus par des salariés assurés par leurs entreprises. Tout d’abord, il y a eu des magouilles comptables atteignant des proportions jamais vues jusque-là. D’autre part, les retraites des salariés d’Enron faisaient partie du fonds de pension de l’entreprise elle-même, qui avait donc toute possibilité de les gérer à sa manière. Comme dans l’affaire Maxwell il était possible, et bien sûr malhonnête, d’utiliser le fonds de retraite pour équilibrer les comptes de la société ! C’est donc à juste titre que l’affaire Enron a soulevé l’indignation, mais cette malversation, qui a spolié les salariés (auxquels l’entreprise avait fait bien évidemment des promesses mirobolantes pour leurs retraites), ne préjuge en rien de la moralité ni de l’efficacité des fonds de pension. Il faut simplement se dire que les fonds de pension d’entreprises ne sont pas le meilleur choix pour garantir de bonnes retraites, puisque leur sort est étroitement lié à celui de l’entreprise elle-même. Les fonds d’entreprise ont été surtout utilisés par les compagnies américaines désireuses d’attirer du personnel par une sorte d’avantage en nature, consistant à offrir une retraite supérieure à celle que propose un fonds de pension « classique ».
En effet, un fonds de pension « classique » diversifie énormément ses investissements et prend donc un minimum de risques. De plus, ce sont des investissements à long terme : 25-30-40 ans. Ceci assure une bonne rentabilité aux placements et une sécurité presque totale. Comme l’ont rappelé Jacques Garello et Georges Lane dans leur ouvrage sur « Futur des Retraites et Retraites du Futur » (tome 1, pp.148-149), il n’y a pratiquement plus aucun risque de perte pour un investissement boursier qui est suivi pendant 20 ans, sa sécurité est supérieure à celle des emprunts d’Etat.
Fonds de pension : + 8.2 % de croissance en 2009
Une étude du Cabinet Tower Watson qui vient de paraître démontre que les peurs et l’hystérie anti-capitalisation des politiques bien-pensants et d’une partie des médias sont infondées. Les 300 grands fonds de pension mondiaux totalisent environ 11.3 trillions de dollars. Après avoir perdu 12.6 % de la valeur des actifs en 2008 et en pleine crise, les fonds de pension en ont gagné 8.2 % en 2009. Les 20 premiers fonds de pension qui représentent 39.3 % des placements ont réalisé des résultats supérieurs aux attentes : + 6.2 % en 2009. Pour rappel, les fonds de pension ont connu une croissance de 34.4 % entre 2004 et 2009 et de 58.2 % entre 2003 et 2008. La moitié des fonds de pension sont américains et britanniques. Les autres fonds sont canadiens (20) australiens (15), néerlandais (13), japonais (18), allemands (13), danois (9), suédois (7), suisses (12)… La France est bien dernière avec un seul fonds…
Ignorer l’importance de la capitalisation et des fonds de pension dans une réforme des retraites est la preuve d’une totale méconnaissance du monde d’aujourd’hui et des systèmes de retraite des autres pays où le « pilier » par capitalisation prend une place de plus en plus importante. Dans ce domaine aussi, la France vient de perdre une bataille…
2 commentaires
Attention !
La hausse des actions en 2009-2010 est largement due aux montagnes de liquidités introduites par la Fed dans le système bancaire et aux plans de relances dans beaucoup de pays.
Méfiez-vous que :
1) Peut-être n’avons-nous encore rien vu en matière de baisse des bourses. Après la crise de 29 en 1930 le DJ avait repris près de 50% (de 199 à 294) pour ensuite s’effondrer de 7 fois sa valeur (à 41) à la mi-1932.
2) La banqueroute menace beaucoup d’États et il ne fera pas bon en détenir les obligations le jour du moratoire.
Même si l’histoire ne se répète pas, à la place des gestionnaires de fonds de pensions, je fera attention à tout cela.
Fonds de pension institutionnels
D’abord, les dirigeants des grands fonds de pension ne sont pas nécessairement des imbéciles, et ils ont souvent une éthique. Ensuite, garantir des pensions par des prélèvements fiscaux, c’est supposer que le pays ne fera aucun faux-pas dans sa gestion financière, comme les pays actuellement surendettés. Et que les contribuables seront d’accord pour sacrifier leur train de vie au profit des retraités… C’est faire beaucoup confiance aux politiciens!