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L’Etat potentat

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La machine étatiste veut tout saisir, diriger, surveiller, contraindre. L’argent public contrôle déjà une majorité de la richesse nationale : les dépenses publiques représentent 56% du PIB. Une partie de ces dépenses consiste à payer les agents de la fonction publique ou des investissements publics, mais une autre partie sert à assister des personnes physiques ou subventionner des personnes morales comme les associations, les écoles, les entreprises…

En échange l’Etat, oublieux que cet argent est en fait celui des contribuables, impose sa façon de penser et de se comporter, il multiplie les obligations et les sujétions comme prix à payer de la manne publique. Il veut ainsi modeler la société selon ses critères idéologiques. C’est un collectivisme pernicieux et beaucoup plus efficace que l’ancien communisme qui nécessitait des comités populaires à chaque coin de rue et des goulags. Il est plus dangereux parce que plus insidieux, sournois.

Nous sommes conditionnés

Les Français peuvent se faire payer par l’Etat une partie des réparations de leurs vêtements ou de leurs appareils ménagers, mais ils doivent s’adresser à des entreprises labellisées et… plus chères. Ils peuvent obtenir des aides pour la rénovation de l’habitat, à laquelle on les oblige sauf à ne pouvoir louer leurs logements ou bientôt les vendre, mais ils devront appliquer les normes requises. Ils sont incités par des bonus à acquérir des véhicules électriques qui ne peuvent pas encore parcourir de grandes distances. Dans les messages publicitaires des entreprises privées, l’Etat impose d’insérer, à leurs frais, des slogans en forme de propagande pour faire rentrer dans les têtes la manière dont il faut se nourrir ou se déplacer… Nous sommes conditionnés, infantilisés, abêtis de tant assistance.

La majeure partie des aides que l’UE accorde aux agriculteurs est liée au respect de l’environnement, de la santé des végétaux, du bien-être des animaux, dans des conditions définies par les technocraties européenne et française. L’agriculture biologique est sur-subventionnée. Les associations ne le sont pas moins, mais il leur est demandé en contrepartie de signer un contrat d’engagement républicain que les dirigeants, salariés, membres et bénévoles seront tenus de respecter, sous leur responsabilité (décret n° 2021-1947 du 31 décembre 2021). Une obligation si excessive qu’elle est rarement appliquée ! Peu à peu, le privé est soumis au secteur public, ou supprimé.

Les établissements privés en sursis

Le 2 avril a été publié le rapport parlementaire de deux députés, Paul Vannier (LFI) et Christopher Weissberg (Renaissance) sur l’école privée. Ils s’insurgent contre l’importance des dépenses des établissements privés pris en charge par l’Etat et les collectivités locales à raison de, respectivement, 8,2 et 1,8 Md€. Ils formulent 55 propositions pour contrôler beaucoup plus souvent leur gestion financière, leur pédagogie ou la formation des enseignants, pour assurer la mixité sociale sous peine de sanction financière… Comme la Cour des comptes le demandait déjà dans un rapport de juin 2023, ils veulent soumettre « l’enseignement privé sous contrat aux objectifs poursuivis par l’État ».

L’enseignement privé sous contrat regroupait à la rentrée 2022 plus de 2 millions d’élèves, soit 17,6 % des effectifs scolarisés, dans un peu plus de 7 500 établissements. Selon le ministère de l’Education nationale, en 2019, la dépense moyenne en France par élève du premier et second degrés était de 8 400 euros. Les élèves du privé ne coûtent que 5 500€ par an à l’Etat. L’école privée lui fait donc économiser 6 Md€ par , et il en a bien besoin. L’acharnement à l’encontre du « privé » n’est donc qu’idéologique.

C’est pire avec les universités catholiques. Leurs étudiants coûtent 40% moins cher que ceux des universités publiques, et 95% de moins à l’Etat, mais elles n’ont pas le droit de délivrer leurs diplômes. L’université publique aimerait qu’elles disparaissent et milite pour que leurs rares crédits publics (moins de 10% de leurs budgets) soient réduits sinon supprimés.

De même le ministère de la Santé, dirigé par l’ancien président de l’hospitalisation publique, cherche à fermer les cliniques en leur refusant une augmentation des  tarifs qu’il accorde cette année pour près de 5% aux hôpitaux publics.

L’Etat jaloux

L’Etat est jaloux du privé qui fonctionne mieux que lui. Jaloux de l’école privée devant laquelle les parents font la queue, jaloux des cliniques qui parviennent à mieux rémunérer leur personnel et faire du profit malgré des tarifs inférieurs à ceux du public.

Pourtant, il n’y a aucune raison pour que l’argent public n’aille qu’« à l’école publique » comme le réclament divers syndicats et associations. L’argent public est fait pour tous. L’Etat n’est pas justifié à dicter les conditions d’accès ou d’exclusion des écoles privées. Il ne veut le faire d’ailleurs sans doute que pour affaiblir les succès des écoles privées.

L’Etat ferait mieux d’assurer une gestion plus efficace et plus économe de ses écoles et de ses hôpitaux avant d’aller critiquer les établissements privés. Il n’a pas à intervenir là où le secteur privé répond aux besoins d’éduction ou de santé. Et sous réserve du respect par tous de la loi, il n’a pas à s’immiscer dans la gestion de ces établissements. La justice serait qu’à égalité de prestation, les services privés ou publics bénéficient des mêmes crédits d’Etat par élève ou par patient. Un bon scolaire attribué aux parents ou éducateurs, qu’ils reverseraient à l’établissement de leur choix, public ou privé, permettrait tout à la fois l’égalité et la liberté. Mais beaucoup ne revendiquent l’égalité que lorsqu’elle leur profite.

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9 commentaires

Roven 8 avril 2024 - 8:04

Incapable de gérer correctement, la caste technocratique cherche à supprimer les comparaisons qui lui sont défavorables en tuant les privés qui font mieux que lui, en accompagnant le tout de propagande pour justifier cette dissimulation honteuse. D’où la guerre médiatique engagée contre CNews notamment, afin de laisser le champ libre à la TV d’État devenue un moyen de limiter le désastre attendu aux élections européennes. Les français deviendraient-t-ils enfin lucides sur les méfaits de cette caste ?

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Broussard 8 avril 2024 - 8:22

Je ne vais pas cracher dans la soupe puisque j’en profite, mais le plus important poste de dépenses de l’État n’est-il pas,
si je l’ai bien lu quelque part, celui des retraites de ses -anciens, tous corps confondus- fonctionnaires et assimilés ?
merci de me le confirmer.
Christian B.

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Nicolas Lecaussin 8 avril 2024 - 11:28

Tout à fait

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Pascal Collardey 8 avril 2024 - 8:40

Tout cela est hélas parfaitement pertinent et on ne voit pas vraiment la fin de cet envahissement sans limite de l’Etat en France.

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Dupond 8 avril 2024 - 11:21

çà ne sert à rien de faire ce constat si dans un même temps on ne dénonce pas les responsables politiques de ce désastre. 6 millions d’agents publics majoritairement représentés chez les élus à tous les échelons.
Le système communiste c’est transformé en défenseur du climat avec acharnénement Personne n’est responsable des décisions calamiteuses prises par les dirigeants de tous bords. Constater est une chose ,dénoncer serait mieux
Les citoyens roturiers ,de la plèbe sont exclus de la nomenclatura dirigeante.

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Dugas 8 avril 2024 - 4:32

Merci de dire la vérité!

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Lanza 9 avril 2024 - 9:27

Il faut simplement se souvenir de tout ça avant d’aller voter et surtout il faut aller voter plutôt que de pêcher le goujon ce jour là

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DEL 14 avril 2024 - 7:01

En effet, l’Etat ne fonctionne pas comme il devrait. Il s’endort sur ses lauriers, critique à tout va ceux qui gèrent bien leur affaire mais n’est pas capable de faire aussi bien et tant qu’il ne prendra pas conscience qu’il est dans l’erreur nous subirons le fardeau d’une mauvaise gestion.

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AlainD 9 avril 2024 - 12:50

Vous avez raison monsieur DELSOL, l’Etat prétend s’occuper de tout et surtout de tout contrôler, c’est un peu comme dans 1984, la réalité est en passe de dépasser la fiction. Pourtant la gestion n’est pas fameuse c’est le moins que l’on puisse dire : 3.100 mds de dette quelle performance ! Cependant je voyais récemment une « économiste » distinguée -dirigeante d’un think tank – qu’il allait falloir s’habituer au déficit (c’est le cas depuis 40 ans) et à la dette car nous sommes loin derrière les Japonais qui seraient à 215 % de leur PIB !!!
J’ai noté que la dame, très docte, était passée par la Direction du Trésor. Ceci explique peut être cela…

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