La Commission européenne veut nous protéger des robots ! Un Rapport digne des meilleurs films de science-fiction prévoir le pire pour l’humanité. Et si l’on laissait faire l’innovation!
Effarant le rapport que la commission européenne a publié la semaine dernière ! Entre I robot et Terminator, les commissaires craignent le pire mais ils sont là pour nous protéger !
Dès l’introduction, on comprend tout l’enjeu :
« La création d’un tel texte évolutif est justifiée dans certains secteurs du droit, mais apparaît surtout pertinente pour affronter les grandes questions éthiques auxquelles l’homme sera confronté »
Les propositions de loi contenues dans ce rapport seront donc fondées sur l’imagination des rapporteurs. C’est un concept intéressant. En revanche, on n’a pas requis l’avis des concepteurs ou chercheur en robotique. Si la commission s’était donnée cette peine, peut-être aurait-elle appris que ses délires sont loin, très loin de se concrétiser. Alors que la puissance de calcul des ordinateurs, âme des robots pour filer la métaphore techno-européenne, se développe exponentiellement, un robot a encore du mal à marcher ou à serrer un objet sans l’écraser… Leurs cauchemars n’arriveront pas de sitôt.
« Ce sera avec une machine dotée de capacités évoluées que l’homme travaillera, collaborera, interagira, se distraira, vivra, aimera peut-être… » écrit la Commission.
Tant et si bien que l’on se demande s’il s’agit d’un rapport de Strasbourg ou d’une copie d’une élève rêveuse de 5ème… Pour l’heure, les seuls robots autonomes sont des aspirateurs qui réussissent l’exploit d’éviter des objets et de se charger seul…
De ce fait « La société devra repenser la place de l’homme face à ces technologies ». C’est bien aimable d’anticiper mais probablement chacun le fera au fur et à mesure. Il est illusoire de prétendre savoir à quoi serviront les robots dans 10 ou 15 ans. Le propre d’une invention révolutionnaire, c’est que personne ne l’imaginait avant. Et donc la société se débrouillera probablement très bien sans la commission pour « repenser » sa place si tant est qu’elle ait à le faire.
Après avoir abordé le sujet crucial du droit d’auteur pour les futurs robots créateurs, enfin, une vraie question est posée, celle de la responsabilité civile. Mais elle ne nécessite en aucun cas une réponse a priori qui ne serait qu’une vaste approximation.
Et puis la folie reprend, avec ce coup-ci l’invocation d’Iron Man : « Il suffit de penser aux seules perspectives qu’ouvrirait la découverte d’une source énergétique miniature et de longue durée permettant d’assurer une autonomie énergétique aux microrobots et nanorobots ». Il s’agirait peut-être d’un robot doté d’une éolienne gigantesque sur la tête ? Il est presque décevant que nos commissaires n’évoquent pas plus clairement les images qui hantent leurs pensées.
Après la littérature, on aborde la psychologie en apprenant plus loin que, contrairement aux habitants des pays d’Extrême-Orient, les occidentaux auraient peur des robots, marqués qu’ils sont par le mythe du Golem, entre autres :
« Au regard du fonds culturel commun irriguant tout l’inconscient collectif occidental, la notion de « robot intelligent » pourrait provoquer des réactions négatives, défavorables au développement de l’industrie robotique) »
Puis on nous parle de mangas et de shintoïsme qui permettrait aux asiatiques de mieux appréhender le robot.
Nous croulons sous les normes et les lois actuelles, mais eux veulent déjà préparer le terrain avec 10, 15, 25 ans d’avance au gré de leur propre imagination.
Mais finalement, on en arrive au point qui justifie toute cette esbroufe : les robots, supplantant l’homme, pourraient faire disparaitre des emplois ! C’est une évidence ! Comme disait Alfred Sauvy : « En remplaçant les chauffeurs de camion par des conducteurs de brouettes, l’emploi serait multiplié par deux mille cinq cents ». On reste pantois de tant de lieux communs. Ce serait « des milliards d’êtres humains oisifs » que les robots supporteraient (clin d’œil au film d’animation Wall-E ?).
Vient donc l’aide tant attendue de l’Etat : « D’un point de vue économique, il paraît opportun de faire en sorte de développer la robotique en Europe, en accroissant les aides aux entreprises, en guidant les jeunes vers des formations adaptées, en accordant des financements aux universités, etc ». Pourtant, jusqu’à maintenant, la robotique s’est bien passée de cela et les jeunes se passeront aisément de guide en matière de technologie, quand bien même il sedrait préparé par Bruxelles ! Mais la robotique apparaît comme « un facteur de relance économique », donc, l’Etat qui va nous protéger des dangereux robots va aussi nous permettre d’en profiter à bon escient. Nous n’avons pas de mot pour exprimer notre gratitude.
Cependant, il est vrai, le papier émet la timide hypothèse que, peut-être, les gens réussiraient à s’adapter, et que de nouveaux emplois apparaitraient. Mais quand bien même ce miracle improbable adviendrait, ne serait-ce pas toute « une génération qui serait perdue », dépassé par ces robots, incapable de s’adapter, et dont la formation serait alors inutile ? Qu’à cela ne tienne, il faut mettre les universités en avant, « en leur accordant les moyens nécessaires pour anticiper l’évolution et adopter une position innovante ». Encore une fois, merci, mais les universités n’ont probablement pas besoin de la commission pour cela.
Enfin, après avoir finement remarqué que les lois d’Asimov sont une base romanesque, le rapport ne peut s’empêcher de déraper encore dans l’ubuesque : « Enfin, et surtout, si le robot devait un jour être conscient, étant par nature plus puissant, plus rapide, plus intelligent, plus parfait et presque immortel, l’humanité telle qu’elle existe serait vouée à péricliter, voire à être anéantie en application de la loi naturelle classique qui veut qu’une espèce inférieure disparaisse au profit d’une espèce supérieure ». Encore une fois, heureusement que les commissaires européens veillent !
Après tout cela, il est étonnant de lire dans la troisième partie que « En réalité, les partisans de la personnalité juridique ont une vision fantasmée du robot, marquée par les romans ou le cinéma de science-fiction ». Je me disais aussi… Le rapport est donc clos.
En fait, non, car « il est aujourd’hui devenu indispensable d’offrir un cadre éthique général de la conception à l’utilisation des robots ». Entre autres principes, celui du « respect du refus de prise en charge par un robot » de crainte qu’une personne ne souffre « d’atteinte à sa dignité ». Enfin, précisons que tout cela ouvrait sur une taxe robot qui a finalement été retirée du texte.
Finalement, c’est probablement la crainte que les robots échappent au pouvoir politique et règlementaire qui a poussé la Commission à la rédaction de ce rapport…
1 commenter
Complètement déconnectés!
Très bon commentaire qui montre bien que le bon sens a déserté la Commission.
Ces gens ne font pas qu'occuper leur temps entre deux films de science-fiction. Ils sont nocifs.