La responsable du programme de La France insoumise, la députée Clémence Guetté, a écrit le 14 mai une lettre ouverte à Olivier Faure. Elle s’est étonnée de certaines prises de position de la tête de liste socialiste aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, et elle a demandé en conséquence au Premier secrétaire du Parti socialiste s’il s’agissait de « liquider le programme partagé de la Nupes ».
On peut comprendre la crispation de LFI au regard des sondages sur les intentions de vote… Toutefois, le programme porté par Raphaël Glucksmann pour l’échéance de juin est-il celui d’une « gauche molle » comme le dénoncent les Insoumis ? Pour en avoir le cœur net, il convient de scruter le programme en ligne des socialistes.
Un programme flou
La première chose qui frappe à la lecture de ce programme est son flou. Les propositions chiffrées sont peu nombreuses et les propositions développées presque inexistantes. Contrairement au programme précis des Républicains, celui des socialistes ressemble plus à un catalogue de propositions dans lequel la tête de liste peut puiser en en dessinant les contours.
Le programme de Raphaël Glucksmann se décline en quatre points : « Pour une Europe puissante », « écologique », « sociale », « juste et intègre ». Déclinons-en les thèmes essentiels en les regroupant sous quelques intitulés.
Souveraineté, souveraineté
Décidément, la campagne électorale recueille un consensus au moins sur un sujet : la nécessaire souveraineté de la France. Ici, cette dernière se démultiplie : alimentaire, industrielle, numérique et sanitaire.
Qui dit souveraineté, dit dépenses ; il faut créer des « fonds » : « fonds souverain pour investir dans le numérique en menant une politique industrielle offensive », « fonds souverain pour les énergies renouvelables et les industries de la transition ».
Un interventionnisme tous azimuts
Le programme reprend tous les thèmes chers aux socialistes : interdiction, planification, politique, réglementation, services publics, etc.
Nous n’en donnerons que quelques illustrations : créer un « service public européen du médicament », « mener une politique industrielle offensive », « réguler les marchés agricoles » (comme si cela n’existait pas !), « planification écologique » avec la création d’une agence spécifique, « politique du logement durable et abordable » en « régulant les marchés immobiliers » (il nous semblait que ceux-ci étaient déjà réglementés mais il s’agit sans doute d’exporter les règles hexagonales…), « encadrer les prix fixés par l’industrie agroalimentaire », « interdire les écarts de salaire supérieurs à 20 dans une même entreprise percevant des subventions européennes », « instaurer une directive européenne pour un revenu minimum ».
Traditionnellement, les socialistes français n’étaient pas rétifs au libre-échange au niveau européen, ce qui pouvait sembler surprenant. Le tabou est tombé : il faut « rompre avec le libre-échange généralisé et développer un protectionnisme écologique européen ».
Féminisme et clientélisme
« Notre Europe sera féministe », clame le programme, qui ajoute qu’il convient de « renforcer les ressources des associations féministes ». Traduisons : il s’agit de déverser des fonds publics à des associations par définition privées. L’objectif clientéliste et électoraliste est patent.
Il faut aussi affirmer une « réelle exception culturelle européenne » et ce, notamment en doublant le budget européen de la culture. Traduisons là encore : il s’agit de donner l’argent des contribuables à la clientèle captive des socialistes en étendant à toute l’Europe les pratiques françaises.
Tel est d’ailleurs le fil conducteur du projet : exporter à l’Union européenne le socialisme français.
Dépenser à tout va et accroître la fiscalité
Etrangement, la question des finances publiques et de la fiscalité ne se trouve pas traitée dans le programme au sens strict. Mais celui-ci comporte à sa suite un point sur la nécessité d’« une puissance européenne qui se donne les moyens budgétaires de son ambition ». Les socialistes se déchaînent : « quadrupler le budget européen pour atteindre 5 % du PIB via de nouvelles ressources propres », « mutualiser les dettes européennes », « favoriser les investissements verts en utilisant la politique monétaire de la BCE », « taxer les superprofits des multinationales », « taxer le patrimoine des multimillionnaires et des milliardaires à hauteur de 2 % », « instaurer une écotaxe européenne poids lourds et une taxe sur le kérosène ».
Par ailleurs, le site rappelle que les socialistes ont lancé une initiative citoyenne européenne « tax the rich » et ce, pour financer la transition écologique ». L’initiative à laquelle il est renvoyé donne des précisions qui permettent de comprendre qu’elle entend instaurer un impôt européen sur les grandes fortunes (alors que les impôts sur la fortune ont été supprimés au sein de la quasi-intégralité des Etats européens !) et que son objet est de financer la transition non seulement écologique mais sociale.
Un programme socialiste sans originalité
Résumons : avec Raphaël Glucksmann, l’Europe, c’est plus
- de politique,
- d’interventionnisme,
- de protectionnisme,
- de planification,
- de dépenses,
- de dettes
- d’impôts,
- de services publics,
- d’interdictions et
- de centralisation.
Loin d’être un social-démocrate modéré comme il est souvent présenté, il s’affiche comme un socialiste dont le projet se situerait à l’aile gauche de l’ancien Parti socialiste avant qu’il n’explose sous les coups du macronisme.
Le programme ne comporte d’ailleurs au fond guère d’originalité par comparaison avec les autres listes de gauche et d’extrême gauche. C’est un mélange de propositions vertes et rouges, entre l’écologisme politique d’extrême gauche, d’une part, et – antisémitisme, outrances verbales et populisme revendiqué en moins – le mélenchonisme, d’autre part.
Notre pays est vraiment celui de la radicalité de la gauche.
4 commentaires
Ce qui est remarquable chez ces gens, c’est qu’ils croient et laissent croire qu’il suffit d’ouvrir le robinet pour que les sous coulent.
Personne ne tire les leçons de l’endettement abyssal que nous vivons et là encore ils font croire qu’il suffit de taxer les riches pour régler le problème.
Et ça marche à chaque fois.
Il est admirable que les recettes éculées de toute les gauches, qu’on peut résumer simplement en « toujours plus…dépenser » et son corollaire, taxer, n’ont jamais marché. Ou que ce soit, à quelque époque que ce soit. Mais qu’il se trouve toujours des clients pour ce genre de solutions et des tribuns pour en déclamer l’urgente nécessité, qui ne tiennent jamais compte du fait que ces expériences, désastreuses pour la plupart, ne manqueront pas de se répéter, les mêmes causes produisant immanquablement les mêmes effets.
Un politique de plus qui ne cherche pas les solutions neutres sur le plan du budget de l’État : quelques idées par exemple : augmenter sensiblement la CSG des retraités partis fiscalement à l’étranger et qui profilent de leur retraite par répartition sans contribuer par leurs impôts à la solidarité nationale. imaginer un système de rémunérations dont 50% soit au pourcentage et 50% à répartition égalitaire. Imposer que tous les appareils ménagers soient garantis 7 ans pièces et main d’Å“uvre. Rendre gratuit les études jusqu’au Bac puis faire rembourser pour partie les études supérieures sur 20 ans avec 50% du retour ajoutés à la dotation de l’établissement d’enseignement qui y a contribué (boucle vertueuse), etc il y en a des tas qu’il est surprenant que les syndicats ne s’y soient pas intéressés – sans doute trop subventionnés…
Non merci