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La laïcité, le secret de la confession et leurs limites

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La laïcité peut-elle nous sauver des violences de l’islamisme et des turpitudes de l’Eglise exposées par le rapport Sauvé ? La laïcité n’est pourtant qu’une forme de neutralité républicaine selon laquelle, hors l’Alsace-Lorraine, la France ne reconnaît aucun culte, mais les respecte tous. Elle a été institutionnalisée à l’article 1re de la Constitution de 1958 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances… ».

L’idée est que l’Etat de droit soit le même pour tous et l’emporte sur toute considération personnelle ou religieuse en même temps que la loi ne permette ni ne tolère aucune discrimination entre les citoyens à raison de leur religion, comme le proclamait la Déclaration des droits de l’homme de 1789.
Il y eut une laïcité militante et exclusive, qui conduisit en 1880 le gouvernement Freycinet à interdire les Jésuites, à les chasser et à menacer toutes les congrégations non autorisées puis qui, sous le gouvernement de Combes, ferma les établissements religieux et expulsa de nombreuses congrégations en 1902. Mais sous réserve de tels excès, la laïcité a prévalu plutôt comme un principe unificateur de la République.

Au demeurant, l’idée que le pouvoir et les institutions soient neutres, qui sous-tend la laïcité, mérite bien des aménagements. L’école républicaine n’est pas neutre, elle porte un message, une identité que Jules Ferry voulait inscrire dans la convergence des enseignements : « « L’instituteur ne se substituera ni au prêtre ni au père de famille ; il joint ses efforts aux leurs pour faire de chaque enfant un honnête homme ». Et dans sa loi du 28 mars 1882 sur l’organisation de l’enseignement primaire il avait inséré à l’article 2 que : « Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse en dehors des édifices scolaires ».

L’origine de la laïcité

D’ailleurs la laïcité trouve son fondement dans le christianisme qui sépare le politique et le religieux : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Cette séparation est une révolution sociale et mentale. Dans l’antiquité, les dieux jouaient avec les hommes et enfantaient leurs héros, le roi était volontiers en même temps chef des armées et de la justice et grand prêtre comme Nestor, au temps de l’Iliade, en son palais qui était aussi son temple et la cour de justice. Le christianisme a changé la donne en créant l’Eglise qui avait un rôle que le pouvoir politique ne pouvait plus revendiquer. Cette séparation, obtenue dans le temps et la douleur, a permis déjà de vivifier les prémisses de la liberté quand un pouvoir pouvait en arrêter un autre et, en des siècles de débats et de combats, l’avènement de la démocratie dont Montesquieu a montré combien la séparation des pouvoirs était importante pour elle.

La confusion des lois

M Darmanin, ministre des cultes rappelle « qu’il n’y a aucune loi au-dessus de celles de la République ». Mais il faut distinguer les domaines du religieux et du politique. Le rapport de M. Sauvé, malgré les interrogations que soulèvent ses méthodes statistiques et l’idéologie de ses contributeurs, a créé un séisme dont l’Etat semble vouloir profiter pour reprendre du terrain sur l’Eglise. Chaque pouvoir tend naturellement à vouloir dominer les autres. L’horreur des faits exposés ne doit pas toutefois conduire à l’abandon du droit et des principes, en particulier au regard du respect du secret « professionnel » accordé à la confession.
Selon le mot attribué à Hippocrate, le secret permet la « rencontre d’une confiance et d’une conscience », qui fondent toutes deux notre conception sociale ou du moins son idéal. Il apparaît comme une contribution à la protection de l’intimité et du dévoilement dont les hommes ont besoin pour exorciser leur mal et parfois le mal. Le secret de la confession y participe comme le secret médical, celui de l’avocat ou d’autres praticiens. A cet égard, il intègre et consolide l’anthropologie de notre société occidentale.
C’est d’ailleurs pourquoi la circulaire du 4 août 2004 invoquée par tous aujourd’hui n’a pas eu de difficulté à rappeler que selon la loi (ancien article 378 du code pénal repris au nouvel article 226-13) et la jurisprudence il faut considérer que les ministres des divers cultes sont astreints au secret professionnel pour les informations recueillies dans le cadre d’une confession ou d’une confidence intime. Les ministres du culte qui révèleraient une information à caractère secret pourraient même être passibles d’une condamnation pénale, en application de l’article 226-13 du code pénal sauf s’il s’agissait de mauvais traitements ou de privation infligés à des mineurs de 15 ans ou à une personne vulnérable qu’il aurait le droit, mais non l’obligation, de dénoncer. Mgr de Moulins-Beaufort n’en a pas dit plus. Le ministre de l’Intérieur a donc tort de le poursuivre de sa vindicte, sauf à changer le droit.

La diversité religieuse

Mais ce qui était vrai quand les cultes pratiqués étaient tous judéo-chrétiens est-il encore valable quand l’islam prend une place de plus en plus prégnante ? L’islam est né dans la confusion du politique, du religieux, du droit et du militaire. C’est$ pourquoi il ne peut pas réussir sa mue démocratique et peine à se confronter à la modernité, pourquoi aussi il ne peut être libéral qu’à titre utilitaire mais pas fondamentalement puisque Dieu y reste cause de tout. La laïcité peut-elle fonctionner avec lui ? Elle repose sur la distinction et le respect mutuel des ordres, celui du politique et du religieux comme celui de la justice et celui de la morale. Mais elle suppose aussi, pour être positive, une certaine convergence dans la vision de la vie bonne, du respect humain, de la liberté… Or fondamentalement, par son origine et sa nature, l’islam soumet le politique au religieux, a une autre vision de la femme…

Faut-il pour autant casser le fragile équilibre du système établi par des siècles de cohabitation entre l’Eglise et l’Etat ? Toute société a besoin de religion, de spiritualité. En voulant la mort de l’Eglise pour prix de fautes impardonnables de trop de ses clercs et par précaution à l’égard de l’islam, c’est la société elle-même qui risque de perdre des repères et de faire jaillir d’autres religions autrement plus pernicieuses.

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4 commentaires

LINDEPERG François 18 octobre 2021 - 6:46

La laïcité, le secret de la confession et leurs limites
Permettez un petit rappel historique : ce n’est pas l’Alsace-Lorraine qui a été annexée par l’Allemagne en 1870 mais « seulement » l’Alsace et le département de la Moselle. Ce n’est pas un détail pour les Lorrains.

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zelectron 18 octobre 2021 - 7:11

La laïcité, le secret de la confession et leurs limites
La question s’est toujours posée : l’islamisme est-il une « religion »

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Ghislaine FEDYCKI 18 octobre 2021 - 8:28

La laïcité, le secret de la confession et leurs limites
pas lu cher ami mais c’est bien gentil de mettre des principes sur papier et de laisser tout filer
chacun sa route et FREUD était un petit garçon devant l’Oracle de Delphes mais au moins il voulait construire le fil de la confiance ! l’homme a besoin d’être entendu et malheur a ceux qui ont trahis cette confiance !!!
bonne journée
je déteste les rmots en isme et oui je crois que je peux être fidlèle à la ROYAUTE qui est l’HISTOIRE DE MON PAYS !!! il y aura toujours des petits et des grands mon cher MONTAIGNE tu avais étudié la stratégie !
TEMPS PUISSANT tu feras comme tu voudras ce monde nous en sommes que les usufruitiers !!!
DIVINE PROVIDENCE voit et corrige ce qui rende ce monde fou (le monde est beau le monde est fou ) la BEAUTE SAUVERAS CE MONDE

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zelectron 21 octobre 2021 - 9:30

La laïcité, le secret de la confession et leurs limites
l’islamisme est tout sauf une religion et à ce titre n’a aucuns droit aux mosquées et autres lieux de psalmodies.

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