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La jeunesse, victime de l’Etat-providence

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La jeunesse fait l’objet de toutes les attentions de l’Etat : tout bachelier a accès à l’université, tout est fait pour favoriser les emplois jeunes et, dernière mesure en date, un « Pass culture ». Résultat de cette bienveillance de l’Etat : le tirage au sort pour accéder à l’université et le chômage massif des jeunes. Quant au Pass culture, va-t-il réellement permettre le libre choix ou faudra-t-il se plier aux priorités étatiques ?

PERMETTRE L’ACCES DE TOUS A L’UNIVERSITE CONDUIT AU TIRAGE AU SORT

Les hommes de l’Etat utilisent les techniques de l’Etat-Providence pour manifester leur intérêt pour la jeunesse. Mais il faut se méfier des cadeaux de l’Etat. « Timeo Danaos et dona ferrentes », « Je crains les Grecs, même quand ils font des cadeaux » : les jeunes devraient retenir la leçon du cheval de Troie. Un exemple à la une de l’actualité cette année concerne l’accès de tout bachelier à l’université. Tout bachelier « a droit » à faire les études supérieures de son choix.

Ce cadeau est empoisonné. Tout le monde n’est pas apte à faire n’importe quelles études ; le taux de réussite des bacheliers de certaines filières est quasi-nul à l’université. Cela se traduit par un échec majoritaire au cours de la licence, d’où un surcoût pour le contribuable ; ceux qui ont été induits en erreur deviennent aigris. En outre, certaines filières n’ont pas de capacité d’accueil suffisante, d’où un tirage au sort des heureux élus. Le piège des largesses étatiques s’est refermé sur eux. Certes, il est question pour l’an prochain de multiplier les incitations et de conseiller des prérequis, l’important étant de ne pas prononcer le mot tabou de sélection. Tant que l’on n’osera pas, par démagogie, recruter les étudiants sur des critères de compétence, le « cadeau » de l’accès pour tous restera empoisonné.

LES EMPLOIS AIDES CONDUISENT AU CHOMAGE

Un autre exemple de l’Etat « bienveillant » est fourni par le marché de l’emploi. Tous les gouvernements affirment leur priorité pour l’emploi des jeunes. Mais aux « meilleures conditions », donc pas question de déroger au SMIC, même pour ceux qui n’ont ni formation, ni expérience. Or, à ce tarif-là, beaucoup d’entreprises n’embauchent pas ces jeunes. Qu’à cela ne tienne, l’Etat providence veille. D’où la mise en place d’emplois aidés, de contrats d’insertion, d’emplois d’avenir et autres emplois-jeunes, dont le vrai coût est masqué par l’aide de l’Etat, donc du contribuable, et qui concernent souvent le secteur non marchand : faux prix du travail ou faux emplois suivant les cas !

Le résultat est ruineux, mais surtout il ne résout en rien durablement l’emploi des jeunes. Tous les pays qui pratiquent cette politique ont un sur-chômage des jeunes, en France comme dans le sud de l’Europe. Le taux de chômage des jeunes est en moyenne de 18,7% dans la zone euro (le double de celui de l’ensemble de la population active, 9,1%). Il est de 21,4% en France, de 39,2% en Espagne, de 35,4% en Italie ou de 23,4% au Portugal. Ce taux très élevé diminue dans les pays qui font des réformes, comme l’Espagne, et beaucoup moins dans un pays comme la France, qui multiplie pourtant les emplois aidés. En revanche, les pays qui favorisent l’alternance et privilégient la liberté du marché du travail, comme l’Allemagne, ont un taux de chômage des jeunes au plus bas (6,7%). Vouloir masquer le chômage par les emplois aidés ou prétendre qu’un jeune sans formation peut être payé au même niveau que les autres revient à exclure ces jeunes du marché du travail et à accroitre le chômage. Faut-il être surpris, quand on préfère l’assistanat au lieu d’inciter les jeunes à travailler et à se prendre en charge.

LE PASS CULTIURE ACCROIT LA DETTE QUE LES JEUNES DEVRONT REMBOURSER

Le Pass culture, annoncé en août par la ministre de la culture pour 2018, obéit-il à la même logique ? 500 euros, distribués à tous les jeunes le jour de leurs 18 ans, pour favoriser leur accès à la culture. L’intention est louable. On peut cependant s’interroger sur l’opportunité d’une telle mesure, à un moment où la dette publique est au plus haut et où l’urgence est de réduire les dépenses. : 400 millions, ce n’est pas rien. Comment réduire le déficit avec des dépenses nouvelles ? Comme toute dépense supplémentaire creuse les déficits, donc la dette, on transfère sur la génération qu’on prétend aider le coût de la dépense, qu’il leur faudra combler au moment de rembourser la dette : faire des cadeaux aux jeunes en leur envoyant la facture des années après est peu convaincant.

LE PASS CULTURE NE DONNE PAS DE LIBERTE SI L’ETAT, PAR SES SUBVENTIONS, FIXE LES PRIORITES CULTURELLES

Sur le fond, à quelle logique obéit cette mesure ? Aider les jeunes à accéder à la culture, mais quelle culture ? En France, elle est largement financée par l’Etat, qui choisit ce qu’il veut soutenir. L’Etat contribue à créer l’offre, selon ses propres critères, puis, par le Pass culture, prétend donner aux jeunes une liberté de choix, qu’il a lui-même limité par les aides publiques à la culture. Le ministère, qui n’a pas arrêté encore les détails de la mesure, envisage aussi d’orienter les jeunes dans la « bonne direction » (celle fixée par le ministère) en les obligeant à choisir un autre domaine que celui qu’ils auraient choisi en premier. Le ministère parle d’un équilibre à trouver entre les choix individuels et la nécessité d’une diversification des achats. Une liberté bien surveillée donc !

Certains pays, comme les Etats-Unis, obéissent à une logique différente : pas de ministère de la culture, mais un financement essentiellement assuré par des fondations. Le Pass culture pourrait avoir un sens si, comme dans les techniques de bon scolaire, le choix était totalement libre, le ministère cessant de subventionner l’offre directement : les choix libres des « clients » détermineraient les priorités. Sinon, on a le risque d’une culture d’Etat…. Mais il est peu probable que ce gouvernement se désengage de son aide directe à l’offre culturelle. Ajouter un Pass culture à l’aide publique aux institutions culturelles est contradictoire, car on prétend offrir une liberté dans un domaine où l’Etat affiche ses propres priorités. Commençons donc à libérer la culture de l’emprise des choix arbitraires des bureaucrates, et on pourra s’interroger ensuite sur la nécessité d’un Pass culture.

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4 commentaires

claude 24 août 2017 - 2:40

Entrée universitaire
C'est d'abord la notation du bac qu'il faut réformer, ne pas le donner à des élèves qui ne le méritent pas" pour faire de bonnes statistiques".
Ce sont plus tard des enfants aigris car bacheliers et après plusieurs tentatives en fac, ils ne seront plus aptes à apprendre un métier.
Plutôt que du tirage au sort , la sélection devraient se faire par les notes en fonction des études universitaires projetées, exemple: une excellente note de sport n'a rien à voir avec une fac de droit, mais avec un CREPS.
De plus, il faudrait que les fac fassent faire de vrais travaux pratiques : en droit par exemple apprendre à rédiger des contrats de promesses de ventes, de ventes, de locations, des conclusions, des compromis, etc… et pas faire que des commentaires d'arrêts. En histoire de l'art, apprendre à peindre, sculpter, rassembler des pièces archéologiques.

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Gaétan 25 août 2017 - 11:10

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Certains pays, comme les Etats-Unis, obéissent à une logique différente : pas de ministère de la culture, mais un financement essentiellement assuré par des fondations. Le Pass culture pourrait avoir un sens si, comme dans les techniques de bon scolaire, le choix était totalement libre, le ministère cessant de subventionner l’offre directement : les choix libres des « clients » détermineraient les priorités. Sinon, on a le risque d’une culture d’Etat…. Mais il est peu probable que ce gouvernement se désengage de son aide directe à l’offre culturelle. Ajouter un Pass culture à l’aide publique aux institutions culturelles est contradictoire, car on prétend offrir une liberté dans un domaine où l’Etat affiche ses propres priorités. Commençons donc à libérer la culture de l’emprise des choix arbitraires des bureaucrates, et on pourra s’interroger ensuite sur la nécessité d’un Pass cultu

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Laurent 46 26 août 2017 - 8:32

Hélas NON,
La jeunesse n'est en aucun cas victime, la culture Française instauré par la politique, le milieu associatif tout aussi mafieux, mais aussi le milieu parental tout aussi responsable qui veux que cela soit un droit pour la jeunesse, un droit qui ne cesse de croître sans aucune contre partie et sans devoir.
La politique ne s'empare que d'actions qui peuvent apporter quelques électeurs. Les vrais responsables sont les parents, toute cette génération Ex 68 qui pour beaucoup ne l'ont pas connu, ne cherchent que facilité, argent facile sans contrainte aucune et surtout pas celle des enfants qui dès leur plus jeune âge sont mis en crèche pour bien les former à ce système laxiste et nauséabond. Il en est de même avec les animaux et la nature. La France est devenu une poubelle et un des plus sale pays de l'Europe. Mon constat le plus malheureux est que ce sont les femmes soit disant libérées qui en sont les premières responsables et juste derrière, les barbouze à la nouvelle mode qui en plus d'être sales sont bêtes et le tout particulièrement irrespectueux. Mais là aussi c'est une culture familiale qui nous vient de loin.

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vinie59 28 août 2017 - 10:32

mais ils font mieux !!!
je vais juste prendre l'ex de ma fille, mission locale qui propose un travail, arrivé là-bas elle apprend que sa 1 semaine ne sera pas payée pour "immersion", elle a donc travaillée 1 semaine gratuitement parce qu'elle devait être formée, mais elle sortait d'un même emploi, et sa formation n'a durée que 30 mns…j'ai eu le cas d'une dame qui a été dans ce cas aussi….et bien-sûr çà ne compte pas pour pouvoir avoir droit aux assedic….donc elle est sans ressources lorsqu'elle ne travaille pas, elle vient de terminer un contrat de 10h/semaine….comment voulez vous que les jeunes paient tout ce que l'on doit sortir par obligation du porte monnaie sans avoir de ressources ? et nous pareil, je suis sans ressources depuis 4 mois et je dois payer mes frais bancaires pour tenue de compte, obligé d'avoir un téléphone pour être contacté, avoir internet devient obligatoire, ainsi qu'une voiture et tout ce qui va avec, mais quand on ne touche rien, comment fait on ? j'entends dire que la france est un pays généreux, très généreux sur une radio, eh bien je me demande avec qui elle est si généreuse ?

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