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La « Génération Dorée » des retraités

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Cela fait déjà un certain temps que dans les allées du pouvoir, à la Cour des comptes, à l’Inspection des Finances, à l’INSEE, à France Stratégie ou encore à Terra Nova, il est de bon ton de présenter les actuels retraités comme des nantis, des privilégiés, des « rentiers ». D’ailleurs, les médias les montrent toujours assez jeunes, souriants et épanouis, soit en voyage au volant d’élégants cabriolets, soit se prélassant en transats sur de superbes paquebots, soit encore circulant en vélo dans des paysages magnifiques. Mais, honte à eux: les retraités absorberaient goulument une part excessive (présentement 13 à 14% selon les sources) du PIB du pays, au détriment notamment de la jeunesse qui se débat dans des difficultés sans nom. Un peu comme si les seniors étaient responsables de l’échec des politiques économiques erratiques et démagogiques menées depuis des décennies très largement sans eux et même dernièrement, ouvertement contre eux. Pour parler clair, alors que jusqu’en 2010, les réformes des retraites avaient été conduites dans un souci exclusif de rééquilibrage financier, les toutes dernières réformes ont ajouté aux sacrifices demandés aux seniors, au blocage prolongé de leurs pensions, aux manipulations douteuses des temps, des taux et des montants, une sorte de mise en examen sociale des retraités, accusés de parasitisme et d’égoïsme aux dépens des générations suivantes.

I – « LA GÉNÉRATION DORÉE »

Le comble est sans doute aujourd’hui atteint avec le pouvoir actuel dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne développe aucune empathie envers les seniors. Un de ses députés – et non des moindres, puisqu’il s’agit d’Éric Alauzet, rapporteur du budget de la Sécurité sociale auprès de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale – s’est ainsi laissé aller jusqu’à confier au Parisien (N0 22 861 du 5 mars dernier) que les retraités actuels font partie d »une génération dorée » et que même « s’ils ont travaillé toute leur vie, cela ne suffit pas comme argument, au moment où il faut trouver de l’argent pour renflouer les caisses de l’État« . Certes on comprend bien que quelqu’un qui a sous les yeux les chiffres récemment révélés des retraites indécentes de quelques-uns de ses plus éminents collègues qui ont su habilement cumuler administration et politique, puisse effectivement songer à un tel raccourci. Mais pour peu qu’il lui arrive de quitter les ors du pouvoir et du Parlement, ce médecin devrait savoir que de telles sommes sont loin de concerner toute une classe d’âge, laquelle – sans bénéficier du tout des mêmes facilités- œuvre à des niveaux où trop souvent la nécessité fait loi. Dans le débat démocratique qui va précéder la réforme des retraites, on ne peut donc évidemment laisser passer cette accusation fallacieuse de « génération dorée », notamment parce que :

– politiquement, elle est délétère et elle risque tout simplement d’allumer stupidement une guerre des
générations,
– techniquement, l’assertion n’a absolument aucun fondement sérieux et ne doit pas venir polluer le prochain
débat sur la réforme des retraites,
– et financièrement enfin, on ne voit vraiment pas pourquoi ce serait aux retraités dont le revenu fiscal mensuel
excède le montant mirifique € 1 200 de renflouer tout seuls les caisses de l’État, alors que de la même main et
sans vergogne, ce dernier ose diminuer de plusieurs milliers d’euros par an les cotisations des actifs privés les
mieux rémunérés.
.

II – UNE ACCUSATION SANS FONDEMENT

Pour remonter aux sources, quelque dix millions de retraités viennent de constater par eux-mêmes sur leurs bordereaux de pensions les ravages de la hausse de CSG. et la pilule passe très mal. D’autant plus qu’après avoir imposé sa réforme sans concertation aucune, le pouvoir a fait preuve d’une arrogance et d’une maladresse insignes à la fois:

-comme on l’a vu, en reprochant à l’ensemble des retraités d’accaparer pour eux des crédits qui seraient plus utiles à la jeunesse,
-en leur rappelant crûment qu’avec le principe de la répartition, le fait d’avoir financé par leurs cotisations
les pensions de leurs anciens ne leur donne aucun droit tangible d’exiger la réciprocité de la part des actifs
actuels.

Bien évidemment, les retraités considèrent toutes ces imputations comme calomnieuses et parfaitement irrecevables.

En effet, d’une part en France, aucune pension n’excède jamais le revenu d’activité qu’elle prolonge et les taux de remplacement observés situent le montant de la plupart des pensions entre 60 et 80% des rémunérations auxquelles elles se substituent. D’autre part, les salaires et les autres rémunérations d’activité évoluent généralement beaucoup plus vite que les pensions surtout que, très longtemps indexées sur les prix, elles sont aujourd’hui et depuis plusieurs années quasiment bloquées sous des prétextes divers (dont tous ne sont pas convaincants). Donc si on parle strictement des retraites et des pensions, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir techniquement de « génération dorée » par rapport aux actifs. Pire, l’expression peut à juste titre être reçue comme péjorative et provocante par la population qu’elle vise, qui ne manquera pas de faire observer au sieur Alauzet, élu depuis 23 ans et député depuis 2012, qu’il devrait quand même se souvenir qu’il appartient lui-même à une « génération » de politiques, dont les très généreuses retraites ponctionnées sur le contribuable font nettement plus envie que pitié.

En réalité, si on veut absolument trouver un avantage aux retraités actuels, il faut emboîter le pas à la statistique officielle sur le niveau de vie, où effectivement les retraités bénéficient en moyenne d’un avantage de l’ordre de 6% sur les actifs. Encore ne profiteront-ils de ce « surplus » qu’à titre provisoire, puisque toutes les études concluent à un effacement progressif de cet avantage dans les 20 prochaines années, jusqu’à son inversion ultérieure et définitive en handicap, tout simplement parce que les rémunérations d’activité augmentent toujours plus vite et plus fort que les pensions.

Alors à quoi donc est dû l’avantage actuel en niveau de vie ? Tout simplement au fait que le retraité dispose généralement en sus de ses pensions de revenus supplémentaires, qui proviennent d’un patrimoine accumulé sur 40 ans et plus de carrière, inclus les héritages intervenus. Évidemment l’ensemble de ces biens, comme les revenus qu’ils procurent, sont inévitablement supérieurs à ceux dont dispose effectivement un quadragénaire au milieu de sa vie active, alors qu’il n’a pas encore atteint le sommet de sa carrière, que sa capacité d’épargne est obérée par des charges de famille ou des intérêts d’emprunts pour sa résidence principale et qu’il n’a pas encore hérité. Mais à condition qu’il achève normalement sa carrière, et qu’il recueille le cas échéant les héritages qui lui reviennent, ce même actif se retrouvera quelque deux décennies plus tard au moment de sa retraite peu ou prou dans la même situation que le retraité de la génération précédente. Ceci montre bien que l’écart en niveau de vie n’est nullement dû à un handicap intrinsèque de situation de l’actif par rapport au retraité, ni aux privilèges d’une génération par rapport à la précédente, mais tout simplement au seul facteur de l’âge, déterminant dans l’accumulation du patrimoine. Il est donc parfaitement stupide de parler de génération « dorée », puisque toutes les générations à venir en progressant en âge, auront vocation à prétendre -toutes choses égales par ailleurs- à des avantages comparables et à des patrimoines équivalents à ceux qu’a pu cumuler la génération présente sur les dernières décennies. On terminera sur un malicieux clin d’œil au panneau brandi par un retraité manifestant le 15 mars dernier et sur lequel on pouvait lire:  » Échange retraite dorée contre retraite parlementaire ». Ce qui en dit long sur l’abime qui sépare le monde de la « vraie vie » de ceux qui, jusqu’à plus ample informé, sont censés le représenter.

Enfin, une génération qui a dû travailler une partie non négligeable de sa carrière sur la base d’un temps hebdomadaire de quelque 50 heures, avec des congés payés limités à 3 semaines, en fournissant donc environ 2 400 heures de travail annuel , n’est pas une génération privilégiée par rapport à la génération actuelle qui, avec les 35 heures, développe environ 1 600 heures de travail annuel pour acquérir des droits équivalents à la précédente.

III – LE DÉFAUT TOTAL DE COMPENSATION DE LA HAUSSE DE CSG

On sait que pour les actifs du privé, la réforme se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat, puisque le gain issu de la suppression des cotisations salariales de maladie et de chômage surpasse la perte liée à la hausse de CSG. Se voyant au contraire refuser toute compensation d’aucune sorte, les retraités ont parfaitement compris que cette hausse de CSG n’était destinée qu’à les châtier et même tant les propos furent dépourvus d’aménité, à les ostraciser en tant que membres d’une catégorie sociale prétendument favorisée et vivant largement de l’effort des actifs. Notamment la boutade idiote d’un dirigeant de la majorité plaisantant sur le caractère « passager » du désagrément subi par les seniors n’a fait qu’ajouter à leur exaspération, leurs nerfs à vif supportant de plus en plus mal les accusations injustes dont ils font l’objet. Même chez les observateurs les plus réservés, on fait observer qu’un geste, rien qu’un geste et non pas nécessairement une compensation globale, sur une déduction fiscale partielle des cotisations des mutuelles-santé, aurait immédiatement détendu l’atmosphère en retirant à la réforme son caractère hautement conflictuel, dont l’Exécutif commence à peine à et à ses dépens à prendre tout la mesure.

IV – L’IMPORTANCE DU PRELÉVEMENT SUR LE PIB

Pour souligner la « voracité » des retraités, il est de bon ton de relever que le total de nos dépenses de pensions absorbe chaque année entre 13 et 14% du PIB national. Pas question de contester que ce prélèvement est important et qu’il figure en effet parmi les plus élevés d’Europe, seule l’Italie le devançant de peu. Mais ceci ne suffit pourtant pas à établir que la somme soit excessive, car chaque pays arrête ses propres choix pour définir l’équilibre qui lui convient entre les impôts, taxes et cotisations qu’il perçoit et les prestations et avantages qu’il accorde en contrepartie. Or tous ceux qui s’insurgent contre l’importance excessive des pensions oublient très curieusement cette contrepartie des cotisations, bien qu’en régime de répartition comme en régime de capitalisation, ce soient toujours les cotisations qui déterminent les retraites et non le contraire. Oui, mais voilà tous ceux ou presque qui critiquent « la génération dorée » sont en général des partisans du toujours plus d’État et souvent des gens haut placés. Or s’il leur est facile de dénoncer l’excès des pensions, il leur est infiniment plus difficile de pourfendre le niveau trop élevé des cotisations, puisqu’ils militent depuis des décennies pour l’accroissement inconsidéré des prélèvements publics. Résultat, ils omettent délibérément de rappeler que les retraites reposent sur l’équilibre fondamental des cotisations et des pensions et qu’en bonne logique on ne peut envisager de réduire substantiellement les secondes – ce qu’ils souhaitent – sans réexaminer les premières – ce dont ils ne veulent absolument pas. En outre et ceci renforce encore le silence gêné de nos procureurs, si l’on regarde de près le volet des cotisations, on s’aperçoit qu’en France les pensions du secteur public ne sont que très partiellement financées par les cotisations salariales et patronales et que leur équilibre largement artificiel provient pour près de 50 milliards d’euros des diverses subventions d’équilibre que l’État alloue généreusement aux retraites du secteur public. Ce qui veut dire qu’avant de se soucier de sa propre retraite, un actif du secteur privé doit d’abord financer une bonne partie des retraites du secteur public (fonction publique et autres services ou entités publics). On comprend aisément dans ces conditions que ceux des hauts fonctionnaires et dirigeants du secteur public qui protestent haut et fort contre la « génération dorée » ne tiennent nullement à ce qu’on vienne cerner d’un peu près la réalité de leurs propres cotisations qui ferait apparaître qu’en terme d’avantages les procureurs sont de loin bien mieux lotis que les accusés!

V – QUANT À L’ESPÉRANCE DE VIE

En réalité, commençant – mais beaucoup trop tard – à réaliser qu’il a très mal vendu sa réforme et qu’elle reste en travers de la gorge de ceux qu’elle lèse, le Président et son parti essayent de se justifier en reprochant maladroitement aux retraités actuels de vivre plus longtemps que leurs aînés. Ce qui expliquerait qu’avec la CASA de 2012 (0,30%) et la hausse de CSG actuelle (1,70% nominalement, mais en réalité 1,85% en moyenne), l’État s’apprête dès 2018 à retrancher chaque année du montant des pensions toute la semaine qui sépare Noël du Jour de l’an. C’est ainsi qu’en France à partir de 2018 et pour nombre de retraités, l’année de pension ne va plus compter désormais qu’un peu moins de 51 semaines. Pourtant l’allongement progressif de la durée de vie n’est pas une nouveauté, il s’inscrit depuis plus d’un siècle et hors les guerres dans l’évolution normale de nos civilisations occidentales et jusqu’ici personne n’avait jamais eu le front de reprocher aux retraités de vivre un peu plus longtemps que leurs parents. Par ailleurs, si l’espérance de vie continue à croître, il y a fort à parier que les actifs actuels, qui reprochent aujourd’hui à leurs parents de vivre trop longtemps, vont eux-mêmes vivre quelques années de plus que leurs géniteurs. Le temps venu et pour suivre leur exemple, leurs enfants leur supprimeront-t-ils à eux aussi de ci, de là, quelques semaines supplémentaires de retraites pour « survie abusive » ? Certes, si elle est retenue dans la prochaine réforme des retraites, l’approche notionnelle à la suédoise devrait prendre directement en compte la plus ou moins grande espérance de vie à la retraite, mais pour l’instant nous n’en sommes pas encore là.

De toute manière, ce qui est d’ores et déjà intolérable pour les retraités d’aujourd’hui, c’est que le pouvoir ait eu le front de prendre prétexte de cet allongement naturel de leur espérance de vie pour leur imposer un hold-up (déshabiller Pierre pour habiller Paul!) afin de renforcer le pouvoir d’achat des actifs, au prétexte que ces derniers, eux, ils travaillent. Pourtant, ce n’est pas parce que les retraités ont cessé de produire au sens économique du terme, qu’ils ont perdu toute utilité sociale. Au-delà même de l’aide qu’ils procurent à leur descendance, nombre de structures municipales ou associatives seraient bien en peine de fonctionner sans leur bénévolat militant. En plus, puisque les actifs actuels, que le pouvoir a décidé de favoriser, auront eux-mêmes le moment venu une espérance de vie à la retraite très certainement supérieure à celle de leurs parents, les retraités pensent que les ajustements nécessaires doivent se faire vers l’avenir en jouant sur l’âge de départ à la retraite et les cotisations, plutôt que rétroactivement par amputation des pensions en cours de service. Pour toutes ces raisons, les retraités ne tolèrent donc pas d’être ainsi présentement jetés en pâture à l’opinion comme de vils parasites, taillables et corvéables à merci. Ainsi que le remarquait fort justement l’auditeur d’un récent « C dans l’air »: grâce à l’indigne « senior bashing » du parti majoritaire, cette « génération dorée » est la première à devoir assumer, en sus des retraites de ses anciens, l’amélioration du pouvoir d’achat des actifs. Le solde de sa pension correspondra désormais pour chaque retraité à ce qu’il lui restera une fois que tous les autres « ayants droit » nés avant et après lui auront été servis et bien servis. Remarquons en outre que puisque le Conseil constitutionnel n’a pas levé le petit doigt contre cette scandaleuse injustice et ce détournement avéré, rien n’interdit plus au pouvoir de revenir au pot à l’avenir, en siphonnant à nouveau autant de fois que nécessaire les pensions des retraités, puisqu’il sait qu’ils ne descendront jamais en foule dans la rue. N’ayant curieusement pas compris qu’ils seront les retraités de demain, les actifs d’aujourd’hui pourront alors se mordre les doigts d’avoir laissé commettre cette arnaque sur leurs parents, lorsqu’à leur tour leurs fils se réclamant de leur exemple viendront exiger leur « livre de chair ».

VI – À PROPOS DE LA SOLIDARITÉ INTERGÉNÉRATIONNELLE

Faut-il rappeler enfin que le transfert de cotisations qui, dans la répartition, fait peser sur les actifs la charge des retraites de leurs ainés, a pour contrepartie indissociable le principe de solidarité intergénérationnelle. Ce dernier implique que lorsqu’ils deviendront à leur tour retraités, les actifs puissent bénéficier en provenance de la collectivité de leurs descendants de la même solidarité qu’ils ont mobilisée en faveur de l’ensemble de leurs aînés. Si, comme la tendance semble se dessiner, la solidarité intergénérationnelle est destinée à devenir une notion à géométrie variable en fonction des besoins croissants d’un État rigoureusement incapable de réduire ses dépenses, si le pouvoir peut y piocher comme bon lui semble pour assurer ses fins de mois ou avantager Pierre ou Paul, c’en est en réalité fini de la répartition. Alors qu’elles ont été cotisées pendant toute une vie de labeur, les pensions de retraite basculeront irréversiblement du domaine quasi-contractuel de l’assurance pour chuter dans celui discrétionnaire et arbitraire de l’assistanat, qui juridiquement n’offre plus aucune garantie de durée, ni de montant à ceux qui en dépendent.

En plus, et là c’est vraiment un comble, reprenant le propos des économistes, démographes, statisticiens et autres experts officiels, le Président en remet une couche en reprochant implicitement aux retraités qu’il rançonne d’être d’abominables parasites, parfaitement insensibles au sort de leur descendance tristement embarquée dans toutes sortes de galères. Le Président oublie manifestement qu’avant de devenir un adulte actif, un enfant se nourrit, s’habille, se soigne, s’élève, s’éduque et que, depuis la nuit des temps, ce sont ses parents qui s’acquittent spontanément de l’essentiel de ces charges. On ne peut donc, sans passer pour un cuistre, donner des leçons de solidarité intergénérationnelle à des parents pour qui chaque enfant représente vingt ans et plus de solidarité intergénérationnelle continuellement assumée. Visiblement, la plupart des politiques actuels ne se sont pas davantage aperçu que les mêmes parents n’ont pas attendu l’avènement de Monsieur Macron pour aider spontanément et efficacement tout au long de leur vie leurs enfants et petits-enfants, même bien après qu’ils aient quitté le foyer familial. En effet, comme les précédentes, après les avoir élevés et formés, la génération « dorée » n’abandonne pas ses enfants dans le besoin ou dans l’embarras et elle déploie régulièrement toutes sortes d’aides, qu’elles soient en nature (gardes d’enfants, voiturages divers, courses, mise à disposition gratuite de logement, achats divers etc.) ou monétaires (cautions locatives, prêts, dons, donations, legs et héritages etc.). Pour ne pas être publiques, ces aides qui échappent largement au radar des chiffres officiels, n’en sont pas moins effectives et on sait qu’elles sont significatives, même si la plupart des études statistiques qui traitent du sujet l’approchent en termes de fréquence et de volume annuel plutôt qu’en terme de PIB. Donc on voit bien au terme de tous ces exemples que le couplet présidentiel à l’adresse des retraités sur la solidarité intergénérationnelle est particulièrement inapproprié et mal venu, surtout de la part d’un élu qui, personnellement, ne peut prêcher d’exemple, puisqu’il n’a pas d’enfant.

VII – LES PROBLÈMES DES RETRAITES SERVIES SANS COTISATION OU « POST MORTEM »

Avant de clore, il ne faut pas oublier de signaler une dernière contradiction au député Alauzet, si soucieux de l’équilibre des finances de l’État. Celle de savoir comment un État, qui ne parvient plus à assurer complètement le service des retraites pour lesquelles ses actifs ont cotisé sur toute leur carrière, peut encore prétendre maintenir intacts les avantages d’un assistanat fort généreux. Certaines de nos caisses de retraites versent en effet rubis sur l’ongle à des étrangers résidant sur notre sol, mais qui n’ont rien cotisé du tout, des pensions largement supérieures aux montants moyens des retraites que perçoivent un agriculteur, un commerçant ou un artisan au terme d’une vie de labeur et de plus de quatre décennies de cotisations. Un vieil adage romain prétendait qu’il faut d’abord avoir réglé toutes ses dettes avant de pouvoir se montrer généreux. Logique sans doute d’un autre âge où le bon sens conservait quelque valeur, avant qu’on ne lui substitue la règle inique et démagogique du dernier arrivé, premier servi! On n’aura pas enfin la cruauté de rappeler que, pour éviter des contrôles par trop tatillons et qu’elles estiment probablement dégradants, nos caisses sociales n’hésitent pas à maintenir obstinément et pour plusieurs millions d’euros chaque année, le service de leurs pensions à l’étranger à des gens qui ont quitté depuis plusieurs années non seulement notre pays, mais aussi le monde des vivants. Pourtant, malgré l’impérieuse « nécessité de renflouer les caisses de l’État » invoquée par notre député, il ne semble pas que toutes les mesures soient déjà en place pour éradiquer immédiatement cette funeste pratique.

CONCLUSION

Bref et pour en revenir à l’objet premier de notre propos, la fameuse « génération dorée », si on essaye de résumer le ressenti de la plupart de ses membres (dont beaucoup avaient voté Macron) vis-à-vis de cette hausse de la CSG non compensée et très douloureusement perçue, on trouve pêle-mêle les mots de tromperie, d’arnaque, de hold-up intergénérationnel, d’injustice, de rupture du contrat social, de guerre entre les générations, d’inégalité devant l’impôt, de mépris des anciens et de discrimination à raison de l’âge. Suffisamment de vrais griefs et d’amertume en tout cas pour que, lors des prochaines échéances électorales, le pouvoir ait à redouter sérieusement de ne pas avoir à faire qu’à des ingrats sur cette très mauvaise entame fiscale, même s’il répète en boucle que la hausse de CSG figurait bien dans son programme de campagne. D’ailleurs, l’annonce d’une prochaine retouche au dispositif pour exonérer de la hausse de CSG 100 000 retraités supplémentaires à faibles ressources confirme bien qu’en dépit de ses dénégations, le pouvoir n’avait pas bien ciblé sa réforme, qu’il avait oublié d’en aménager les « effets de seuils » dont il ne s’aperçoit très tardivement qu’au vu du mécontentement qui gronde et qui grandit. Tout le monde sait en effet que, s’ils défilent moins aisément que les actifs dans la rue, les retraités, qui représentent plus d’un tiers du corps électoral, ont une fâcheuse tendance à voter bien davantage que les autres catégories d’électeurs.

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20 commentaires

Addict 27 mars 2018 - 8:42

La répartition des richesses…..
Effectivement le constat est alarmant, le mépris de 16 millions de retraités est une grosse erreur de notre gouvernement. Dans chaque famille il y a des retraités, qui cimentent l'unité, (garde de petits enfants, aides financières, caution etc….). Non nous ne sommes pas des privilégiés mais simplement des personnes qui ont accompli un devoir par leur travail. L'unité d'une nation est le respect, le lien intergenerationel, l'aide de son prochain. Il est très étonnant que toutes ces valeurs disparaissent. Je crois qu'il s'agit d'une erreur d'analyse. J'espère que nos élus vont être raisonnable et penser différemment.

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Thierry Foucart 27 mars 2018 - 9:01

Solidarité intergénérationnelle
La solidarité intergénérationnelle a été inventée récemment pour justifier le système de retraite par répartition. C'est un argument non recevable puisqu'il ne figure pas dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, ni, d'ailleurs, dans la Constitution (sauf erreur). Il n'y a aucune raison d'imposer cette valeur à tout le monde.
Le système par répartition est un choix keynésien : il permet de contrôler une force collective dans "l'intérêt général", ce qui, pour les non-keynésiens, est une illusion.
La lecture de cet article et de celui sur la dette publique publié dans Contrepoints (auteur : Philippe Lacoude), crée une inquiétude malheureusement largement justifiée non seulement au plan financier, mais humain.
La plupart des jeunes adultes de ma connaissance partagent l'idée que la génération des retraités actuels a eu une jeunesse dorée. Oui : la guerre d'Algérie en particulier a été l'occasion de passer des vacances gratuites au soleil, parfois définitives. Il n'y a pas grand-chose à faire pour lutter contre cette idée toute faite, quand l'Etat se permet de prendre le bien de l'un pour le donner à l'autre et transforme le don en dû.

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Thierry BENNE 27 mars 2018 - 6:51

@ Thierry Foucart

Même si on la met maintenant à toutes les sauces, la solidarité intergénérationnnelle est en quelque sorte et dès l'origine consubstantielle au principe de répartition. Sinon et sans leur promettre la continuité et même la pérennité du transfert, comment faire admettre aux cotisants d'une génération que leur tour de retraite venu, ils n'auront plus que leurs yeux pour pleurer?

Or il ne faut pas oublier qu'à la Libération, le principe de répartition s'est imposé pour des raisons bassement pratiques. En effet, les régimes de capitalisation mis en place dans l'entre deux guerres étaient tous exsangues, soit par défaut de cotisations, soit à la suite des divers prélèvements effectués par les pouvoirs publics. Comme après la guerre, toutes les caisses ou presque toutes étaient vides, le seul moyen de servir immédiatement des pensions consistait à choisir la répartition qui permettait de distribuer immédiatement aux retraités – qui n'étaient pas nombreux, l'âge de la retraite était alors élevé – l'argent des cotisations venant des classes actives.

Dés lors et sans même que le mot soit prononcé ou écrit, du fait même qu'on ne pouvait dépouiller une génération sans la faire indemniser par la suivante la solidarité intergénérationnelle s'imposait dans la pratique avant même qu'elle ne fasse ensuite l'objet des développements sociologiques et politiques qu'on connaît aujourd'hui.

Cordialement: Th.B

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Daviet 27 mars 2018 - 9:03

Et vous avez oublié la vignette auto
pendant 40 ans d'activité mon épouse et moi même avons payé chaque année une vignette automobile pour les vieux et devenu vieux nous devons payer pour les jeunes. Vous avez omis cette gracieuseté dans votre démonstration qui est en tout point remarquable

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Thierry BENNE 27 mars 2018 - 7:00

@ Daviet

Merci pour cette remarque aussi espiègle que pertinente , tout en rappelant que le couplet de "la vignette pour les vieux" est aussi célèbre que son détournement crapuleux et immédiat par les pouvoirs publics de l'époque. La suite nous a malheureusement montré qu'ils n'étaient sur ce point guère pires que leurs héritiers, qui – bon sang ne saurait mentir – ont immédiatement détourné une partie au moins de la CASA créée en 2012.

Cordialement: Th.B

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phiphiar64 27 mars 2018 - 10:44

CSG et/ou decote IRPP sur les retraites
Bonjour,
Dans ce contexte, on m'a récemment présenté l'argument suivant : où est la logique d'imposer les retraites à un taux de CSG inférieur à celui des salaires d'actifs, ou bien de leur accorder la même décote d'IRPP que les actifs, alors que les retraités n'ont pas à subir beaucoup des charges et des coûts qui frappent les actifs du fait de leur emploi, par exemple le besoin de véhicules avec tous leurs frais associés ou le coût des transports en commun pour se rendre à leur travail, les repas de midi loin de chez eux, etc… ?

Je n'ai pas su quoi penser ni répondre et j'aimerais donc avoir vos commentaires sur ce point.

Merci d'avance.

Cordialement,
PA

Répondre
Thierry BENNE 27 mars 2018 - 3:34

@ phiphiar

I – POUR LE TAUX RÉDUIT DE CSG

Objection classique notamment sur la plupart des plateaux de télévision où cet avantage de taux est présenté comme une dérogation parfaitement abusive en faveur des retraités. Or et bien que la plupart des participants à ces émissions l'ignorent, il n'en est rien. En effet depuis l'origine de la CSG, le législateur a toujours distingué entre le taux supérieur des revenus d'activité et celui inférieur propre aux revenus de remplacement. Le revenu de remplacement, c'est une indemnisation qui est versée à un actif momentanément ou définitivement contraint à l'inactivité pour une cause indépendante de sa volonté, par suite notamment de maladie, d'invalidité ou de vieillesse. En clair, cette réduction prend en compte la situation de dépendance absolue dans laquelle se trouve l'actif et qui lui interdit de chercher ailleurs une autre rémunération d'activité plus gratifiante. Donc ce taux réduit n'est nullement réservé, comme on l'entend trop souvent (et même à la Cour des comptes, mais oui!)aux seuls retraités, mais il profite également à tous ceux qui, provisoirement ou définitivement, sont écartés pour des motifs indépendants de leur volonté du marché du travail.

II -POUR LA DÉDUCTION DES FRAIS PROFESSIONNELS

Quant à la déduction forfaitaire de 10% pour frais professionnels, il est difficile a priori de soutenir que les retraités, qui par hypothèse n'exercent plus d'activité professionnelle, puissent logiquement en bénéficier. A ceci près qu'il est établi qu'en moyenne les frais professionnels exposés par les actifs qui choisissent la déduction forfaitaire n'excèdent pas 4% de leur rémunération brute et donc que cette évaluation à 10% leur procure un avantage implicite en base imposable de 6%, dont il n'y pas lieu d'exclure les autres contribuables. À ceci près aussi, que nombre de retraités s'impliquant directement et beaucoup plus que les actifs dans les activités associatives parce qu'ils disposent de plus de temps libre, contribuent souvent de leurs propres deniers au fonctionnement des associations concernées, dont la plupart poursuivent des buts d'intérêt général qui, sinon, ne seraient pas atteints. On reconnaît ainsi que c'est grâce aux retraités que la France a l'un des tissus associatifs les plus riches d'Europe. Enfin, s'ils n'exposent plus de frais proprement professionnels, les retraités supportent personnellement des frais de santé et des restes à charge que l'âge rend chaque année de plus en plus lourds, qu'ils soient exposés directement ou par l'intermédiaire de mutuelles dont les tarifs non réglementés sont souvent abusifs, en ce qu'ils incorporent pour plus de 25% de coûts de publicité et de démarchage. Pour toutes ces raisons, si une contestation devait s'élever elle devrait davantage porter sur le taux que sur le principe de la réduction elle-même.

Remarquons enfin qu'après la réforme qui vient d'exonérer les salariés de toute cotisation ouvrière d'assurance maladie, les retraités sont les seuls à continuer à acquitter une cotisation maladie ouvrière de 1% sur leurs pensions, ce qui souligne un autre aspect de la discrimination en fonction de l'âge que le Conseil constitutionnel n'a politiquement pas voulu voir.

Cordialement: Th.B

Répondre
Jidé 27 mars 2018 - 1:02

Avantage actuel en niveau de vie.
Comme toujours article très clair et bien documenté.S'il est vrai que certains retraités ont un bon niveau de vie dû aux revenus du patrimoine accumulé pendant 40 ans, ces revenus n'existent pas pour tous. En effet,né en 39,j'ai subi une période de chômage de 7 ans et 1/2 qui a commencée en 1991.Évidemment pas question de retrouver un emploi dans les années qui ont suivi pour un commercial l’age de 52 ans est rédhibitoire!Bien sur revente à perte de mon appartement en cours d'acquisition et revenus Assedic insuffisants,ce qui fait que je suis arrivé à la retraite avec plus aucun capital immobilier ni économies et ne vit actuellement qu'avec ma retraite et celle de mon épouse. C'est pour cela que l'augmentation de la CSG de 25.7% (et pas 1.7%!) est très douloureuse.

Répondre
Thierry BENNE 27 mars 2018 - 7:18

@Jidé

On est effectivement obligé sur ces articles d'information de privilégier des moyennes, ce qui a inévitablement pour effet de rejeter dans l'ombre des situations dérogatoires, mais parfaitement dignes d'intérêt. Votre cas montre qu'à quelques années près, un accident de parcours peut avoir des conséquences très contrastées, avec en plus le handicap d'une politique qui a toujours eu une fâcheuse tendance à négliger l'emploi (et surtout le remploi) des quinquagénaires, une fois évacuées les facilités onéreuses des préretraites.

Je partage entièrement votre approche sur le chiffre de 1,7% avancé par le pouvoir. Même sur le seul plan du taux effectif, ce chiffre est dolosif puisque tous les calculs pointent une perte réelle de pouvoir d'achat (hors récupération fiscale éventuelle) d'environ 1,85%. Et c'est bien pire encore sur plan du pourcentage d'augmentation du taux nominal de la CSG, jamais cité par le pouvoir alors qu'il dépasse effectivement les 25%.

On connaît toute l'importance que ce pouvoir attache à sa communication, on l'apprécierait d'autant mieux qu'elle se rapprocherait de la vérité et de la réalité du terrain.

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mickey 91 27 mars 2018 - 3:39

On n'en a pas fini
Pas un mot à changer.
A ajouter : Je suis décidé quitter toutes les associations pour lesquelles je travaille bénévolement depuis près de 15 ans. Si tous les retraités en faisaient autant, ce serait une belle pétaudière chez Emaüs, ATD QM, Secours Catho, populaire,etc, dans les commissions d'usagers des hôpitaux,les alphabétisations, les présences auprès de 4ème age etc etc; autant de domaines où les incapables( je voulais dire les Enarques distingués des ministères)sont étrangers
à ce qui fait la vie de tous les jours, et la cohésion sociale,l'enchainement des générations…qu'ils se rassurent leur tour viendra

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Maellys93 27 mars 2018 - 4:00

@mickey31
Il y a longtemps que vous auriez du quitter toutes ses associations.
Ne vous êtes pas encore rendu compte que le bénévole est l'IDIOT UTILE de tous les salariés qui émargent dans ces organisations?
L'aide humanitaire est devenu un business comme un autre.
Il y a même des formations et des diplômes pour ceux qui veulent y faire carrière!
Et regardez bien dans celles que vous citez.
Ceux qui émargent aux postes de direction sont le plus souvent des hauts fonctionnaires et/ou des politiques qui ont été recasés!
Pour être positif, heureusement qu'il existe des ONG discrètes sans salarié ou tous (mêmes les dirigeants et les spécialistes) sont bénévoles!

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Maellys93 27 mars 2018 - 3:45

Sale temps pour les seniors: les élections de 2022 sont ligne de mire
Les retraités sont devenus MINORITAIRES en France.
En 2022 la majorité sera composée de personnes qui attendent que leurs élus leurs promettent encore plus de subventions et d'aides en tout genre.
Donc pour se faire élire ou réélire (à gauche comme à droite) il suffira de défendre un programme qui va dans leur sens. Par exemple le revenu universel, "«un droit inaliénable, inconditionnel», versé «de la naissance à la mort» "
Assurez moi de quoi subvenir à mes pulsions de citoyen-consommateur, je me contente de faire la "teuf" sans me soucier de l'avenir car vous ne me promettez que des lendemains radieux avec les droits de l'homme et la fraternité entre les peuples.

Le financement de cela?
Pas de problème!
Il est assuré pour au moins 15 ans!
Il y a déjà les "recettes naturelles" dues au "baby boom" qui se transforme en "death boom"
Les liquidations de succession sont en nombre croissant chaque année.
En plus (double Bingo!), ces morts naturelles vont dans la baisse des dépenses de la SS très impactées par les tranches âgées.
Pour le reste il suffit de taper davantage sur ceux qui ont acquis un peu de patrimoine, qui comme par hasard sont des retraités!
C'est la Démocratie.
En démocratie le minoritaire a toujours tort!
Sale temps pour les seniors, et forte probabilité pour un avis de tempête!

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ppages 27 mars 2018 - 6:52

dorée et irresponsable…
Bien entendu, il ne faut pas faire de généralités. Cependant, nous vivons encore à peu près dans une démocratie dans laquelle le vote d'une majorité l'emporte sur celui d'une minorité. La génération des actuels retraités est donc "majoritairement" à l'origine des innombrables lois et règlements qui régissent notre vie aujourd'hui puisqu'elle a élu les dirigeants qui se sont succédé au pouvoir pendant leur vie active.
Génération dorée ? Oui, dans le sens où elle a largement bénéficié des politiques redistributives nationales et européennes, des trente Glorieuses, des "acquis sociaux", etc. sans avoir connu (tant mieux pour elle) les affres de la guerre.
Génération irresponsable ? Oui, dans le sens où elle est comptable du laisser-aller, de l'expansion de l'état providence et de l'énorme dette qui va avec et que les générations futures vont devoir éponger par toujours plus de prélèvements.
Tout à fait d'accord sur la précision de la "solidarité intergénérationnelle" par Thierry Foucart. Un sophisme de plus pour justifier des prélèvements iniques et exorbitants !

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Thierry BENNE 27 mars 2018 - 7:43

Je ne partage pas tout à fait votre ressenti d'une génération qui n'aurait pratiquement eu qu'à ouvrir le bec pour recueillir les fruits de l'opulence ambiante. Certes, cette génération a évité la seconde guerre mondiale, mais pour les plus vieux de ses membres pas la guerre d'Algérie. Les acquis sociaux engrangés ont été largement dus à une génération laborieuse dont le nombre d'heures travaillées en fin de carrière surpasse très largement celui que pourront produire les générations plus récentes. Sa responsabilité dans des choix politiques malheureux est incontestable, mais il n'est pas sûr du tout qu'avec un État qui ne sait pas maîtriser ses dépenses, les générations actuelles fassent beaucoup mieux tout en poussant toujours plus loin la dérive démagogique d'un assistanat dont les droits l'emportent sur ceux des citoyens qui cotisent et qui payent l'impôt.

Quant à la dette attention: si je finance en 2018 la construction d'un pont pour cinq millions d'euros, pourquoi devrai-je immédiatement acquitter par mes impôts le coût total de cette construction, alors qu'à mon âge, elle va beaucoup plus largement profiter aux générations suivantes qu'à la mienne. La dette c'est comme le cholestérol, il y a la mauvaise dette, celle qui provient de dépenses de fonctionnement excessives et non couvertes par les recettes ordinaires et il y a la bonne dette celle qui est dû à l'étalement sur plusieurs années du financement normal d'un investissement qui va durer plusieurs décennies. Mais c'est vrai que comme on compte sur l'ignorance économique des Français, cette distinction de bon sens est soigneusement tue car l'on préfère démagogiquement culpabiliser la génération qui investit, quitte d'ailleurs en l'absence. d'investissement à lui reprocher son défaut de prévoyance!

En réalité , si la génération actuelle des retraités n'est pas vraiment à plaindre, ce n'est pas pour autant une génération dorée et elle est très loin d'avoir eu tous les avantages et toutes les facilités qu'on lui impute aujourd'hui, en gommant également l'importance des cotisations qu'elle a versées et qui justifient pour l'essentiel les droits qu'elle revendique.

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essentielliste 27 mars 2018 - 8:10

génération dorée ou retraite fonctionnaire dorée
Je réagis sur les chiffres et non sur le fond des commentaires que je partage tout à fait
Dire que les revenus des retraités sont honteusement supérieurs aux revenus moyens des salariés est simplement le produit d'une ignorance voire d'une manipulation statistique/
je m'explique:
a/ dans la catégorie "salarié les chiffres de l'INSEE comprennent tous les chômeurs
b/ par revenus on ne dis pas s'il s'agit de
revenus après ou avant impôt mais on se doute.
c/Parmi les retraités, on trouve plus du quart qui sont retraités de la fonction publique
Or les retraites du Public sont calculées
sur base de 75 % minimum des derniers salai
-res.De ce fait elles sont bien supérieures
à la moyenne de leur salaires pendant leur
activité puisque,du fait de leur progression
à l'ancienneté le traitement de la dernière
année est maximum.
res. De ce fait leurs retraites sont bien su
périeures à la moyenne de leur traitement
pendant leur activité puisque celui-ci
progresse à l'ancienneté.
d/ Enfin contrairement au chiffre avancé
de 40 milliards représentant la contribution
de l'Etat pour combler l'insuffisance des
cotisation, il s'agit en fait de près de
70 milliards par an car, la comptabilité
publique a logé dans deux comptes différents
au cours des ans,dont l'un de 40 Milliards.
Effectivement ces sommes sont astronomiques,et c'est pourquoi il faut les rendre peu lisibles.
En définitive,si l'information sur les revenus
mirifiques des retraités semble bien émaner du
gouvernement,la diffusion de ce jugement au grand public ne manquerait pas de cynisme
A méditer

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Thierry BENNE 28 mars 2018 - 7:19

Comme vous le signalez le pistage des cotisations de l'État employeur en faveur de ses fonctionnaires est un véritable parcours d'obstacles. Il faut dire qu'avec des cotisations patronales qui partent d'un peu plus de 74% du traitement indiciaire pour les fonctionnaires civils, pour dépasser les 120% pour les personnels militaires, il apparaît clairement que la fonction publique est très largement subventionnée dans ses retraites par un financement exorbitant de l'employeur. Deux choses sont choquantes.

1 -D'une part que l'État refuse absolument de créer une caisse de retraite spécifique à ses agents dans laquelle seraient cantonnées toutes les dépenses du régime spécial. Il existe bien actuellement des comptes d'affectation spéciale pour les retraites de l'État, mais cette solution est infiniment moins claire et moins lisible que la création d'une caisse spéciale et autonome. Et il n'est pas besoin d'être grand clerc pour savoir la raison de ce refus: l'État comme ses fonctionnaires (ce sont les mêmes!)considèrent qu'ils pourront d'autant mieux poursuivre entre eux leurs arrangements dérogatoires et onéreux que le suivi précis de leur coût exact sera difficile à reconstituer. La version publique en quelque sorte du "vivons heureux, vivons cachés". Attention, il n'est pas rigoureusement impossible d'obtenir un ordre d'idée de l'avantage consenti, mais on n'aura jamais la clarté d'une caisse spéciale et autonome (régime que l'État à imposé à tous les autres partenaires sociaux pour pouvoir facilement les surveiller, mais dont il ne veut bien entendu pas pour lui-même) qui distinguerait les sommes qui proviennent des cotisations normales des salariés et de l'employeur, de celles qui relèvent d' une large subvention d'équilibre, qui traduit un très important coup de pouce de l'employeur. Selon les sources, les chiffres divergent quelque peu, mais il existe une sorte de convergence sur un montant global approchant les 50 milliards d'euros, pour peu qu'on ajoute au régime spécial de la fonction publique tous les autres régimes spéciaux (SNCF, RATP, Énergie etc). Votre estimation de 70 milliards me paraît toutefois quelque peu excessive, dans la mesure ou l'ensemble du compte d'affectation spéciale des retraites de la fonction publique demeure encore inférieur à 60 milliards d'euros, alors qu'il intègre toutes les cotisations aussi bien patronales que salariales.

2 -Par ailleurs, ce qui est parfaitement anormal, c'est que les régimes spéciaux qui vivent tous peu ou prou de la mendicité publique (via les impôts du contribuable) réservent à leurs retraités des pensions qui sont notoirement supérieures à celles du secteur privé. On arrive finalement à ce paradoxe et à cette injustice que des métiers qui financent très partiellement leurs propres retraites jouissent grâce aux apports supplémentaires de l'État de pensions supérieures à celles dont bénéficient ceux qui financent quasi-intégralement leurs propres régimes de retraite.

Enfin dernière alerte: tel qu'il est posé en vue de la prochaine réforme des retraites , le slogan présidentiel " à cotisation égale, retraite égale" est pour le moins parfaitement ambigu, voire éventuellement quelque peu dolosif. Supposons en effet que l'on rapproche présentement pour deux rémunérations comparables les cotisations du secteur privé avec celles très supérieures du secteur public à raison de la subvention d'équilibre que l'État verse et qui double ou triple l'effort normal de l'employeur.Alors il n'y a pas besoin de réforme des retraites, puisque les fonctionnaires bénéficiant de cotisations patronales indûment "boostées" peuvent déjà prétendre au maintien, voir même au développement de leurs avantages actuels, le total de leurs cotisations salariales et patronales excèdant et de très loin le total des cotisations salariales et patronales du secteur privé. Et je suis atterré d'être pratiquement le seul à agiter cette sonnette d'alarme, l'ensemble des médias, y compris ceux réunissant d'éminents "spécialistes", gobant et répétant à satiété et comme des ânes le slogan présidentiel, sans jamais oser en signaler ni les dangers, ni les incertitudes.

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MarcusVinicius 27 mars 2018 - 9:08

bof bof
Bon les retraités ne vont pas nous faire pleurer. Depuis le temps qu'on sait que la répartition ne peut pas marcher avec l'évolution démographique des sociétés occidentales, il ne fallait pas en son temps voter Mitterand pour la retraite à 60 ans et constamment défiler contre les ajustements à la hausse de l'âge de départ en retraite. Cette génération dorée (c'est bien le mot) aura connu les 30 glorieuses, le plein emploi, une croissance dont on n'ose plus rêver, des emprunts très faciles à rembourser du fait de l'inflation qui était alors plus que confortable, etc…
Cette génération jouisseuse qui n'aura eu de cesse de détruire les valeurs bourgeoises d'effort et de mérite, de transmission de notre histoire (la génération 68), qui aura endetté notre pays au-delà de l'imaginable et appauvri en 40 ans un des pays les plus riches du monde. Non, vraiment, pour une fois je ne partage pas du tout l'esprit de cet article. D'autant que les retraités ont déjà une CSG a un taux plus bas que celui des actifs.

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Thierry BENNE 27 mars 2018 - 10:50

@MarcusVinicius

Vous avez votre opinion et je n'entends pas vous en faire changer, seulement procéder à quelques menues rectifications qui me semblent nécessaires.

01 – le plein emploi

Certes il était alors bien plus facile de trouver un emploi qu'actuellement. En revanche, le chômage était bien moins généreusement indemnisé ou pris en charge et on ne trouvait pas alors des corporations entières telles qu'aujourd'hui on en rencontre et qui gèrent leur chômage tout en vivant très sereinement aux dépens de la collectivité.

02 – les emprunts

Vous oubliez que ces emprunts soi-disant très faciles à rembourser du fait de l'inflation qui était alors plus que confortable étaient eux-mêmes conclus à des taux plus que dissuasifs, parfois supérieurs à 15% l'an et que les facilités de renégociation étaient alors tout à fait exceptionnelles.

03 – le taux réduit de csg

La réponse détaillée @phiphiar que vous trouverez ci-dessus fait justice de ce grief, la plupart du temps articulé par des personnes qui ignorent tout de son origine.

Par ailleurs, sauf erreur, l'ensemble de vos remarques ne vous situent manifestement pas à gauche, ni dans l'alignement de mai 1968. Sachez que vous n'êtes pas tout seul dans ce cas , que les majorités comportent aussi des minorités et qu'avant de plonger toute une génération dans la même opprobre, il faut peut être vous demander si tous les membres de cette génération encouraient bien ou non l'ensemble de vos griefs.

Cordialement quand même: Th.B

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Thierry BENNE 27 mars 2018 - 10:57

OH, LA VILAINE FAUTE!

Correctif in fine pour @MarcusVinicius: le même opprobre (et non pas la même opprobre) Décidément, il se fait tard…Avec mes excuses: Th.B

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Olivier 28 mars 2018 - 10:44

Bonjour,

A noter un point en complément des commentaires :
vous parlez d'un revenu fiscal mensuel net de 1200€ en moyenne. Je pense qu'il serait équitable de raisonner en médiane ou droite de régression car il y a – je crois une grande dispersion – beaucoup de petites retraites soit par "inactivité professionnelle" et donc absence de cotisations (ex. femme au foyer), soit par choix de cotisation à minima à l'époque (ex. artisan, profession libérale…).

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