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Et si tous les salariés pouvaient opter pour être des travailleurs indépendants

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Les plateformes numériques de VTC, de livraison mais aussi de services à la personne, de soins ou autres se développent depuis une dizaine d’années pour apporter des services à la demande aux particuliers ou aux entreprises avec le concours de travailleurs indépendants : chauffeurs, livreurs… Selon l’UE,  plus de 28 millions de personnes en Europe travaillent par l’intermédiaire d’une ou de plusieurs plateformes. Actuellement 26 millions de ces travailleurs ont un statut d’indépendant, seuls 7% sont salariés. La majorité d’entre eux sont des jeunes. Pour certains, c’est un revenu d’appoint qui leur permet de poursuivre leurs études ou d’augmenter leurs revenus en sus d’un autre job…

Des travailleurs satisfaits de leur indépendance

La plupart de ces « travailleurs des plateformes » ne veulent pas être soumis au statut de salariés. Ils s’y sont opposés (Message.from.drivers.associations), par l’intermédiaire de leurs syndicats. Ils sont satisfaits de la liberté que leur confère en France le statut d’auto-entrepreneur. Dans le cadre de leur microentreprise, ils disposent d’une assurance sociale avec des cotisations limitées et un taux d’imposition forfaitaire modeste.

Au surplus ils peuvent gagner leur vie correctement. Un chauffeur qui se connecte à une plateforme VTC 45 heures par semaine peut espérer une rémunération nette de l’ordre du salaire médian français (2100€ nets en 2023), ce qui n’est pas négligeable et offre une voie possible pour sortir de la smicardisation de la France. Mais l’Union européenne prépare une directive pour requalifier les travailleurs des plateformes en salariés. Si elle devenait effective, de nombreux chauffeurs et autres travailleurs des plateformes abandonneraient le métier et redeviendraient sans doute des intermittents pointant à épisodes réguliers au chômage, ce que précisément les pouvoirs publics veulent, à juste titre combattre. D’autant plus que le statut de salariés compliquerait terriblement la possibilité habituelle de ces travailleurs de se partager entre plusieurs plateformes, comme 80% des chauffeurs de VTC le font pour choisir leurs courses selon les jours, les lieux.

L’UE s’obstine pourtant à vouloir généraliser le salariat. Le projet en cours de débat entre la Commission, le Conseil et le Parlement européens prévoit que ces travailleurs soient automatiquement requalifiés en salariés s’ils satisfont à deux critères parmi lesquels certains seront presque nécessairement remplis tels que la détermination de plafonds applicables à la rémunération que les travailleurs peuvent percevoir, la supervision de l’exécution de leur travail, y compris par des moyens électroniques, ou la limitation de la liberté d’organiser son travail et règles en matière d’apparence ou de conduite. Il est évident en effet que les plateformes ont pour rôle d’offrir un service standardisé de qualité, ce qui implique des tarifs, une offre homogène, des règles de comportement, voire de tenue vestimentaire…

Les dangers de l’uniformisation des statuts

L’UE veut requalifier tous les indépendants. Ses nouvelles règles seraient un danger pour tous les artisans et les professionnels libéraux comme les avocats et les médecins dont le cabinet ou la clinique joue un rôle plateforme…  Un risque qu’ils ne veulent pas courir parce que la plupart d’entre eux revendiquent cette liberté d’exercice professionnel, cette responsabilité de s’assurer, de gérer leur temps et leurs revenus, de travailler autant qu’ils le veulent. Mais c’est précisément ce que l’UE ne comprend pas, ne veut pas comprendre parce qu’elle est managée par des fonctionnaires déresponsabilisés, promus à l’ancienneté, frileux, par des gens qui sont formés pour se soumettre aux doxas lénifiantes et aux consensus mous qui font le lit d’une Europe déclinante sans force, sans courage, sans aventure, égalitariste. Ces gens-là détestent ceux qui savent encore se lever tôt et se coucher tard pour gagner mieux leur vie par eux-mêmes, ceux qui sortent des chemins battus. Ils veulent les mettre dans le moule unique de leur médiocrité pour ne plus avoir à rougir de celle-ci.

La transformation de ces travailleurs en salariés réduirait leurs revenus nets et augmenterait le coût du service pour les clients tant les charges à intégrer dans le prix seraient plus élevées ainsi que les contraintes pour les employeurs. Mais plus encore c’est le sort de l’Occident qui est en jeu. Car déjà, le déclin de la croissance occidentale et plus généralement de la vitalité européenne est dû notamment à cette extension de l’esprit de salariat au détriment de l’esprit d’initiative et d’entrepreneuriat qui nourrit l’innovation et la dynamique économique et sociale. Nombre d’individus n’ont pas la capacité d’assumer leur autonomie et il est souhaitable qu’un statut salarié et protecteur permette de les rassurer suffisamment pour qu’ils accomplissent sans inquiétudes majeures leur travail quotidien et l’activité régulière dont s’entretient toute économie. Mais le progrès d’une société est d’autant mieux assuré qu’elle dispose et encourage une partie de sa population active à s’aventurer dans des voies de traverse, non conventionnelles, à tenter, à ouvrir de nouveaux horizons. A défaut elle s’emmure dans ses habitudes et ses privilèges et bientôt s’affadit avant de mourir. C’est pourquoi il faut conserver et favoriser, plutôt que de les décourager et de les assujettir, des bataillons de travailleurs libres, plus audacieux, pour défricher de nouveaux territoires de développement et insuffler à l’ensemble de la société un esprit d’ouverture et de découverte. Souhaitons que les directives sur les travailleurs des plateformes n’aboutissent pas. A l’inverse, tous les salariés devraient pouvoir opter pour un statut d’indépendant.  VIVA LA LIBERTAD, CARAJO dirait le président argentin Javier Milei.

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11 commentaires

Laurent46 12 février 2024 - 7:14

C’est cela la nouvelle Richesse Républicaine torcher les fesses des administratifs.
La République à commencée par faire des Services la richesse du pays, aujourd’hui on en est aus services pour les services la nouvelle Richesse Républicaine.

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o.icaros 12 février 2024 - 8:39

Cela existe déjà dans la restauration où beaucoup de serveurs, voire bientôt les cuisiniers, veulent être auto-entrepreneur. Certains patrons l’acceptent, ils y trouvent un avantage, d’autres pas d’où le manque de personnel dans cette profession qui demande à grands cris la régularisation de sans papiers pour combler leur manque. Est-ce la fin du salariat?

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gillet 12 février 2024 - 9:54

C’est à ce demander s’il ne faudrait pas faire comme les Anglais:foutre le camp de cette eurocratie incompétante,et ridicule

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Nicolas Lecaussin 12 février 2024 - 11:36

On ne peut pas dire que les Anglais se portent mieux aujourd’hui…Au contraire..

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Picot 12 février 2024 - 12:46

Peut être, et encore tout le monde n’est pas d’accord avec vous, mais au moins ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. Qu’ils aillent bien ou qu’ils aillent mal c’est à présent de leur seule responsabilité.

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Philippe 12 février 2024 - 11:25

Dans une relation employeur/salarié, il existe un lien de subordination plus étroit qui peut être nécessaire dans un travail d’équipe. C’est plus difficile à construire avec dans un groupe d’indépendants. Généralisé l’indépendance, ce n’est donc pas forcémment adapté à tous les cas, mais en laisser la liberté de choix aux intéressés serait sans aucun doute un progrès majeur. Pas vraiment dans l’esprit des politiques qui souhaitent tellement régir nos vies….

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Mathieu Réau 12 février 2024 - 4:36

Mais les gens ont le choix, au contraire.
Présentement, ils peuvent tout à fait devenir chauffeur de VTC ou livreur, si ça leur chante, personne ne les en empêche. Si vous ne voyez pas les gens se bousculer en masse pour occuper ce genre de postes (qui par ailleurs ne peut se développer que dans les grandes villes), y a peut-être bien une raison ?…

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Nicolas Lecaussin 12 février 2024 - 6:14

si, les gens, surtout les jeunes, se bousculent en masse pour devenir chauffeurs Uber ou Bolt..

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Picot 12 février 2024 - 12:41

Très bien vu Mr Delsol. Effectivement, c’est de plus en plus clair : l’UE, et donc la Macronie qui lui est complètement soumise, n’aime pas la liberté. Des autres. Ils ne supportent pas les indépendants. On le voit en ce moment avec la destruction méthodique de la médecine libérale. Le même sort est réservé aux agriculteurs, avocats, artisans, petits commerçants, petites entreprises etc…L’UE est une dictature contre laquelle il faut absolument lutter.

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Daniel DOUMENG 12 février 2024 - 2:25

Qui des Franchises ou des Mandats d’exploitation ?

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Eschyle 49 13 février 2024 - 5:52

Vous avez une solution toute simple : créez votre entreprise sur un campus universitaire .

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