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Ecologie et obsession fiscale

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I – L’obsession fiscale est une maladie française

Tout le monde sait ce qu’est une obsession sexuelle. Pour être moins banale, l’obsession fiscale, qui frappe seulement certains de nos milieux politiques, consiste à donner à tout problème, à toute question une solution ou une réponse exclusivement et uniformément fiscale. Or depuis quelques années déjà, les Français commencent à prendre conscience que -volontairement ou pas- ils ont choisi comme dirigeants de véritables obsédés fiscaux, des gens pour lesquels toute occasion est bonne de pousser un peu plus loin le curseur des prélèvement fiscaux qui saignent le pays et qui, sans jamais diminuer la dépense publique, rognent à chaque fois le peu de compétitivité qui lui reste. Comme le rappelle M. Touati ce 7 septembre dans Capital « les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2017, le taux de prélèvements obligatoires a atteint 45,3% de la richesse créée (c’est-à-dire du PIB), contre un niveau de 30% en 1960 ou encore 41,2% en 2009. La France se paie ainsi le luxe d’être le deuxième pays de l’OCDE dans lequel la pression fiscale est la plus forte, juste derrière le Danemark (45,9%) et loin devant le numéro 3, en l’occurrence la Belgique (44,2%), la moyenne de l’OCDE se situe à 34,3% (26% aux États-Unis)« . Et on peut même se demander si la vive admiration de notre Président pour le royaume du Danemark ne tient pas pour une part à ce que ce pays est capable d’imposer à son « peuple luthérien » une pression fiscale encore supérieure à celle que la France fait peser sur ses « Gaulois réfractaires« .

En tête de cette obsession coupable figure notamment l’écologie punitive – le « vert fouettard », avions-nous osé écrire! -prétexte à tous les excès et à tous les gâchis (cf. écotaxe, éoliennes terrestres, normes absconses et fraudées, carburants terrestres surtaxés, le kérosène étant curieusement exonéré car nos classes dirigeantes préfèrent l’avion qui lui, c’est bien connu, ne pollue pas etc!). Ceux qui par curiosité ont épluché leur facture d’électricité ont pu s’apercevoir avec effroi qu’en quelques années et fort sournoisement, ce document de pur droit privé est devenu une sorte d’avis d’imposition masqué, auquel la fourniture d’énergie fournit un socle de plus en plus ténu. En effet, sur votre facture, il y a désormais environ 2/5èmes et parfois plus d’impôts et de taxes et c’est même la raison pour laquelle Eurostat vient d’infliger un sérieux démenti à la thèse officielle et mensongère selon laquelle l’électricité serait moins chère en France. En réalité, du fait des chargements fiscaux opérés et majorés jusqu’à l’excès et en dépit des performances de l’outil nucléaire, la France se situe désormais dans la moyenne chère de l’Europe, surtout si l’on considère que l’État vient d’en profiter ces toutes dernières années pour majorer de plus de 40% des prélèvements déjà fort substantiels.

II – Le recyclage parfait est une mirage

Un nouvel exemple vient malheureusement montrer que, bien qu’elle ait déjà été clairement diagnostiquée par une multitude d’experts, cette obsession fiscale, n’est toujours pas traitée. Car le patient refuse obstinément de consulter et plus grave encore, il se complait dans l’aggravation de son mal. De quoi s’agit-il? On sait que lors des dernières grand-messes écologiques internationales, la question dans un premier temps du recyclage des plastiques et dans un second temps de la limitation de leur utilisation refait régulièrement surface. Or en ce domaine, la France se traine actuellement dans les profondeurs des classements européens et ses systèmes délirants de marquage et de labellisation (plusieurs dizaines de logos hermétiques ou confus) n’y sont sans doute pas pour rien. Pour montrer que la France va désormais laver plus blanc que blanc et pour rafler au passage le maximum de voix écologistes, le Président Macron avait inscrit dans sa campagne présidentielle en bonne place l’objectif ambitieux et attractif d’un recyclage total (100% rien moins!) en lui assignant l’échéance fort proche de 2025 (bien que le mandat présent du promettant s’achève en 2022!). Pourtant on sait depuis déjà un certain temps que cet objectif est rigoureusement inatteignable à un horizon même beaucoup plus lointain. En effet, dans un important article relayé par la Tribune au début de l’année 2018, le professeur Nathalie Gontard (INRA – Sciences de l’aliment et de l’emballage), reprend l’état connu des travaux sur le recyclage des plastiques en France. Elle rappelle que scientifiquement le « tout recyclable » est un dangereux mirage. En effet en France les statistiques sont impitoyables! Près de 75% des plastiques partent purement et simplement dans la nature par enfouissement, abandon, accès à l’eau ou immersion. Sur le quart qui reste, 11% sont incinérés et pas plus de 14% des déchets plastiques sont collectés en vue d’un éventuel recyclage. Sur ces 14%, 4% disparaissent pour diverses raisons tout au long du processus de recyclage et 8% ne sont pas à proprement parler recyclés, mais « décyclés » car dérivés vers un autre usage (notamment pour des raisons de santé publique). Si bien qu’au final il reste 2% de déchets effectivement recyclés en circuit fermé et propres à un nouvel usage conforme au précédent. Pour passer en moins de 7 ans de 2% à 100% de plastique effectivement recyclé et sans jamais se demander à quel prix le recyclage s’opère présentement et surtout à quel coût il s’opèrera à l’avenir, il faut quand même un certain culot. Malheureusement, cela fait déjà longtemps que l’on s’est aperçu que la plupart de ceux qui savent ne font pas de politique et que la plupart de ceux qui font de la politique ne savent pas ou feignent de ne pas savoir..

III – »Tout fiscal » et pouvoir d’achat

Qu’importe donc, qu’à cela ne tienne! Puisque l’engagement du tout recyclable ne peut décidément pas être un objectif scientifique crédible, faisons-en un dogme et quoi de mieux qu’un nouveau prélèvement sonnant et trébuchant pour réchauffer la foi des sceptiques! C’est ainsi qu’afin de donner corps à la promesse présidentielle et en vue des prochaines élections européennes, la Secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire n’a pas craint d’annoncer la mise en place dès 2019 d’un système de bonus/malus allant « jusqu’à 10% du prix des produits » pas moins! Bien entendu et parce qu’en « Macronie » l’ambiguïté est toujours reine, la dame ne précise pas si ce prix concernerait celui seul de l’emballage – hypothèse probablement assez peu dissuasive- ou s’il inclurait également celui du contenu – avec là, un effet de matraquage probablement insupportable (par exemple, comparable dans l’alimentaire de base à un triplement de la tva actuelle!). Les Français qui ont une longue expérience du bonus/malus, savent que les bonus sont toujours chichement mesurés, régressifs, aléatoires et souvent éphémères, mais que les malus installés à perpétuité deviennent rapidement dissuasifs, poussés sans cesse à de plus hauts niveaux par les besoins insatiables des finances publiques. En outre, s’il est à peu près sûr que les entreprises répercuteront les malus dans leurs prix, quelle est donc la garantie du consommateur de récupérer l’avantage du bonus sur les produits « vertueux »? Ainsi donc, même s’il ne se trouve pas un seul scientifique sérieux pour valider une promesse de campagne présidentielle qui a largement abusé l’électeur, dès l’année prochaine et si cette merveilleuse idée est retenue, nos compatriotes peuvent s’attendre à voir s’enchérir significativement – et très au-delà de l’inflation qui repart- le prix de beaucoup de biens de consommation courante. Et ce, en dépit des dénégations officielles assurant depuis des mois que, face à la grogne qui monte, il n’y aurait plus désormais de nouvel impôt, de nouvelle taxe ou de nouveau prélèvement. Le problème c’est que les Français ne sont pas dupes et

– ils voient bien tous les jours leur carburant devenir un produit de luxe de plus en plus cher,
– en même temps qu’éclosent sans cesse ici ou là de nouvelles taxes, de nouvelles majorations d’impôts ou de nouvelles mesures, qui toutes attentent à leur pouvoir d’achat, telles que celles qui gèlent de fait les retraites ou encore la toute dernière trouvaille d’une Commission de députés qui propose tout simplement en ressuscitant ou presque la gabelle de taxer le sel dans l’alimentation.

Or à force de mentir et de décevoir et à l’heure où l’inflation rogne méchamment les revenus des Français, le pouvoir ferait bien de se méfier parce que, lorsqu’il aura besoin à un moment ou à un autre de dire la vérité à la Nation (l’exemple Hollande a suffisamment montré qu’on ne peut en effet mentir continuellement cinq ans durant), personne ne le croira plus et ce sera parfaitement mérité.

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4 commentaires

PhB 12 septembre 2018 - 2:11

II – Le recyclage parfait est une mirage
Il suffit d'avoir regardé Cash Investigation sur FR2 hier soir où tout est dit.
Merci à l'équipe qui par sa pugnacité est arrivée à tirer quelques évidences sur ce système "pourri" soutenu par leur inaction, par nos politiques de mèches avec ces industriels de l'emballage.
Malheuresement; il est déjà trop tard, les particules plastiques ayant déjà largement investi les coins les plus profonds de nos sol et océans.
Nos enfants nous remercieront plus tard.

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Jidé 13 septembre 2018 - 1:11

Impôts et taxes EdF
Il est précisé dans le chapitre I …"qu'en effet,sur votre facture ( EdF) il y a désormais,environ 2/5 (donc 40 %) et parfois plus d'impôts et de taxes".
En se référant à l'article de l'IREF à ce sujet paru le 08 mars 2015 il était précisé ceci avec pour exemple d'un lecteur: Total abonnement et consommation : 765,86 euros.
Total facture :1161.70 euros.
Donc % des taxes appliquées 1161.70 / 765.86 = 51.68% soit environ 52% en 2015…Ces impôts et taxes n'ayant pas dû diminuer depuis c'est donc bien une belle escroquerie de la part d'EdF ,escroquerie malheureusement peu connue des consommateurs!

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Thierry BENNE 13 septembre 2018 - 10:00

RÉPONSE À @JIDÉ: L'ÉNERGIE A BON DOS
Le rapport de 2/5 est issu du montant hors taxe de l'abonnement et des seules consommations de KW par rapport au total ttc des dernières factures personnelles que j'ai reçues d'un concurrent d'EDF. Mais j'avais réservé par prudence l'éventualité d'un chiffre plus élevé car je me souvenais que plusieurs lecteurs avaient fait état de ratios plus forts. Quoi qu'il en soit, on voit sur l'énergie à l'oeuvre toute cette fiscalité comportementale qui punit les Français d'oser consommer encore qui du gaz, qui de l'électricité, qui du carburant en réchauffant indûment la planète (observez quand même que tout ce monde savant est présentement incapable d'expliquer le fonctionnement précis du soleil, premier responsable de la "chaleur " de la planète et qu'il voudrait nous faire croire que l'activité humaine est le facteur déterminant d'un phénomène dont la principale inconnue échappe toujours à la science).

Par ailleurs, comment expliquer que le kérosène pour les avions qui, à l'unité de référence, polluent infiniment plus que les transports terrestres échappe à la fois à la tva même sur les transports intérieurs et à la TICPE? Ainsi on taxe jusqu'à l'os ceux qui sont obligés de se mouvoir sur le plancher des vaches, mais on exonère ceux qui peuvent prendre de l'altitude, parmi lesquels se recrutent c'est vrai la plupart des décideurs de la planète et une bonne part des écologistes qui ne renâclent pas à voyager fort loin, en allant le coeur léger polluer ailleurs et polluer les autres.

Enfin l'OCDE a récemment rappelé qu'il n'est pas juste de faire reposer l'essentiel de la fiscalité sur les transports terrestres alors que ces derniers ne sont responsables que d'une fraction très minoritaire de la pollution observée, mais cette observation de bon sens et qui ne fait que peser davantage sur le pouvoir d'achat des Français n'a jusqu'ici pas ému les sages du Conseil constitutionnel, pour lesquels la plupart des impôts sont toujours de bons impôts puisque la plupart en ont vécu et continuent à en vivre et ma foi fort bien!

Cordialement: Th.B

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yuropp 21 novembre 2018 - 10:37

Une "maladie française" ? Même pas
jusque dans l'auto-flagellation, l'ignorance du monde extérieur est de mise…

Embaucher des fonctionnaires par millions par clientélisme ou volonté de truquer les chiffres de l'emploi, devoir ensuite saigner l'économie à blanc pour les payer (sans compter la capacité de nuisance qu'ils consacrent à "exister"), c'est le lot de centaines de pays, de par le monde et à diverses époques. Certes, "la France est un pays fertile : on y plante des fonctionnaires et il y poussent des impôts", mais se prétendre "champions" en la matière est osé…

Du moins, nous n'en somment plus aux Mérovingiens qui confondaient "trésor royal" et "cagnotte du roi", au point de se faire enterrer avec l'argent des impôts. Encore que…

Ce qui n'interdit pas de nous concentrer égoïstement sur la principauté semi-autonome de Cocorique.

En général, nos éconolâtres dissimulent le coûts de ses parasites dans les "grandes masses" de la comptabilité publique, parmi des salariés qui auraient tout à gagner à passer en CDI une fois les privilèges rabotés. Par exemple, les salariés d'un EPAD se plaignent de leur surcharge de travail, alors qu'ils se retrouvent avec un cadre supérieur de plus, un type qui n'a aucune activité identifiée dans le travail utile : une fois qu'il a "géré la gestion", le boulot n'aura pas avancé d'un pouce. Mais les données comptables feront apparaître un "poste" en plus et une augmentation de la "masse salariale". "vous voyez bien qu'on fait des efforts pour les vieux"… Poussière sous le tapis…

Quant à notre ami Macron, il radote son discours sur la réduction prochaine du nombre de fonctionnaires … et vient d'en embaucher 50 de plus, uniquement pour espionner notre vie privée,pour un coût de l'ordre de 2 M € (outre leur salaire, il faut les stocker, les asseoir, les chauffer etc. Et les retraiter car nous leur payons aussi leur retraite : pour chaque euro de salaire, il faut prévoir un euro de retraite…) : ceux qui trouvent que c'est bon marché n'ont qu'a me les donner…

Il se trouve que, dans le cas des impôts locaux, on a une idée de ce que nous coûte l'inquisition fiscale : les fisqueux nous les facturent plus de 25 euro pièce (24 + vins et dessert) ; si on table su 20 millions de feuilles de taxe foncière ou d'habitation (probablement sous estimé), on arrive au demi-milliard par an, uniquement pour nous surveiller et nous taxer. Plus le coût de leur retraite, facturé ailleurs : on ne doit pas être loin du milliard, juste pour le "fonctionnement" d'un machin administratif dont on pourrait fort bien se passer : il suffirait de taxer juste le terrain, sans s'occuper de ce qu'il y a dessus, mais en "zonant" le pays, de "zone résidentielle dense" à "zone inhabitable" en passant par "résidentiel diffus" et "industrie Seveso". Il y aurait des gens qui y gagnerait, d'autres qui y perdrait, mais ce ne serait pas plus injuste que maintenant. Simplement, il resterait 1 milliard de plus dans l'économie productive.

Mais des dizaines de milliers de fonctionnaires en moins, dont certains créeraient des entreprise au lieu d'attendre la retraite. Dont une centaine d'énarque, qui ont besoin de piller les gens pour avoir un plan de carrière. Mieux vaut oublier…

N'empêche qu'un fonctionnaire dont le travail est inutile (voire nuisible), c'est comme un chômeur indemnisé, mais payé plus cher, sans limite, et sans qu'il ait à chercher du boulot.

Au Venezuela de Chavez/Maduro, en URSS de Brejnev, en Egypte de Nasser… et en France, même que l'argument "c'est pas bibi c'est un autre", s'il est (à la rigueur) recevable dans une cour de récréation (niveau CE2), l'est beaucoup moins de la part du "grand chef à qui tout obéit".

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