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Javier Milei : le profil atypique du nouveau chef d’État argentin

Nicolas Lecaussin interviewé par Epoch Times

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L’économiste Javier Milei vient de remporter l’élection présidentielle en Argentine (55,69 %) face à son opposant péroniste Sergio Massa (44,31 %). Celui qui a été propulsé à la tête de la troisième économie d’Amérique latine intrigue sur le plan des idées politiques. Libertarien assumé, il a sur certains sujets un discours plutôt conservateur. À l’inverse de beaucoup de « populistes », il est pro-américain. Avec ce « cocktail » idéologique surprenant et son style rappelant celui de Donald Trump, le président élu va devoir se montrer fin politique s’il veut faire passer ses réformes.

Javier Milei le libertarien…

L’Argentine doit se préparer à une thérapie de choc avec son nouveau président. Javier Milei est un libertarien revendiqué. Il n’aime pas l’État qu’il a une fois comparé lors d’une interview à un « pédophile dans une école maternelle ». Il a promis tout au long de la campagne de réduire drastiquement la dépense publique, promesse symbolisée par une tronçonneuse avec laquelle il s’est régulièrement mis en scène lors de ses apparitions publiques. Le nouveau leader argentin a aussi prévu une série de privatisations concernant notamment les secteurs de l’énergie et de l’audiovisuel et d’abolir plusieurs ministères comme ceux de la culture, du travail et des transports. Solutions auxquelles il croit pour libérer l’économie argentine et sortir le pays de la pauvreté. Pour rappel, 40 % des Argentins vivent en-dessous du seuil de pauvreté. L’une de ses références idéologiques n’est autre que le philosophe et économiste américain, Murray Rothbard, l’un des plus grands théoriciens du courant de pensée libertarien avec Milton Friedman et Robert Nozick. Pour l’Argentine, la victoire d’un candidat libertarien est une première. Le pays a eu à sa tête pendant des années des gouvernements péronistes de gauche, favorables à une forte intervention de l’État dans l’économie et dans la société. « L’Argentine est enfoncée dans la crise et souffre à cause d’un État providence qui a fait faillite. Les électeurs ont rejeté le retour du socialisme et ont largement choisi le représentant du capitalisme libéral », indique à Epoch Times le directeur de l’Institut de Recherches Économiques et Fiscales (IREF), Nicolas Lecaussin. Mais pour le continent latino-américain, cette victoire résonne plutôt comme la poursuite d’une tendance. Selon Nicolas Lecaussin, « l’ancien président du Brésil, Jair Bolsonaro, a bien été élu en 2018 sur un programme de réformes libérales et de lutte contre la corruption ». « Il a réussi à mener à bien une partie d’entre elles », ajoute-t-il.

…conservateur et pro-américain 

Les convictions qui animent le président élu peuvent sembler parfois contradictoires. Ce dernier a un discours très libertarien auquel viennent s’ajouter de temps à autre des accents conservateurs. Chose paradoxale puisqu’en général, un libertarien est très libéral, à la fois sur les sujets économiques mais aussi sociétaux. Le nouveau leader argentin est par exemple opposé à l’avortement. « Javier Milei se définit comme un « anarcho-capitaliste » mais, pour moi, il est plus un libéral-conservateur. Il veut restaurer l’État de droit et les libertés individuelles, il veut garantir le droit de propriété et la liberté pour les parents de choisir l’école de leurs enfants », confie le directeur de l’IREF.

Javier Milei étonne encore plus par son américanisme et son soutien à l’Ukraine, se démarquant ainsi idéologiquement des autres candidats ou des politiciens antisystème du reste du monde, plutôt bienveillants à l’égard de Moscou. En tant que membre du parlement argentin, il avait condamné dès mars 2022 l’invasion russe de l’Ukraine. « Ceux d’entre nous qui défendent les idées de liberté ne peuvent tolérer ou accepter une invasion comme celle que la Russie a faite à l’Ukraine », avait-il notamment déclaré. Le président argentin rentre donc dans le cercle très restreint des leaders « populistes » pro-américain dont fait partie la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni et dont a été membre jusqu’en 2022, l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson.

Un mélange idéologique et un style à double tranchant

Toutefois, ce « cocktail idéologique » pourrait être dangereux pour Javier Milei. Il va devoir jouer subtilement avec les cartes qu’il a en main. S’il y a une attente de la part du peuple argentin et plus particulièrement de la jeunesse en matière de « dégagisme » et de réformes économiques structurelles, il n’en est pas nécessairement de même sur les questions sociétales. La légalisation de l’avortement est très récente en Argentine (décembre 2020) et si Javier Milei revenait sur cette loi, une partie de la jeunesse qu’il a su capter lors des élections présidentielles pourrait lui tourner le dos.

Ses attitudes parfois excentriques représentent aussi une menace pour son avenir politique. Même si elles lui ont permis, entre autres, de remporter l’adhésion des Argentins et de gagner l’élection, elles incarnent une sorte de « jeu risqué ».

« Son style et les excès de langage peuvent le décrédibiliser, et même lui faire perdre les élections futures, comme ce fut le cas avec Trump et Bolsonaro. Javier Milei doit apprendre à se contrôler pour que les investisseurs étrangers et les institutions internationales lui fassent confiance. Il faudra surtout qu’il résiste calmement aux attaques de la gauche et autres qui vont l’accuser de tous les maux. Cela a déjà commencé », met en garde Nicolas Lecaussin.

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1 commenter

maxens 26 novembre 2023 - 1:03

« à cause d’un État providence qui a fait faillite », est ce le sort qui nous est réservée, les mêmes causes produisant les mêmes effets

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