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« Changer l’Europe, oui, mais il faudra surtout changer la France ! »

Nicolas Lecaussin dans Le Point

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Lors de la campagne pour les élections européennes, la critique de l’Europe a été omniprésente dans les discours politiques et certains médias. Les raisons ne manquent bien sûr pas de blâmer la politique européenne d’aujourd’hui, ses normes et réglementations, son peu de considération pour la subsidiarité et la concurrence ou sa coûteuse obsession pour les énergies renouvelables au détriment du nucléaire.

Il est juste d’aspirer à ce que l’Europe revienne à ses fondamentaux, au traité de Rome, au libre-échange, à la subsidiarité, à la liberté de circulation, qu’elle renonce à des politiques trop dirigistes et favorise la recherche, l’innovation et l’entrepreneuriat. Cette critique justifiée de Bruxelles ne doit cependant pas servir de cache-sexe à nos propres défauts.

Les tares européennes ne doivent pas faire oublier que la France souffre gravement de ses propres politiques publiques.

Preuve en est que d’autres pays, eux aussi membres de l’Union européenne et de la zone euro, se portent mieux que nous. Si nous sommes champions du monde des dépenses publiques, des dépenses sociales et des prélèvements obligatoires, ce n’est pas l’Europe qui en est responsable. En 2023, selon les dernières données Eurostat, le déficit dépassait 3 % du PIB dans 11 États membres de l’UE, la moyenne de la zone euro se situant à 3.6 % et celle de l’UE, à 3.5 %. Le déficit français (5,5% du PIB) est 18.3 fois plus élevé que celui des Pays-Bas (0.3 %) et 2.2 fois plus élevé que celui de l’Allemagne (2.5 %). De fin 2019 à fin 2023, notre dette publique a augmenté de 12,7 points de PIB, contre en moyenne 4,5 points dans la zone euro et 3,9 points dans l’Union européenne. Elle est 2.3 fois plus élevée que celle des Pays-Bas (46.5 %) et 1.7 fois plus que celle de l’Allemagne (63.6 %). Quant aux dépenses publiques, elles ont accaparé chez nous 57.3% du PIB, battant ainsi la moyenne européenne (49,4 %) de plus de 7 points, l’Allemagne (48,6 %) de 8.7 points, les Pays-Bas (43,5 %) de 13,8 points.  Pour ce qui est du chômage, depuis 1980, le taux français et en moyenne de 9 % et il ne descend pas en dessous de 7.5 % alors qu’il est de 5.5 % en Allemagne et de 3.5 % aux Pays-Bas.

Si notre Etat providence est aussi omnipotent qu’inefficace, s’il redistribue à tout va sans aucun contrôle, ce n’est pas non plus la faute de Bruxelles. Si la France figure parmi les champions européens des jours de grève, avec des syndicats biberonnés à l’argent public qui bloquent le pays régulièrement, elle ne le doit qu’à sa très personnelle « culture ». Nous avons aussi dans notre panoplie d’idiosyncrasies une surpopulation endémique d’agents publics, qui compte pratiquement 7 millions de fonctionnaires et assimilés (proportionnellement à la population, 3,4 millions de plus qu’en Allemagne). Nous avons les 35 heures, l’assistanat et la fraude sociale, la surtransposition des normes européennes, l’insécurité et les problèmes dans les banlieues, des charges et des impôts plus élevés qu’ailleurs qui assomment nos entreprises. Nous avons encore une étagère pleine de coupes d’Europe en matière de taxation : celle des propriétaires, celle des terres agricoles, celle de l’industrie pharmaceutique, celle du capital (un record du monde, même, avec le Danemark et le Japon)… Et pour organiser tout ça, nous avons l’ENA et les énarques, Bercy et les inspecteurs de finances, l’URSAAF et le Code du travail, les SAFER et ses fonctionnaires, tous parfaitement aptes à concocter des politiques publiques catastrophiques, régulièrement épinglées par la Cour des comptes, qui gaspillent des dizaines de milliards en ne navigant qu’à vue ou au doigt mouillé…

Plus de 400 000 normes accablent notre pays : Code du travail, 11 176 articles, + 224 % depuis 2002 (600 articles en 1973) ; Code de commerce, 7 008 articles, + 365 % depuis 2002 ; Code de l’environnement, 6 898 articles, + 689 % depuis 2002 ; Code de la consommation, 2 105 articles, + 333 % depuis 2002. Les huit principaux codes contiennent aujourd’hui plus de 23 000 pages contre 828 pages en 1833. Cette inflation coûte au moins 3 % du PIB, soit 84 milliards d’euros. L’Europe n’y est pour rien. Tous ces articles, absolument tous, sont 100 % fabriqués en France.

Changer l’Europe, oui, mais il faudra surtout changer la France !

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2 commentaires

Oncpicsou 8 juin 2024 - 7:40

Cet article devrait être imprimé sur une affiche électorale!

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louis 8 juin 2024 - 8:19

sachant qu’aucun candidats ne comptent réformer quoi que ce soit bien au contraire le sort du pays est deja réglé !

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