Iran
Le régime iranien a décrété lundi cinq jours de deuil national après la mort, dimanche dans un accident d’hélicoptère, du président Ebrahim Raïssi, élu en 2021 lors d’un scrutin marqué par une abstention très élevée, et de son ministre des Affaires Etrangères. Les condoléances ont afflué des alliés de l’Iran, tels que la Russie, la Chine, les talibans, mais aussi des pays occidentaux, messages parfois minimalistes mais aussi controversées puisque en l’honneur de celui qui était surnommé « le boucher de Téhéran » pour les dizaines de milliers de dissidents qu’il a fait exécuter jadis, sans oublier ceux qui le sont régulièrement aujourd’hui par son gouvernement. Le hashtag « notinmyname » proliférait lundi sur les réseaux sociaux après les messages du président du Conseil européen, Charles Michel, et du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell (un diplomate suédois travaillant pour l’UE, Johan Floderus, est actuellement détenu en Iran où il risque la peine de mort sous l’accusation d’espionnage). Surtout, la minute de silence observée lundi en l’honneur d’un dirigeant aussi sanguinaire et au demeurant ennemi farouche de l’Occident par le Conseil de sécurité de l’ONU, y compris donc Royaume-Uni, France, Etats-Unis, Japon et Suisse, semble difficilement justifiable : il y a des limites à tout même aux usages diplomatiques et au pragmatisme.
Par ailleurs, même si la disparition du président Raïssi va aggraver les rivalités entre clans dans l’optique de sa succession, elle ne déstabilisera pas fondamentalement le régime : le vrai maître du pays est, au nom de la suprématie du religieux sur le politique, l’ayatollah Ali Khamenei, qui désignera vraisemblablement le seul candidat acceptable au scrutin qui se tiendra, selon la Constitution, d’ici cinquante jours.
Espagne/Argentine
Madrid a convoqué lundi l’ambassadeur argentin en Espagne pour exiger une nouvelle fois des excuses du président libertarien argentin, Javier Milei après que ce dernier a évoqué à demi-mots les accusations de corruption portées contre l’épouse du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, en réaction sans doute à des propos, la semaine dernière, d’un ministre espagnol selon lequel il prenait des stupéfiants. Le gouvernement espagnol, qui a rappelé dimanche son ambassadeur à Buenos-Aires, envisage même une rupture des relations diplomatiques si le président argentin persiste dans son refus de s’excuser. En visite en Espagne, Javier Milei, avait rugi lors d’une réunion du parti d’extrême droite Vox « le lion est de retour et surfe sur la vague des larmes socialistes. Vive la liberté, bordel ! », ajoutant « les élites mondiales ne réalisent pas à quel point la mise en application des idées du socialisme peut être destructrice. Elles ne savent pas le type de société et de pays que cela peut produire et le type de gens accrochés au pouvoir et le niveau d’abus que cela peut générer ».
Sang contaminé
Les autorités de santé et politiques britanniques ont dissimulé la vérité autour du vaste scandale de sang contaminé qui a fait près de 3.000 morts au Royaume-Uni entre les années 1970 et 1990, selon les conclusions retentissantes d’une enquête publique publiée lundi après sept ans de travaux. Ce scandale, qui a vu 30.000 personnes souffrant d’hémophilie ou ayant subi des opérations chirurgicales contaminées par le virus de l’hépatite C et le VIH après avoir reçu des cocktails de nombreuses transfusions sanguines, « aurait pu être largement évité », affirme ce rapport. Le coût final des indemnisations des victimes devrait atteindre plusieurs milliards de livres, et doit être annoncé cette semaine.
« L’ampleur de ce qui s’est produit est horrifiante », estime ce document de 2.500 pages fondé sur des milliers de témoignages et des dizaines de milliers de documents prouvant que « la vérité a été dissimulée pendant des décennies ». Il pointe la responsabilité des gouvernements successifs pour avoir tardé à agir lorsque le scandale a émergé, et pour avoir assuré indument à plusieurs reprises que les patients avaient reçu les meilleurs traitements. Illustration de l’incompétence (pas besoin d’être un expert en statistiques pour savoir qu’une perfusion à partir d’un cocktail de dizaines, parfois de centaines d’échantillons de sang dans une population à incidence de 1 % de Sida avait une probabilité quasi nulle d’être non contaminé), opacité et irresponsabilité d’un complexe politico-sanitaire sans garde-fous même dans une démocratie parmi les plus transparentes du monde. On peut imaginer que des enquêtes sur les erreurs et dissimulations sur les mesures prises durant la pandémie de Covid 19 seront intéressantes dans divers pays dans les prochaines années…
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on a indemnisé quelqu’un en france ?😄