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SNCF : ce n’est pas une facilité de paiement qu’il faut accorder aux Français, mais des billets gratuits !

L'IREF dans Valeurs Actuelles

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Depuis quelques jours, la SNCF propose la possibilité de régler en plusieurs fois les billets à plus de 150 euros : un premier tiers le jour de l’achat, un deuxième 30 jours après et le dernier à 60 jours. Le paiement doit être effectué avec une carte bancaire ou American Express valide au moins encore trois mois après la date d’achat. Il faudra compter environ 1,5% de frais. Pour ce service, la SNCF passe par une société financière externe.

Cette nouveauté a été saluée par de nombreux politiques et une grande partie des Français, mais  elle devrait susciter plusieurs interrogations. On nous dit que ce type de paiement étalé n’est pas considéré comme du crédit à la consommation, puisque le délai entre l’achat et le dernier versement est inférieur à 90 jours. Certes, mais que se passera-t-il si le compte de l’acheteur se retrouve sans provision pour les deux derniers tiers ? Comment agira la SNCF dans ce cas ? Cet acheteur pourra-t-il  être considéré comme insolvable (surendetté) alors qu’en réalité, il s’agit bel et bien alors de crédit à la consommation ?

On nous dit aussi que les Français ont du mal à boucler leurs fins de mois et que cette facilité de paiement est bienvenue. Que les Français aient des difficultés, surtout en cette période d’inflation, nul ne le nie, mais il ne faut pas non plus les exagérer. D’abord, ces trois dernières années, l’inflation en France a été moins forte qu’ailleurs en Europe, de quatre à six points inférieure en moyenne à celle des autres pays. Ensuite, la France est-elle un pays si pauvre que ça ? Selon l’Observatoire des inégalités, le taux de pauvreté (7.6 %) reste plutôt stable depuis le milieu des années 1980. Il est d’ailleurs exactement le même qu’en 2009. Ce sont surtout les jeunes et les immigrés qui sont touchés par le phénomène, ce qui n’a rien d’étonnant. Ce sont les deux catégories qui ont le plus de mal à intégrer le marché du travail.

Autre remarque, sur la mesure elle-même : les billets à plus de 150 euros concernent surtout les longues distances, et surtout les déplacements pour les vacances.  Evidemment, tous les Français ne partent pas mais, quel que soit le prix du billet, on a cependant toujours vu les trains bondés lorsque revient la saison du ski…

Ne l’oublions pas, malgré l’ouverture à la concurrence, la SNCF a encore le monopole du transport ferroviaire en France. Selon l’INSEE, elle a augmenté ses prix d’environ 15 % entre 2020 et début 2023. Voyager avec la SNCF coûte, selon la Cour des comptes, 30 % de plus qu’avec ses concurrents européens. Ne l’oublions pas non plus, l’entreprise publique reçoit plus de 13 milliards d’euros par an de subventions. Le régime (très) spécial des cheminots, qui permet à certains de partir à la retraite dès 52 ans, coûte, en 2023, 3.4 milliards d’euros.  Autrement dit, ce sont les contribuables, qu’ils prennent le train ou pas, qui financent la SNCF et la retraite de ses agents. Ce sont ces mêmes contribuables qui subissent les innombrables inconvénients des grèves rituelles qui dérèglent le pays tout entier, sans aucun égard ni pour les usagers ni pour les autres « travailleurs » ni bien entendu pour les vacanciers. Ce n’est pas une facilité de paiement qu’il faut accorder aux Français, mais des billets gratuits !

Lorsque nous réglons notre lave-linge ou notre frigo, même en plusieurs fois, nous avons le choix entre de nombreuses marques, prix et magasins. Que ne pouvons-nous faire de même avec les billets de train ! Réformer la SNCF, la privatiser, faciliter la concurrence ferroviaire… des trains propres, à l’heure, fiables et des billets moins chers… Ce n’est pas une utopie, juste un rêve de fermeté politique et de bonne gouvernance !

Lire l’éditorial sur le site de Valeurs Actuelles

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6 commentaires

VIGNELLO Daniel 25 août 2023 - 4:37

La SNCF, gouffre financier est-il un service public ou un service à elle-même ? Monsieur Louis Armand revenez et chassez tous ces marchands du temple !!

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MDA 25 août 2023 - 6:18

Le problème c’est la tarification « à la tête du client » et non pas au kilomètre comme avant. Car le client ne sait pas combien il devra payer avant d’acheter.
Ils appellent cela la « tarification commerciale » . en ce qui me concerne, c’st un frein majeur à l’achat.

De plus, toutes normes techniques que l’UE a imposé sur le chemin de fer ont eu comme première conséquence une hausse des coûts d’achat, et des coûts d’exploitation. Que l’on retrouve sur le prix facturé au client, pour des prestations moins bonnes qu’auparavant. Sans parler de la ponctualité qui est un concept ayant quasiment disparu de la présentation du service… TGV, le moyen le plus rapide d’arriver en retard…
Prestations minimales à bord des trains, confort discutable, trains bruyants… Etat des équipements très variable (portes coulissantes cassées, WC insalubres, sièges sales, sonorisation catastrophique qui vous décolle les tympans…
Et pour tout celà, on paye très cher.

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Robert 25 août 2023 - 7:38

Bravo votre analyse est tout à fait exacte, que l’on arrête tous ces privilèges peut-être explicables lors des machines à vapeur mais maintenant scandaleuses…. Tout cela vient de la lâcheté de nos dirigeants, une fois de plus 😡😡

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maxens 25 août 2023 - 12:09

« un rêve de fermeté politique et de bonne gouvernance ! » Le terme est bien choisi au vu du niveau de notre classe politique: « rêve » Comment espérer quoique ce soit, lorsque le bilan de notre pays c’est: un des taux de prélèvements le plus haut, si ce n’est le plus haut des pays comparables,un des ratios d’effectifs de fonction publics plus élevés que chez les pays comparable, une distribution d’aides sociales en tout genre, plus élevé que chez les pays comparables, pour plus de 3000 milliard de dettes, et un déficit plus élevé que tous les pays comparables….et la conclusion de nos élites est qu’il faut raboter les niches fiscales, ce qui revient à dire augmenter encore les impôts…pas un seul ne suggérerait de dire qu’il faut baisser les dépenses, en tapant sur le poste fonction publics, et aide sociales…… Non, on lui rétorquerait: manque d’effectif dans la police, l’hôpital, la justice…ce qui est vrai…..il faut se concentrer sur les secteurs régaliens: armées, éducation, santé, police, justice. Et pour le reste, foutre la paix aux gens. Que celui qui veut bosser bosse, et garde et profite des fruits de son travail, et pour les autres un minimum à vivre, et qu’il se bouge. Que l’Etat arrête sa politique des chèques: carburants, chauffage, pass culture, aide à la rentrée scolaire, subvention aux syndicats…. un coup versé par le département, un coup par l’Etat…on ne sait plus qui touche quoi! stop RAS LE BOL, ceux qui paient, toujours les mêmes, en ont marre que les services essentiels d’un Etat ne soit plus assurés: sécurité, tranquillité, justice…Assez de dilapider pour des services qui ne sont pas essentiels et qui ne concernent que des revendications catégoriels à défaut du bien communs: subventions à la culture (pour les parisiens qui y ont accès) subventions aux syndicats (pour bloquer les travailleurs, les vrais), un ministère du logement (commençons par arrêter de taxer à outrance les propriétaire)…..

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Jacques Baudouin 25 août 2023 - 1:38

Premièrement : Pourrait-on être considérés comme des clients et non comme des usagers par la SNCF ? Quand je voyage par le train en Italie, je suis un client ! Comme par hasard, le niveau de service n’a strictement rien à voir avec celui de la SNCF.
Deuxièmement : J’ai également constaté que la SNCF cumule les ennuis depuis le début des vacances. Non seulement les trains tombent en panne, arrivent en retard mais la SNCF se fichent de ses clients : Pas d’info, distribution d’eau au minimum, pas de distribution de repas et, comble de tout, attitude arrogante de son personnel.
Troisièmement : Pour certaines destinations que je pratique, le coût du billet SNCF est trois plus cher que celui de la compagnie aérienne qui dessert cette même destination.
Quatrièmement : Le prix du kilomètre parcouru en Italie est moins élevé que celui du kilomètre parcouru en France. Pourtant, il me semble que Trenitalia n’est pas subventionné par l’état italien.
Conclusion : La SNCF est l’image du déclin français et, grâce à la CGT, ce dernier va encore s’accélérer. On dit merci à sophie binet !!!

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PhB 25 août 2023 - 8:11

Bonjour monsieur Lecaussin
De la part de la SNCF, c’est du grand n’importe quoi!
Faut arrêter de biberonner les citoyens consommateurs à coup de crédits à répétitions.
C’est sur le budget « vacances » que les gens doivent prélever la somme nécessaire pour payer le train.
Faut pas s’étonner ensuite que les gens entrent dans la spirale du surendettement.
C’est comme le crédit à la consommation, ça ne devrait pas exister.
Du temps de mes parents, Electroménager, Radio, TV étaient beaucoup plus chers et payées en général Comptant. C’est début des années 1970 qu’est venu la mode du « location avec option d’achat » où les consommateurs après avoir payé 12 mensualités sur leur TV couleur qui valait 4 000F voir plus,
pouvaient décider de conserver l’appareil en payant le solde, ou le rendre au marchant Radio TV.
Pourquoi pas un crédit pour le grille-pain ou même la baguette chez le boulanger?
Tout ça pollue les serveurs informatiques, pas bon pour la planète!
Faudrait arrêter les conneries!
Merci de m’avoir lu.
PhB qui a commencé d’abord par économiser et utilisé le crédit pour sa maison uniquement: libéré depuis 2003.

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