Invitée de RTL le 7 décembre dernier, la ministre déléguée chargée du Logement, Emmanuelle Wargon, a fait part de son souhait de casser les ghettos en encourageant, sur un ton quasi menaçant, les communes à construire plus de logements sociaux. La ministre estime que les maires n’ont pas à juger que « les logements sociaux c’est bien, mais pas chez eux ».
Madame Wargon veut construire 100 000 logements sociaux de plus par an alors que nous en avons déjà trop. Et elle veut utiliser la méthode forte à l’encontre des maires qui n’en feraient pas assez. Elle a dit en effet qu’elle durcirait les sanctions à l’encontre de ceux qui n’atteindraient pas les quotas, allant jusqu’à vouloir substituer notamment le préfet au maire dans l’attribution des permis de construire : « Le maire ne veut pas construire de logements sociaux, c’est le préfet qui signera les permis de construire », a-t-elle indiqué. Un chantage inadmissible.
Pourtant, c’est bien le maire, premier élu de terrain, qui est le plus à même de décider de la pertinence ou non de la construction de logements sociaux dans sa commune.
Et il semblerait judicieux de revoir la politique du logement social de façon globale. Car elle se révèle être un échec total.
La loi SRU : une vision jacobine et inefficace du logement social
La ministre l’affirme dans un entretien au Figaro, « 550 communes n’ont respecté ni leur quota de 20 ou 25%, ni leur obligation triennale de production de HLM pour tendre vers ce seuil » et ainsi respecter la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) de 2000. Elle estime aussi que les maires en désaccord n’ont pas vraiment le choix, car selon elle, « on a besoin de logements sociaux partout et surtout dans les villes aisées, pour mieux les répartir sur l’ensemble du territoire. »
Mme Wargon veut casser les ghettos. Comme le voulait Manuel Valls lors du mandat de François Hollande. Et tous les deux le veulent en obligeant les maires à bâtir des « HLM » sur leur commune. Pourtant la réalité est tout autre. Imposer la construction de logements sociaux ne fait qu’aggraver la pauvreté dans certains quartiers et empêche la mobilité sociale. C’est ce qu’explique un Rapport conjoint du Conseil général du développement durable, de l’Inspection générale des affaires sociales et de l’Inspection générale des finances datant de janvier 2015 ! Il n’empêche : les gouvernements se succèdent et la même lubie persiste. Faire passer les maires pour des méchants qui ne veulent pas de pauvres dans leur commune, en ciblant le maire de Cannes David Lisnard, est bien plus aisé que d’admettre l’échec de cette politique. Echec programmé tant la loi est jacobine.
Le maire, premier élu de terrain, connaît mieux que quiconque les problèmes que posent le logement social et le logement en général. Il connaît les priorités nécessaires de sa commune. Il serait bon que Mme Wargon sorte de son monde afin de comprendre que si des maires ne respectent pas la loi leur imposant 25 % de logements sociaux dans leurs villes, c’est parce que cette politique ne marche pas et qu’ils sont les premiers à le voir.
L’échec du logement social
La réalité vient encore contredire l’idéologie. Cette loi SRU, portée par le ministre communiste Jean-Claude Gayssot sous le gouvernement Jospin, a été un échec en 20 ans d’application. Le mélange attendu entre ménages aisés, moyens et modestes, a échoué. Quelle surprise… C’était pourtant l’objectif principal de cette loi, toujours recherché d’ailleurs par la ministre Wargon. Mais il suffit de se rendre dans les quartiers HLM de différentes villes (petites, grandes ou moyennes) pour se rendre compte que la mixité sociale n’est pas là. Côté du gouvernement, on s’entête : si le logement social n’a pas fonctionné, c’est probablement parce qu’il n’y en a pas assez…
Or c’est tout le contraire. La France compte 4.7M de logements sociaux HLM pour 10 M de personnes, soit un peu moins d’1/6e de la population française. Autre chiffre intéressant, près d’un Français sur deux vit ou a vécu en HLM. Ce qui est énorme !
En 2016, le Premier ministre Manuel Valls vantait la part de la France dans la construction de logements sociaux chaque année en Europe : 40%. Le logement social en France, c’est près de 23% du parc européen, pour une population qui représente 13% de celle du continent. En 2017, près de 18% des Français occupaient des logements sociaux contre 4% en Allemagne. Malgré les accusations de Mme Wargon envers les maires, le logement social en France n’est pas en retard. Il est même surreprésenté au sein des autres pays européens.
Une politique du logement efficace doit allier subsidiarité et privé
Pour une politique du logement efficace, il faut donner les clefs aux maires des communes. Il faut que le maire soit l’acteur principal de la politique de l’habitat et du logement. C’est un élu, il a une vue d’ensemble sur l’écosystème de sa ville, il est le mieux placé pour mesurer les conséquences d’une construction d’HLM, et surtout, c’est lui qui connait le mieux sa population d’administrés. Evidemment, cela ne suffit pas. Il arrive que certains soient tentés par des dérives soviétiques, notamment dans les banlieues parisiennes. Politique de l’habitat et électoralisme sont parfois très liés…
Et c’est bien la raison pour laquelle il faut y associer des acteurs privés. Les gouvernements et une partie des élus locaux annoncent sans cesse la construction d’habitations HLM et pourtant, le nombre de logements en France reste bien insuffisant. Favoriser l’arrivée plus massive des investisseurs privés sur ce secteur paraîtrait donc judicieux. Pour cela, il est nécessaire de rendre la fiscalité attractive, de faciliter l’octroi de permis de construire tout en supprimant des normes abusives, mais aussi d’octroyer une plus grande flexibilité aux bailleurs privés dans la gestion des logements.
De nombreuses résidences étudiantes privées existent en France. Elles proposent des logements à des prix attractifs, mais aussi des services égaux, voire supérieurs, à ceux des résidences du CROUS où les conditions de vie sont parfois exécrables – elles n’ont rien à envier à certains offices HLM publics. Si cela réussit pour les étudiants, pourquoi ne pas libéraliser le secteur du logement social et permettre une plus grande abondance de l’offre privée ?
Mais finalement, ne serait-ce pas en facilitant l’accès à la propriété que l’on ferait une véritable politique sociale du logement ?
Il faut encourager l’accès à la propriété
Que le logement social soit privé ou public, que la politique d’aménagement du territoire soit locale ou nationale, la vie en HLM ne doit être que passagère. Alors, encourageons la propriété !
Le gouvernement français pourrait s’inspirer d’une mesure du gouvernement Thatcher en 1980 qui a introduit « the right to buy ». Les locataires anglais d’un logement HLM peuvent ainsi en devenir propriétaires grâce à des conditions très avantageuses. Cette politique a été efficace : six millions de personnes (soit un locataire sur trois en Grande-Bretagne à l’époque) ont franchi le pas. Le nombre de Britanniques habitant dans les logements sociaux était passé de 42 % avant l’arrivée de Margaret Thatcher à 28 % lorsqu’elle a quitté le 10 Downing Street.
Au-delà de cette mesure, il faut également revoir la fiscalité frappant la propriété en France et détricoter toutes les politiques entravant la location de logements par des propriétaires particuliers, notamment les lois protégeant les squatteurs et les mauvais payeurs. Conditions indispensables pour doper l’investissement immobilier.
Laisser faire les maires, favoriser les acteurs privés, encourager l’accès à la propriété privée : un programme, Mme Wargon, qui donnerait une chance à n’importe quelle politique du logement de n’être pas vouée à l’échec.
Sources :
https://www.rtl.fr/actu/politique/logement-social-wargon-denonce-les-maires-qui-disent-que-c-est-bien-mais-pas-chez-eux-7800935641
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/emmanuelle-wargon-on-a-besoin-de-logements-sociaux-dans-les-villes-aisees-20201210
https://fr.irefeurope.org/Publications/Articles/Le-logement-social-tue-le-marche-prive-du-logement
https://www.ecologie.gouv.fr/chiffres-et-statistiques-du-logement-social
https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/02/04/le-bilan-mitige-de-la-loi-sru-vingt-ans-apres-sa-creation_6028360_3224.html
https://fr.irefeurope.org/Publications/Articles/M-Valls-pour-lutter-contre-la-ghettoisation-il-faut-liberer-le-logement-social
https://fr.irefeurope.org/Publications/Articles/Logement-social-appliquer-the-Right-to-Buy-en-France
8 commentaires
Quelle folie…
Il y a le Patron Macron que l'on ne sait depuis longtemps plus comment le qualifier, mais donner du pouvoir aux femmes devient de catastrophes successives de grande envergure.
Ce gouvernement est le pire par son incompétence que la République n'a jamais connue.
Les Français faibles en Maths ? Il n'y a pas que …. mais cela hélas ne se vérifie pas au regard des taxes successives qu'ils peuvent nous pondre mais se vérifie dans les dépenses pharaoniques là aussi sans égal depuis que la République existe.
En sommes la grande très grande prétention reste leur seule valeur qui va de paire avec un grand brin de folie et d'incompétence.
Hélas les comptes que l'on nous annonce ne sont pas justes, encore faut-il aux dettes de l'Etat ajouter celles des collectivités locales et des structures pseudo publiques comme EDF, le nucléaire, les transports publics et j'en passe. Là l'Everest ressemble à une petite colline sans grand intérêt.
Et tout cela contrairement à la pensée des nuls en maths et dans les autres matières aussi, il faudra le payer ainsi que l'incommensurable irresponsabilité dont font preuve les élus de nos jours. Ils veulent du respect, mais le respect cela se mérite ce qui ne peut plus être le cas de nos jours et se démontre par le manque de respect envers les forces de l'ordre dont la mission est d'exécuter avant tout les idioties et la folie qui est en passe de devenir furieuse des élus de tous poils dans l'exercice de leur incompétence.
Cela se remarque aussi dans le milieu privé, une tête bien pleine est souvent une tête mal faite et ce n'est pas parce que la tête est plus ou moins pleine que cela donne la pouvoir de gérer un groupe de personnes et moins encores des structures publiques ou privées. Cela donne avant tout une grande prétention qui elle même est un frein puissant à une gestion saine mais laisse la porte grande ouverte à une forme de dictature qui reste l'unique compétence pour exprimer une folie sans égal.
Expérience personnelle
J'étais bailleur. Mon dernier locataire a "oublié" de payer ses loyers plusieurs années. Après de nombreuses tentatives de facilités, j'ai dû l'assigner. Condamné à payer, il est parti devant 30.000 euros. Il ne paiera pas, s'étant fait classer "surendetté". J'ai vendu.
Ca suffit!
Tous ces énarques qui savent tout mieux que les autres et condamnent les français à vivre dans un pays de plus en plus collectiviste feraient mieux de rester à leur place: celle de "commis" au service de la France et des français.
Que connaissent-ils de la vie de leurs concitoyens, eux qui vivent de l'argent public, des impôts payés par les entreprises privées, de leurs salariés et des indépendants?
Et pour qui les logements sociaux?
Il serait plus judicieux de faire respecter les droits des bailleurs.
Mais ça, la ministre Wargon ne peut pas le comprendre, marinant dans la littérature du XIX ième siècle, marxisante et anti-propriétaires.
Quant à son maître, le bon sens lui fait défaut!
… et supprimer les droits de mutation
… qui sont un obstacle à la mobilité … et à l'achat, alors que l'inflation est quasi-nulle.
les recours. des associations pour l'environnement
les permis. de construire sur la ville de Saint Mandrier sur mer 83430
font sytématiquement objet de recours très "ABUSIFS" , allant des recours sur les décisions du Préfet , du Maire , aux recours au tribunal administratif. et. recours jusqu'au. Conseil d'Etat !! pour la construction de logements sociaux !! pour des considérations et des convenances difficiles. à. comprendre. !! à quand la. limitation. de ces exactions ??
Les. demandes "sociales". attendent ! alors que ces messieurs. eux sont très bien logés !! il y a à mon avis URGENCE. à. réguler ces recours abusifs et excessifs !! c'est le rôle du Ministre !
mon expérience logement sociaux
Vers 1965, c'est très très loin je sais. J'ai acheté avec ma femme un F4 bien sympa dans l'Essonne (payable en 25 ans). cette résidence était alors habitée par des petits cadres en majorité, comme moi. C'était une citée super agréable. Mais plus tard, au nom de la mixité il a été construit des immeubles HLM, exactement les mêmes immeubles que les nôtres.
La suite…ces quartiers sont devenus des zones, vols, drogue, saleté ont transformé cette résidence très agréable en zone difficilement vivable, ne restent aujourd'hui que ceux qui n'ont pas les moyens de partir.
fréquemment éloigné de mon appartement pour mon travail et absent de longs mois. Un jour, revenant d'une mission d'une année j'arrive au pied de mon immeuble, devant l'entrée une personne me barre l'entrée "qu'est ce que vous venez faire ici?" ma réponse: je rentre chez moi, c'est mon appart, c'est ma ville, c'est mon pays. Et j'entend: la France c'est pas votre pays, c'est le pays à tout le monde!
Si l'Etat s'occupait de la boulangerie nous n'aurions plus de pain
Le dogme socialiste de l'infaillibilité de l'Etat démontre chaque jour plus son absurdité , ni l'éducation , ni les soins , ni les besoins de logement ne sont bien satisfaits par L'Etat car état signifie fonction publique , prime à l'ancienneté non aux compétences , absence de gout et du sens du risque et de l'effort, bureaucratie , etc .. nous le savons tous nous le voyons encore entre Corée du nord et du sud , nous l'avons bien vu dans les pays de l'est , rien n'y fait, cela ne marche pas néanmoins ils persévèrent ! Ils! je veux dire les hommes politiques qui se prennent tous pour des génies universels , ils !les socialistes dont Mme Wargon , ils! les bureaucrates qui défendent leur bout de gras ; tous unis pour défendre et imposer (retraite !) la supériorité d'un système qui a démontré sa nocivité 100 fois; et les médias ne veulent en général pas voir non plus !
enfin heureusement l'Etat ne souhaite pas (encore ? ) intervenir à la place des boulangers et des bouchers , cela nous donne pour le moment l'assurance de disposer (encore !) de pain et de viande !
Quel avenir pour l'immobilier ?
50 ans d'expertise de l'immobilier me font affirmer que la descente aux enfers a commencé en 1982 avec la loi Quillot. Le summum est atteint avec la loi Dufflot. Il faut absolument abroger ces 2 lois parfaitement inutiles et revenir à la législation précédente. La loi de 1948, qui a peut-être fait son temps, mais fut excellente pour la période d'après guerre, pourrait servir de base pour tout nouvel encadrement en l'aménageant. Tout le reste n'est qu'un foutoir absurde relevant de l'idéologie socialiste qui est sans conteste une insulte à mon intelligence !!!