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Les entreprises délocalisent de plus en plus leurs activités qualifiées

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Cette note d’analyse de l’Insee, parue début décembre 2024, est inquiétante. Elle révèle en effet que les entreprises qui, entre 2018 et 2020, ont réorganisé leur chaîne de valeur mondiale, ont délocalisé (à l’étranger) des activités intensives en travail qualifié et ont relocalisé (en France) des activités intensives en travail peu qualifié.

On se rassurera en constatant que le phénomène n’est pas massif puisque, sur la période étudiée de trois ans, seulement 2,8% des entreprises de plus de 50 employés sont concernées. Néanmoins ce sont nécessairement des entreprises multinationales et, par conséquent, les fleurons de notre économie. Ce sont aussi, nous dit l’Insee, des entreprises intensives en travail qualifié : plus la part du travail qualifié est élevée, plus la probabilité qu’a l’entreprise de réorganiser sa chaîne de valeur mondiale est forte.

Longtemps, et en particulier au cours des années 1990 et 2000, les délocalisations industrielles ont été majoritairement intensives en travail peu qualifié. Aujourd’hui, c’est donc la tendance inverse qui s’impose. L’Insee est muette sur les raisons de ce revirement, sauf pour les activités de recherche et développement (R&D) qui sont délocalisées majoritairement en Inde, « où l’abondance de travail qualifié, à un coût relativement inférieur à celui de la France ou de l’Europe, en fait une destination privilégiée ».

Si la piste du coût trop élevé de la main d’œuvre dans notre pays est sérieuse – tout comme celles du surcroît de réglementation et d’impôts de production que nous dénonçons régulièrement – elle ne suffit cependant pas à expliquer la totalité du phénomène. En effet, pourquoi les entreprises relocaliseraient-elles des activités peu qualifiées si le travail est trop cher ? Peut-être parce qu’elles automatisent les activités en question. Peut-être aussi parce qu’elles cherchent à bénéficier des exonérations de charges sur les salaires inférieurs à 1,6 Smic. Peut-être enfin parce qu’elles ne trouvent pas les compétences nécessaires au maintien de leurs activités les plus qualifiées sur le sol français. Comme le montre l’enquête Piaac (Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes) de l’OCDE, plus d’un quart des adultes en France ne maîtrise pas les compétences de base permettant de bien utiliser l’information dans la vie quotidienne (opérations basiques de calcul, compréhension de textes, recherche sur internet).

Le déclin économique de notre pays et l’appauvrissement de sa population ne seront pas enrayés par quelques mesurettes mais bien par de grandes réformes systémiques, à commencer par celle de l’école.

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5 commentaires

Amram 6 janvier 2025 - 9:10 am

Article passionnant. Juste une remarque, un quart des français, ça fait environ 15 millions. Ça mérite le pluriel à “ne maitrise pas”, sinon ça veut dire qu’un quart du corps des français ne maitrise pas (…). Du coup je me demandais quel quart 😜. Metci pour vos articles très bien tournés et renseignés.

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Philbert Carbon 6 janvier 2025 - 2:45 pm

Merci pour votre remarque. Cependant, si j’en crois Le Robert en ligne :
“Lorsque le sujet est un nom de fraction suivi d’un complément, le verbe s’accorde soit avec le nom de fraction, soit avec son complément :
Le tiers des spectateurs est parti ou sont partis avant la fin.
La moitié des utilisateurs est satisfaite ou sont satisfaits.”
Il se pourrait donc que vous ayez raison, et moi aussi.

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Laurent46 6 janvier 2025 - 10:04 am

Quand une République ne veut plus de voiture ni d’industrie ni d’agriculteurs c’est la mort de la France. Ce n’est pas plus compliqué mais expliquez cela au troupeau d’escrocs autorisés qui manipulent la France.

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Oncpicsou 6 janvier 2025 - 10:34 am

Départ de nos cerveaux,
Arrivée d’illettrés,
Qu’espérer de plus beau?
Lorsque l’on est français.

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GHUS 6 janvier 2025 - 6:05 pm

Les structures où sont logées les emplois qualifiés sont génératrices de forte valeur ajoutée, donc de profits taxables. Dès lors, pourquoi le faire en France, pays à fiscalité confiscatoire ?
La France cumule tous les handicaps : fiscalité confiscatoire, charges sociales dissuasives, main d’oeuvre sous qualifiée, fuite des talents, excès de jours non travaillés, faible durée hebdomadaire du travail, réglementations pléthoriques, lenteurs administratives.
Merci de me dresser la liste des éléments à retenir pour une implantation en France. Ses infrastructures ?

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