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Mettre fin à la spirale de l’endettement : l’exemple portugais

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Avec un déficit qui devrait dépasser 6 % cette année et une dette publique à 112 % du PIB, dont 53 % sont d’ailleurs détenus à l’étranger (contre 47 % pour la dette allemande et 31 % pour la dette britannique), la France se rapproche, lentement mais sûrement, d’une intervention du FMI et de Bruxelles pour éviter le défaut de paiement. Un scénario catastrophe qui justifie que l’on s’intéresse à la manière dont le Portugal a réussi sortir du surendettement à partir de 2011.

Le 12 mars 2011, les jardins et les façades classiques de l’avenue de la Liberté à Lisbonne étaient noirs de monde : 200 000 personnes étaient venues manifester leur hostilité à la politique d’austérité de José Sócrates, Premier ministre socialiste du pays depuis 2005. Dans le contexte de la crise financière de 2008, la cigale portugaise avait été obligée, après avoir vainement cherché une solution nationale, de requérir l’aide de Bruxelles et du FMI, étranglée par le mur de la dette et la flambée des taux d’intérêt qui l’empêchait de se refinancer.

En septembre 2009, le taux d’intérêt des obligations publiques à dix ans n’était, en effet, fixé qu’à 3,8 %, pour grimper en flèche à 6,4 % un an plus tard, à 11,3 % deux ans après et même à 16,3 % en janvier 2012, au plus fort de la crise. La dette publique, qui ne représentait que 54 % du PIB en 2000, soit deux ans avant la création de l’euro, avait atteint 75 % du PIB en 2008, à la veille de la crise, puis progressé brutalement vers les sommets, atteignant 128,6 % en 2012. En cause, des déficits abyssaux des comptes publics : 9,9 % en 2009, 11,4 % en 2010, 7,7 % en 2011 et 6,2 % en 2012.

En conséquence, le gouvernement avait prévu un plan de rigueur, rejeté par le Parlement le 23 mars 2011. Battu, le chef du gouvernement avait été obligé de faire appel au FMI et à l’Union européenne deux semaines plus tard et de présenter sa démission.

Un pays déstabilisé par la crise financière de 2008

C’est donc le gouvernement issu de nouvelles élections législatives, dirigé par Pedro Passos Coelho, membre du Parti social-démocrate (un parti de centre droit, comme son nom ne l’indique pas), qui avait été chargé de mener la politique d’austérité réclamée par Bruxelles en contrepartie d’un plan de sauvetage de 78 Mds€. La dette publique étant d’ailleurs très majoritairement détenue à l’étranger (85 %), sa dégradation par les agences de notation, de AA (haute qualité) à BB+ (spéculatif) pour Fitch, par exemple, faisait craindre un défaut de paiement du pays.

Entre 2001 et 2009, la croissance annuelle moyenne du pays était demeurée faible, permettant de franchir allègrement le solde stabilisant de la dette, une tendance qui s’est affirmée ensuite avec trois années de récession entraînées par la thérapie de choc : -3,1 % en 2009, -1,7 % en 2011, -4,1 % en 2012 et -1 % en 2013. Le déficit primaire, c’est-à-dire le solde des comptes publics moins les intérêts de la dette, tournait autour de 7 % du PIB en 2009 et en 2010 pour commencer à refluer en 2011 et atteindre 3 % l’année suivante.

Combiné à une balance courante notoirement déficitaire entre 1995 et 2012, évoluant dans un tunnel de 7 à 10 % entre 2000 et 2010, le constat était sans appel : l’économie du pays ne produisait pas assez de ressources pour payer les biens et services qu’il importait et comblait ce trou par l’endettement, ainsi que le montre le graphique suivant.

Un pays qui a su remonter la pente via d’importantes mesures d’austérité

Entre 2010 et 2013, le plan de réduction des dépenses mis en œuvre a été draconien : baisse de 15 % du salaire des fonctionnaires et réduction de 10 % des effectifs, augmentation de la durée de travail de 35 à 40 heures, coupes dans les budgets alloués aux collectivités (-22 %), aux transports (-50 %), à la santé (-20 %) ou à l’éducation (-25 %).

L’âge de la retraite a également été relevé de 60 à 66 ans, les pensions ont été gelées pendant deux ans, de nombreuses entreprises publiques, comme Portugal Telecom, ont été privatisées et d’autres professions protégées ont été déréglementées, comme les taxis ou certaines professions libérales, l’équivalent portugais du RSA ayant également été abaissé de 20 %.

Près de quinze ans plus tard, et après une rechute au moment de la pandémie, cette politique a porté ses fruits : un excédent primaire s’est formé à partir de 2015, le déficit public, en tant que tel, est tombé sous la barre des 3 % en 2018, l’équilibre ayant été atteint une première fois en 2018 puis une seconde fois en 2022, celui-ci se repliant en deçà du solde stabilisant de la dette en 2016 pour ne plus jamais le dépasser (sauf en 2020 en plein cœur de la crise du Covid).

Quant aux comptes publics, ils affichent une bonne santé insolente : une dette à 100 % du PIB et un excédent budgétaire de 1,2 %. Sans préconiser une politique « d’austérité » trop brutale, les décideurs publics français seraient bien avisés de commencer à chercher à véritablement baisser la dépense publique en dessous du solde stabilisant de la dette et pas seulement en dessous des 3 % posés par les critères de Maastricht, faute de quoi c’est la potion amère de la thérapie de choc qui finira par s’imposer comme une évidence.

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