Selon Wikipédia, l’Institut Montaigne « est un think tank français qui défend une vision libérale ». Sans doute le rédacteur de la notice n’a-t-il pas lu son dernier rapport qui porte sur la « fracture alimentaire ». Nous avons eu toutes les difficultés du monde à y trouver une « vision libérale » !
Publié la semaine dernière (16 octobre 2024), le document s’inquiète, à juste titre, de l’aggravation de l’insécurité alimentaire et du recours à l’aide alimentaire dans notre pays. Les chiffres que donne l’Institut Montaigne sont éloquents, voire inquiétants : 37% des Français n’arrivent pas à manger correctement tous les jours ; 41% des 18-24 ans sont en situation d’insécurité alimentaire sévère ; les moins de 25 ans représentent la moitié des bénéficiaires des Restos du Cœur alors qu’ils ne constituent que 29% de la population ; un enfant sur cinq arrive à l’école le ventre vide.
De plus en plus de personnes sont contraintes de réduire leur consommation alimentaire pour pouvoir boucler leur budget ou, comme l’affirme l’Institut Montaigne, optent « pour des produits de moindre qualité nutritionnelle ». Ce n’est pas faux : des saucisses, par exemple, avec une importante proportion de gras coûtent moins cher que celles dans lesquelles il y a davantage de viande.
Que faire alors pour que ces Français, qui peinent à joindre les deux bouts, mangent mieux ? Un libéral suggèrerait qu’on libère les agriculteurs des normes, taxes et impôts qui augmentent le coût de leurs productions. Il proposerait qu’on abolisse la loi Egalim qui impose des produits bio plus chers dans la restauration collective. Il insisterait pour que l’on diminue le coût du travail et qu’on permette à chacun de prendre l’assurance sociale de son choix, moins chère que la Sécurité sociale étatique, afin que son pouvoir d’achat augmente. Il défendrait l’allègement des dépenses et des réglementations publiques qui entravent la croissance et appauvrissent les Français.
L’Institut Montaigne adopte un autre point de vue. Celui de distribuer des aides à tout-va et de taxer. Du côté des aides, très importantes alors que la situation budgétaire française voudrait que l’on recherche des économies, il s’agirait d’exonérer de TVA les achats de denrées pour les associations d’aide alimentaire ; d’accompagner le développement de cantines sociales ; de soutenir l’installation de commerces alimentaires en zones rurales et périurbaines ; de mettre en place un chèque alimentaire exclusivement réservé à l’achat de fruits et légumes (30€ par mois pour les 4 millions de Français les plus modestes) ; de donner des goûters fruités à l’école primaire ; d’encourager la consommation de fruits et légumes en créant un complément budgétaire aux titres-restaurants pour les salariés.
Du côté des taxes, la liste est plus courte, fort heureusement. Il s’agit d’améliorer (c’est-à-dire augmenter) « l’efficacité de la taxe française sur les boissons sucrées et édulcorées en adaptant son barème sur le modèle de la taxe britannique ».
Il y aussi, dans les préconisations de l’Institut Montaigne, des interdictions, présentées positivement comme la valorisation des « produits sains aux caisses des supermarchés », ce qui signifie en réalité « interdire la vente des bonbons » avant les caisses. Ou encore « limiter l’exposition aux publicités de boissons sucrées et édulcorées à la télévision et à la radio », c’est-à-dire interdire lesdites publicités. Il y aussi des obligations, comme celle d’une « éducation alimentaire » dans les entreprises.
Bref, l’Institut Montaigne propose des taxes, des interdictions, des contraintes… Rien de libéral là-dedans. Bien au contraire. Et rien qui réglera le problème. Comme l’Iref l’a montré à propos de la cigarettes, l’augmentation des taxes et des interdictions ne fait que renforcer le tabagisme chez les moins aisés qui s’approvisionnent sur les marchés parallèles.
L’institut Montaigne souhaite-t-il créer un marché noir des chips, des bonbons et du saucisson ?
3 commentaires
Une idée iconoclaste, simplement avoir des salaires décents avec un net à payer moins fiscalisé qui éviterait une nouvelle usine à gaz dont sont si friands l’exécutif.
le point de vue libéral sinon rationnel commencerait pas dire mal manger est un concept subjectif..
le fait de manger répond à PLUSIEURS objectifs.. et ‘alimentation quiets la responsabilité de tout adulte ( donc pas la mienne et donc pas ma faute et donc bordel pourquoi je devrais payer pour que que ce paresseux mange bien!!??) est aussi en concurrence avec d’autres choix..
MAis surtout ; ce que je veux dire que si les français mangeaient « bien »( et qu’on pourrait le montrer.).. ça ne justifieraient pas les subventions ou les règles alimentaires…
Il est vrai que les augmentations des produits alimentaires nous ont amenés a frequenter de plus en plus les magasins discounts et autres.