Jean Philippe Delsol rappelle l’histoire de l’Europe et de la Grèce : l’insouciance et l’endettement actuels ont de profondes racines. La France et ceux qui veulent « sauver la Grèce » veulent surtout se sauver de la menace de la rigueur. Le nouveau pouvoir pratique en fait la fuite en avant.
Grèce
Ces marchés tant décriés permettent à l’Etat français de payer ses dépenses courantes. Deux tiers de la dette publique française sont détenus par des prêteurs étrangers. Le taux exigé est d’un point supérieur à celui dont bénéficient les Allemands : différence représentant 20 milliards d’euros. De quoi mettre le nouveau pouvoir au pied du mur .
Grande satisfaction politique après l’accord conclu concernant la Grèce. On a décidé de lui octroyer une nouvelle aide de 130 Mds d’euros afin que la dette « baisse » jusqu’à 120 % du PIB en…2012. Les plus contents doivent être sûrement les contribuables européens qui mettent une nouvelle fois la main à la poche pour l’Etat grec ( un autre versement de 110 Mds d’euros a déjà été accordé). De plus, qui pourrait garantir que la Grèce pourra tenir ses promesses afin de réduire la dette publique ? En 18 mois, le FMI a révisé 5 fois ses prévisions concernant la dette grecque. Et à 120 % du PIB on est très loin d’une économie stabilisée… (Pour en savoir plus, cliquez ici )
Pas de consensus européen ni mondial, échec de la taxe appliquée par les Suédois, diminution des facultés d’emprunt pour les Etats : trois raisons au moins pour ne pas appliquer cette taxe dont Nicolas Lecaussin rappelle qu’elle avait été critiquée par Nicolas Sarkozy… en 1999.
En 2010, les décideurs grecs ont augmenté la TVA qui atteint 23 %. Ils ont introduit de nouvelles taxes sur la propriété immobilière et ont augmenté celles sur l’alcool et les cigarettes. En juin dernier a été adoptée une taxe « solidaire » à 5 % que même les chômeurs payent. On ne peut pas dire que depuis deux ans la situation économique de la Grèce se soit améliorée. Prévoir des impôts c’est bien, les faire rentrer c’est mieux !
Après Cannes… Le spectacle s’est terminé en apothéose, mais que restera-t-il de ce sommet ? On y a surtout parlé de l’Europe, et bien peu des problèmes mondiaux. Pour Nicolas Lecaussin, ce sommet a été, comme tant d’autres, stérile voire nocif.
Quel sort attend la Grèce et les Grecs ? Peut-être la sortie de l’euro aurait-elle un coût très élevé pour une économie qui manque de compétitivité, et qui serait exposée à l’inflation. Mais rester dans l’euro n’est pas possible sans réduction de l’Etat, sans privatisation ni moralisation. Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF, dresse un tableau complet.
Dans le plan de redressement des finances publiques grecques, dont on ne sait s’il sera réellement mis en œuvre, la sévérité des mesures concernant les fonctionnaires peut surprendre, surtout si on les compare avec le programme français de « rigueur ». L’emploi à vie des fonctionnaires est remis en cause, et 150 000 postes de fonctionnaires seront supprimés d’ici à 2014, soit 20 % du total !
90 minutes , c’est le temps dont disposaient le 7 septembre les membres de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale pour prendre connaissance, amender éventuellement et adopter (surtout) le…
Cet article de Jean-Philippe Delsol, administrateur de l’IREF, a été publié par le quotidien The Wall Street Journal dans son édition du 12/08 :
Market Crises Versus Sovereign Crises