Publié le 1er mars, un rapport du think tank American Enterprise Institute (AEI) s’intéresse aux causes de la crise que traverse le système de santé britannique. Dans un précédent article sur la crise du NHS, l’IREF a pointé les dysfonctionnements de ce système de santé qui ne sait plus gérer ses dépenses de manière rationnelle. Malgré des hausses successives de subventions sous les différents gouvernements, les déficits vont croissant, l’ensemble fonctionne à crédit et les investissements baissent.
Ce rapport de l’AEI vient compléter notre constat sur la collectivisation des soins. L’idée noble d’un accès libre au système de santé, sans distinction de capacités financières, s’est confrontée à la réalité. Les finances du NHS reposant principalement sur des fonds publics, ses différentes branches se font concurrence pour obtenir des subventions auprès de la Couronne. La planification à long terme a, du fait de cette rivalité, été négligée. Elle est pourtant indispensable pour répondre à un nombre croissant de patients : ils étaient 5% à attendre au moins 4 heures aux urgences en 2015 ; ce taux est passé à 15 % en 2020, puis a 42,7 % en 2022.
Des données d’autant plus alarmantes qu’on apprend que le NHS a employé 1,5 million de personnes en 2019. Le rapport ajoute qu’il n’existe que deux entités de cette taille dans le monde : le département de la Défense des États-Unis et l’Armée populaire de libération en Chine. Un monstre bureaucratique difficile à maîtriser, qui ne satisfait en 2022 que 36 % des citoyens – niveau le plus bas depuis 1997. Pour préserver un système de gratuité, au moins partielle, l’une des solutions consisterait à accorder un peu plus d’autonomie, en l’occurrence aux différents gestionnaires du réseau hospitalier et au personnel médical, et à injecter un peu plus de financements privés au sein de la NHS.