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Quelle réponse apporter aux droits de douane de Trump ?

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Depuis mardi 4 mars 2025, les importations en provenance de la Chine, du Mexique et du Canada, les trois premiers partenaires commerciaux des Etats-Unis, sont taxées à hauteur de 25% (à l’exception des hydrocarbures canadiens, taxés seulement à 10 %) et même de 20% supplémentaires pour les produits chinois.

Tous les pays ont annoncé qu’ils rendraient à Trump la monnaie de sa pièce en appliquant eux aussi des droits de douane sur les importations de marchandises américaines.

Par exemple, le Canada a instauré immédiatement des droits de douane de 25% portant sur 30 milliards de dollars canadiens de produits américains. Une deuxième vague est attendue d’ici trois semaines, portant cette fois sur 155 milliards de dollars canadiens (soit 40% des importations américaines) dans des secteurs clés comme l’automobile, l’acier et l’aluminium.

Par ailleurs, l’État canadien de l’Ontario a décidé d’appliquer une taxe de 25% sur ses exportations d’électricité vers trois États américains, le Minnesota, le Michigan et l’État de New York. Le gouvernement de l’Ontario a également annoncé une interdiction pour les entreprises américaines de répondre à des appels d’offres publics. Le gouverneur Doug Ford menace aussi de suspendre les exportations de nickel vers les Etats-Unis. Il a par ailleurs rompu le contrat liant l’Ontario à Starlink, la société d’Elon Musk fournissant un accès à internet par satellite, et interdit l’alcool américain sur le sol de l’État fédéré.

Cette escalade est-elle la bonne réponse ? Ce n’est pas l’avis de l’Institut économique de Montréal (IEDM). Dans un article, Vincent Geloso, professeur d’économie à l’Université George Mason, montre qu’il serait préférable que le Canada libéralise unilatéralement les échanges.

 Car, si le pays est au 4e rang mondial en matière de tarifs douaniers, il se classe au 47e rang en ce qui concerne les barrières non tarifaires et au 28e rang pour ce qui est des obstacles à la libre prestation de services. Comme l’écrit Geloso, « le Canada est donc considérablement protectionniste ». Il appelle donc le gouvernement canadien à supprimer « la totalité des taxes à l’importation et des autres barrières imposées aux producteurs et investisseurs étrangers, sans attendre la moindre réciprocité ».

En effet, la libéralisation du commerce n’a pas besoin d’être réciproque comme le montrent de nombreux exemples historiques. Geloso rappelle qu’en plus « d’être une taxe directe sur les biens de consommation importés, toute taxe sur les importations revient en fin de compte à taxer les exportations. Les tarifs d’importation font augmenter les coûts de production des entreprises qui dépendent d’intrants étrangers, ce qui les empêche d’être concurrentielles sur les marchés mondiaux. Des taxes à l’importation plus élevées réduisent également l’offre de devises sur les marchés des changes, ce qui fait grimper les taux de change et affaiblit davantage la compétitivité des exportations. Par ailleurs, les tarifs douaniers freinent les investissements étrangers au Canada, limitant les entrées de capitaux qui pourraient autrement stimuler la productivité et les salaires. C’est pourquoi les simulations de l’activité économique canadienne dans un contexte de libéralisation unilatérale laissent entrevoir que le PIB augmenterait de 1,67% et que le niveau des prix reculerait de 1,51% ».

Vincent Geloso exhorte la Canada à éliminer tous les tarifs douaniers en vigueur et à démanteler les barrières non tarifaires dans le secteur des services, au profit des consommateurs mais aussi des producteurs canadiens qui profiteront ainsi d’une croissance plus rapide de la productivité et des investissements. Dans la foulée, affirme-t-il, « notre capacité à surmonter les barrières commerciales des autres pays s’en trouvera renforcée ».

L’Union européenne qui devrait subir les droits de douane américains à partir d’avril, saura-t-elle résister à la tentation de la surenchère, abandonner le protectionnisme et s’engager pleinement dans la libéralisation complète des échanges ? A l’instar de la Suisse qui, l’année dernière, a aboli la totalité des taxes à l’importation sur les produits industriels, quelle qu’en soit l’origine.

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