Dans une récente interview (Le Point, 31 août 2023, p. 112-114), le philosophe Michel Onfray déclare que le libéralisme tel qu’il fut pensé aux XVIIe et XVIIIe siècles (Bernard de Mandeville, Adam Smith, Montesquieu, etc.) est une « idéologie qui a montré sa fausseté », ajoutant même qu’il « ne produit que de la paupérisation ». On regrettera d’abord que Michel Onfray emploie le terme d’ « idéologie » à propos du libéralisme. Celui-ci – comme n’a cessé de le rappeler Jean-François Revel – est bien plutôt une philosophie assise sur un empirisme méthodologique : il constate les faits avant de raisonner en droit. Et il n’a pas pour ambition, contrairement aux utopies défuntes du marxisme et du communisme – qui, elles, furent bel et bien des idéologies -, d’échafauder un système prétendument parfait, censé régler une fois pour toutes l’ensemble des problèmes du genre humain. Les libéraux observent simplement que la tendance naturelle des êtres humains et des groupes humains librement constitués à procéder par tâtonnements et à corriger leurs erreurs au coup par coup est bien plus efficace et générateur de prospérité pour le plus grand nombre que le volontarisme étatique, prétendant appliquer d’en haut et pour tout le monde un « projet de société » pensé dans l’abstrait.
Étant donné que le libéralisme est né de l’expérience et n’est pas une construction intellectuelle plaquée autoritairement sur le réel, on ne voit donc pas pourquoi il serait considéré comme « faux ». Si une doctrine a été réfutée à tout jamais par l’histoire, c’est bien plutôt le marxisme, qui prétendait que le capitalisme n’était pas tenable et serait remplacé par le communisme. On connait le démenti infligé à Marx par la suite des événements…
Mais Michel Onfray se trompe également lorsqu’il parle du libéralisme comme vecteur de pauvreté dans le monde. Pour s’en convaincre, lisons une autre interview, récemment parue elle aussi, celle de l’essayiste Johan Norberg (L’Express, 24 août 2023). Ainsi qu’il le rappelle, le capitalisme libéral et mondialisé permet à 138 000 personnes de sortir quotidiennement de l’extrême pauvreté de par le monde. Alors que l’extrême pauvreté touchait en 2000 29,1% de la population mondiale, elle ne concerne plus que 8,4% de cette même population en 2022 (p. 50). De plus, l’espérance de vie mondiale est passée de 65,19 ans en 1990 à près de 73 ans avant la crise du Covid, et le taux d’alphabétisation des plus de 15 ans a grimpé de 74,61% à 86,81% durant la même période (p. 53). Des succès bien réels qui contredisent donc le mythe de la « paupérisation » engendrée par le libéralisme. Là où la paupérisation a effectivement eu lieu, c’est plutôt dans les pays anticapitalistes comme le Venezuela, où le revenu moyen a chuté de 75% entre 2010 et 2020 (p. 54). Ainsi donc, non seulement le capitalisme libéral n’appauvrit pas le monde, c’est lui et lui seul qui le sauvera, pour reprendre le titre de l’interview de Johan Norberg.
7 commentaires
Tout prouve le contraire !
Il suffit de voir le niveau de vie de la population de Corée du Nord, Cuba, Venezuela, Chine, etc. pour comprendre que Onfray reste un homme de gauche très à gauche. Mais en toute chose, l’excès est néfaste et l’ultra libéralisme n’échappe pas à la règle.
michel onfray est assez surprenant en effet il fait des constats justes sur le socialisme puis les attribue au libéralisme !!! et ce n’est pas la première fois que je lis ce genre d’inversion de la logique, ce qui est affligeant c’est qu’il bénéficie d’une caisse de résonance médiatique exceptionnelle, ceci expliquant cela,
si michel onfray attribuait les méfaits du socialisme au socialisme, il serait censuré par tous les journalistes et invisible dans les médias…
Onfray fait partie de cette troupe de personnalités dont l’aveuglement nous est présenté dans les médias dans le but de nous égarer.
La question n’est plus de savoir ce qui est le plus souhaitable entre capitalisme et socialisme, mais de reprendre en main la démocratie face à la ploutocratie qui s’installe au niveau mondial.
Je me demande si Michel Onfray a lu Frédéric Bastiat et les philosophes du Siècle des Lumières ?
Michel Onfray me déconcerte parfois. Il est capable d’affirmer tout et son contraire à quelques jours d’intervalle. Sa haine des riches l’aveugle un peu trop.
Enfin, je voudrais rappeler que l’ultralibéralisme n’existe pas. C’est une notion inventée pas les socialistes car le libéralisme combat leurs dogmatismes. En effet, le libéralisme donne la primauté à l’homme alors que les socialos donnent la primauté à une organisation technocratique qui, selon eux, est la seule manière de faire le bonheur des humains. On remarquera que tous les pays qui avaient le mot « socialiste » dans leur nom, étaient les pire des dictatures.
Arrêtons de nous enfermer dans les idéologies qui ne sont que des sources d’échecs dûment constatés. Notre devoir est de repenser notre Monde sur des faits concrets.Re prenons les faits à partir des nécessités de la famille, de l’entreprise, de l’Etat, pour construire un système qui soit viable pour tous. Cela implique de remettre à plat toutes les dépenses des 3 entités dans le cadre de ressources limitées, mais avec des portes d’optimisation…Nous ne pouvons plus continuer sur des mensonges & des fausses valeurs. Il nous faut regarder les réalités en face quelquesoit les catégories & les sujets à traiter. Que nous le décidions ou pas, que nous le voulions ou pas, nous allons devoir reprendre le projet Terrestre de la base & le reconstruire !
les emplois créer de par le monde ? vous parlez de quel pays ? la france ? l’inde ?