Pour le magazine britannique New Scientist, les prix Nobel des sciences ne sont pas assez « genrés » et « racisés »

L’hebdomadaire de gauche Courrier international, qui appartient au groupe Le Monde, reproduit, paraît-il, le « meilleur de la presse étrangère »… surtout quand il s’accorde à ses idées « progressistes ». A preuve la traduction d’un article du magazine britannique New Scientist intitulé « Les prix Nobel ne parviennent toujours pas à célébrer la diversité (sic) des sciences », titre qui donne en français : « Inégalités. En 2024, les trois Nobel scientifiques ont encore échoué à promouvoir la diversité ».

L’article est ainsi présenté et les premières lignes valent le détour : « Où sont les femmes ? Et les chercheuses et chercheurs non blancs ? Cette cuvée 2024 des prix Nobel de médecine, physique et chimie continue de forger une image de la science comme domaine réservé aux hommes blancs des pays riches ».

Nous avons l’habitude de substituer certains termes à d’autres pour montrer l’absurdité du wokisme et son caractère scandaleux. Reprenons cette méthode et lisons : « Où sont les hommes ? Et les chercheuses et chercheurs blancs ? Cette cuvée 2024 (…) continue de forger une image de la science comme domaine réservé aux femmes noires des pays pauvres ». On imagine le scandale qu’eussent provoqué pareils mots et les cris d’effraie poussés par les féministes et antiracistes, sans parler de la plainte pénale qui aurait suivi !

L’article du New Scientist constate que seuls 64 des 972 prix Nobel ont été des femmes depuis l’origine, que 5 femmes seulement ont reçu le prix Nobel de physique depuis sa création, qu’aucun Noir n’a jamais reçu de Nobel scientifique et que la moitié des récipiendaires étaient domiciliés en Amérique du Nord. Un autre article, paru en 2020, mentionnait déjà que les femmes avaient compté pour un tout petit 3 % des scientifiques récompensés au XXe siècle, qu’elles étaient victimes d’un « biais de genre », que leurs contributions étaient systématiquement minimisées et qu’il existait peu de femmes au sein des membres des Comités Nobel (Les Echos Start, 12 octobre 2020).

La polémique ne date pas d’aujourd’hui. En 2019, les comités ont été invités à tenir compte du sexe, de l’origine ethnique et de la géographie pour sélectionner les candidats, et la procédure a été modifiée en conséquence. On peut noter qu’en 2020, 4 des 10 prix décernés l’ont été à des femmes et que la moitié des femmes qui ont reçu des prix, essentiellement pour la littérature ou la paix, a été nommée après l’an 2000, alors qu’entre 1948 et 1962 par exemple aucune femme n’avait reçu le moindre prix.

On peut effectivement s’étonner que la plupart des scientifiques nobélisés soient des hommes blancs, si ce n’est que les femmes représentent seulement 10 % des professeurs de sciences naturelles en Europe occidentale et en Amérique du Nord, moins encore en Asie du Sud-Est et ne parlons pas des autres régions du monde, comme le rappelait un article de la BBC (12 octobre 2021). D’aucuns s’étonneront aussi que les laboratoires de recherche, par définition très coûteux, se situent dans les pays les plus riches plutôt que dans les pays qualifiés naguère de pays en voie de développement…

N’en déplaise à nos wokistes patentés, le Secrétaire général de l’académie suédoise des sciences, Göran Hansson, s’exprimait avec force lucidité en 2021, année lors de laquelle un seul prix Nobel avait été décerné à une femme : « Nous avons décidé que nous ne ferions pas de quotas de genre ou d’ethnicité. Nous accordons les prix à ceux que l’on trouve les plus dignes, à ceux qui ont apporté les contributions les plus importantes » (France Inter, 11 octobre 2021).

Eh oui, les prix Nobel ne sont pas destinés à récompenser des femmes ou des hommes, des Noirs ou des Blancs ou encore des transsexuels, mais des scientifiques, des économistes, des écrivains et des porteurs de paix, quels que soient leur âge, leur sexe, leurs origines ethnique et géographique !