Même galvanisés par l’Université d’été des nouveaux économistes qui s’est tenue, comme tous les ans, à Aix, fin août, les libéraux français ne semblaient pas trop croire en une victoire proche du libéralisme en France. Je pense d’abord que l’échec des socialistes n’est qu’une question de temps. On le sait tous, leurs mesures économiques et fiscales ne feront qu’aggraver la crise et avancer la date de la catastrophe. Mais je pense aussi que c’est utopique de croire en l’avènement d’une société libérale parfaite. On n’en connaîtra jamais une même si un homme politique providentiel sera élu en France. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, Reagan est Thatcher ont fait effectivement des réformes libérales mais n’ont pas laissé aux Américains un pays complètement libéralisé. En Amérique, Reagan n’a pas réformé l’éducation, le système de santé ou les transports terrestres et Thatcher n’a même pas osé toucher à la santé britannique complètement étatisée. Pourtant, ils ont laissé leur empreinte libérale.
En France, nous sommes trop obsédés par l’opposition aux étatistes, de gauche et de droite. Pour certains, Sarkozy a été dès le début un ennemi et on n’ose pas trop imaginer un Tony Blair du côté des socialistes. Mais l’avenir me paraît plus optimiste même sans un Thatcher en France. Si l’on regarde un peu dans le passé, ces 10-15 dernières années, nos idées ont gagné en France. Qui aurait pu imaginer fin 1990 que tout le monde – y compris les socialistes et les medias de gauche – allait parler ouvertement de la baisse de la dette et du déficit publics, de la réforme de l’Etat et la baisse du nombre de fonctionnaires, de l’inévitable réforme des retraites, des privatisations et de l’ouverture à la concurrence ? A l’époque je travaillais à l’iFRAP et je me souviens qu’on était très contents lorsque nos papiers étaient repris par Le Figaro Magazine. Aujourd’hui, on peut ouvrir n’importe quel journal et l’on risque de tomber sur un article d’un chercheur de l’iFRAP ou de l’IREF… En réalité, pratiquement tout le monde s’est emparé de nos idées sans pour autant parler du libéralisme. Tout simplement parce qu’il s’agit des idées du bon sens et les seules qui peuvent sortir le pays du marasme économique. Il n’y a donc aucune raison de désespérer. Car nous avons bien gagné une bataille mais pas encore la guerre.