Dans un petit livre (90 pages), publié chez Boleine en octobre 2024, dont l’écriture enchante, Jean-Baptiste Noé nous conte toutes les vertus des humanités. Autrefois la classe de seconde était celle des humanités, l’accès au lycée se pratiquait dans la découverte de nos héritages culturels, parce qu’il était convenu, à raison, qu’il fallait s’ouvrir à l’enseignement de ceux qui nous ont précédés avant que de s’engager dans une quelconque spécialité. « Les humanités sont fondamentales : elles permettent de voir, de lire, de comprendre ». Elles éveillent à tout. Non pas qu’il faille s’y atteler par utilitarisme, « mais pour engendrer une croissance de son être ».
Désormais les sciences s’imposent et moquent les humanités qui ne seraient qu’un plaisir de l’esprit. Elles sont pourtant peut-être plus qu’un plaisir, un bonheur à partager avec les dieux. Elles permettent d’apprendre à gouter la vie au-delà de ses nécessités. Mais elles exercent aussi la raison, sans laquelle il n’y aurait pas de sciences, dans « une démarche de l’esprit reposant sur le logos ». Les humanités sont ainsi le lieu de la poésie mais aussi l’initiation de tout travail créateur auquel l’Homme serait destiné par son essence.
« Les humanités jouent encore un rôle crucial dans la construction et le maintien de la cité […] Elles donnent une densité et une tonalité indispensables à la vie en société ». Elles favorisent le partage de l’amitié ou pour le moins celui de la vie commune. Car elles forgent les identités qui permettent à toute communauté d’entretenir des relations sociales suffisamment paisibles. « La réduction des humanités induit à une réduction de l’être qui est aussi réduction des échanges et des interactions ». À ce titre les humanités sont, selon le philosophe italien Enzo Di Nuscio, « les gènes invisibles de la démocratie » parce qu’elles animent le théâtre du débat des idées et permettent de comprendre la comédie humaine dans sa recherche de la vérité.
La culture est une leçon de liberté et de responsabilité dans l’apprentissage du Beau et du Bien. « La finalité des humanités est de faire de nous des êtres créateurs, pièce maitresse de la cité, ouverte vers l’infini ».